introduction

Arts industriels, industries d’art ou industrie dans l’art

C’est dans le sillage d’un débat intense autour de la question du rapport de l’art à l’industrie au XIXème siècle, que le design est né. Depuis, le design s’est affirmé comme une discipline artistique à part entière, l’art comme un espace d’expérimentation autonome et lindustrie est devenue le champs d’application privilégié de la science. Les artistes, comme les designers, n’ont eu de cesse de négocier leur rapport aux nouvelles techniques, aux nouveaux outils, aux nouveaux objets. C’est une évidence pour le design mais ça l’est aussi pour les arts plastiques.

Au cours du XXème siècle les arts plastiques ont été traversés par tous les procédés de fabrication, de l’industrie manufacturière à l’industrie numérique. Cet espace d’expérimentation s’est ouvert à toutes les techniques, à tous types de matériaux.

De nouveaux liens se sont tissés entre le processus de création de l’artiste et l’outil technique nécessaire à la production de l’oeuvre. Malgré tous ces bouleversements, la singularité du travail artistique, bien souvent situé au croisement de la forme et de la technique, a été maintenue, voire enrichie. Cette nouvelle approche du travail n’a pas remis en cause le caractère unique de l’oeuvre, bien au contraire elle l’a renforcé. Beaucoup d’artistes se sont affranchis du geste artisanal et ont intégré, comme les architectes ou les designers, la notion de projet difficilement séparable de la pensée industrielle.

Cette appropriation par les artistes des techniques et technologies émergentes de leur époque s’est aussi accompagnée d’un regard critique sur les formes produites par l’industrie. Une interrogation sur les modèles économiques et politiques qui utilisent l’outil industriel en imposant une certaine vision du travail. En imposant
des modèles sociaux, en diffusant un certain regard sur les relations de l’homme avec la machine, la production artistique a ainsi échappé à ces contraintes mêmes si bien évidemment l’ère moderne l’a exposée à d’autres systèmes tout aussi contraignants et puissants venus notamment du marché de l’art ou de l’industrie culturelle.

L’industrie dans l’art a provoqué de profondes mutations. Ces changements ont eu un impact important sur la définition même de ce qu’est une oeuvre d’art dans notre culture même si il est frappant de remarquer que le rapport de la forme aux techniques issues de l’industrie reste dans l’art un impensé. Un impensé otage de l’opposition factice voire doctrinaire entre culture et technique, entre technophobie et technophilie. Cet impensé reste à explorer, à formuler, à structurer pour le bénéfice de l’art bien-sûr mais aussi pour le design, pour la création industrielle.

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