Thème de la recherche : formes d’usage
Oeuvre utilisable, manipulable, oeuvre participative ou consultable, relationnelle ou « on demand » beaucoup d’expressions qui montrent que l’art n’est pas indifférent à la question de l’usage.
Le fameux « ne pas toucher » placé à côté des oeuvres dans les musées a été à plusieurs reprises bousculé par les artistes modernes dans le cadre du processus de désacralisation de l’oeuvre d’art au XXème siècle.
Inaugurée par Duchamp et ses ready-made cette question est réapparue dans les années 60 avec notamment le groupe Fluxus et puis dans les années 90 avec l’esthétique relationnelle théorisée par Nicolas Bourriaud.
Ainsi, la question de l’usage dans l’art contemporain et son rapport à la forme est un sujet à rebondissement. Cette question est bien souvent indissociable de l’évolution et de la progression de l’industrie que les travaux des artistes interrogent.
Dans les années 1900 Duchamp questionnait le rapport forme/fonction en jouant de la décontextualisation, aujourd’hui Nicolas Bourriaud écrit à propos du travail Cosmos de Boris Achour « l’artiste s’approprie les produits et objets de la vie quotidienne pour les faire fonctionner autrement, imaginant des liens comme un websurfer ou un Dj qui inventerait des itinéraires à l’intérieur d’un réseau d’objets réalisés par d’autres. »
Cette appropriation par les artistes de la question de l’usage prise à la fois comme action et comme règles usuelles fait bien évidemment écho
au design. Et le design est bien évidemment aussi travailler par ces bouleversements industriels. Une industrie qui est passé de la manufacture qui produisait des objets où la forme et la fonction étaient très étroitement liées, à une industrie qui aujourd’hui met en scène notre rapport à l’usage à travers des objets produits porteurs d’histoire, des objets qui ne sont plus que des lieux de transit.
A partir de points de vue totalement différents, voir opposés, artistes et designers se retrouvent ainsi à travailler à une nouvelle articulation du rapport
de la forme produite avec la société, une nouvelle façon de remettre en lien ces formes avec leur contexte d’apparition.
Lors de ce semestre nous travaillerons ainsi à la création de propositions artistiques : installations, performances, vidéo,… qui réinventent
le rapport de la forme à la fonction par la création d’objets porteur d’usages qui renvoient à une fiction, création d’actions
qui génèrent de la forme, création de situations qui inventent des comportements ou attitudes,… nous questionnerons ainsi à la fois le design ses liens avec le contexte d’utilisation, la société et l’oeuvre d’art comme objet autonome, forme à contempler hors du monde.