nAutreville | Synthèse personnelle de la phase d’observation

Après la série d’observations que nous avons pu effectuer du dispositif nAutreville, voici ce qu’il en ressort pour moi.

L’influence du lieu sur la possibilité du test du dispositif, ou comment le contexte peut biaiser l’observation

Ce qui a été frappant, c’est que le choix du contexte de l’implantation du panneau a été, pour plusieurs raisons, à l’encontre de son utilisation. Comme si on voulait tester un k-way dans un endroit ou il ne pleut jamais. Si ce lieu, le kiosque au milieu du Square du Temple dans le 3ème arrondissement a été choisi pour permettre au panneau de rester à l’abri, pour le protéger de la pluie, cela a induit:

  • qu’au lieu d’être placé dans un lieu par lequel on passe par hasard, le panneau s’est ainsi retrouvé sur une sorte d’estrade intimidante, où l’on doit aller de manière volontaire. Pourquoi pas, si l’on sait ce qu’on va y trouver, mais ce n’est pas le cas avec cet objet nouveau dans le paysage du parc;
  • une perturbation des codes avec la proximité du parc à jeux: le kiosque étant habituellement un lieu annexé par les enfants, l’utilisation principale et spontannée du panneau était donc déviée, détournée (comme un jeu pour enfants, un tourniquet);
  • une hostilité prévisible des usagers du parc qui avaient, d’une part un autre usage de ce lieu et se sont donc sentis « envahis », et de surcroît parce que les jardins publics sont habituellement exempts d’information textuelle urbaine, comme une respiration dans la ville.

L’importance de la communication, de la lisibilité de l’objet.

Tout en supposant une volonté compréhensible de fondre le panneau dans le paysage urbain, il a été clair qu’il n’a pas été remarqué par les usagers du parc comme un outil qui leur était destiné. Il ne s’agit pas forcément de présenter un mode d’emploi, qui en ferait un objet technique. Mais il faut alors que la puissance communicante de l’objet soit à la hauteur de la volonté d’en faire un objet intuitif! Ici, pas de communication attractive qui guide vers le panneau (les affiches étaient discrètes et difficilement associable à nAutreville, et la seule phrase d’accroche discrète, était une mise en garde : « tournez-moi doucement, je suis fragile »), ni de lisbilité directe de l’offre et des fonctionnalités de l’objet, par sa forme/sa couleur/… et encore une fois, sa localisation.

Ce qui est donc dommage, c’est que ces deux paramètres ont rendu quasi impossible l’observation d’une utilisation réelle et spontanée de l’objet, de son interface, de sa compréhension. Il a fallu forcer la rencontre entre l’objet et des utilisateurs potentiels, qui n’étaient généralement pas neutres.

Point de vue expert VS regard novice

En interrogeant d’un côté des usagers du parc en général, d’autres à proximité du panneau, ou au travers d’utilisation par des personnes que nous avions invité, il a été clair qu’il y avait différence flagrante de points de vue entre « l’initié » (qui connaît le panneau comme il l’est présenté le site de nAutreville, dans son fonctionnement optimal, comme les commentaires d’une personne interrogée sur le vif, qui connaissait le panneau depuis longtemps et qui travaille dans le domaine des panneaux interactifs, et donc soutenait e génie du panneau sans regard critique), et celui « extérieur » (fruit d’une rencontre fortuite avec le panneau). Que ce soit pour sa compréhension globale (à quoi il sert?) ou spécifique (comment on s’en sert? l’orientation sur la carte en relation avec l’orientation du panneau, l’utilisation des filtres thématiques, la compréhension des pictogrammes).

Une ambition enthousiasmante

Malgré tout, lorsque les fonctionnalités de l’interface du panneau, son côté ludique (par le jeu de transparence, l’orientation des informations par rapport à l’angle de vue…) et potentiellement participatif étaient expliqués au personnes interrogées, qui étaient passées pas loin du panneau mais ne s’en étaient pas approchées, rare ont été celles qui n’étaient pas charmées par l’idée.

Dans le cadre de ce test, dans ce lieu géographique spécifique, il y a donc eu un majeur problème de faire le lien, de l’objet vers ses potentiels utilisateurs.

Compte-Rendu de Coline Fontaine (PDF version du mercredi 16 mai)

Ce contenu a été publié dans 02_TRAVAIL EN CLASSE, nAutreville (75003) par Coline Fontaine. Mettez-le en favori avec son permalien.

A propos Coline Fontaine

21 ans, étudiante en Création Industrielle à l'ENSCI-Les Ateliers. J'y passe ma première année, après un BTS Design Produits et une année d'études du design à Copenhague. En dehors d'une envie de découvrir l'anthropologie pour approcher les objets mis en situation du point de vue de leurs usages réels, j'ai voulu suivre ce cours pour mon intérêt pour la/les ville(s), l'espace urbain, et le mobilier qu'on y trouve : Comment vit-on entourés d'un ensemble d'objets qu'on n'a pas choisi ? Que disent-ils sur la ville?

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