nAutreville | Synthèse personnelle de la phase d’observation

L’expérience de la rue

nAutreville est un dispositif proposant aux promeneurs une double orientation dans les quartiers de Paris.

Le dispositif souhaite répondre à deux comportements distincts observables chez le marcheur: s’orienter et flâner. Son interface donne à lire des informations institutionnelles, un index des rues dans un périmètre réduit et un répertoire des associations et des activités locales.

Nous débutons l’étude du projet avant son installation dans le kiosque du Square du Temple, face à la mairie du 3e arrondissement.

Tout en comprenant les difficultés de la mise en test d’un prototype, fragile et nécessitant une implantation protégée,  nous doutons dès-lors de la pertinence du choix du parc et pensons qu’une installation dans un endroit fonctionnant déjà comme un lieu d’information aurait été plus justifiée.(place de la mairie par exemple).

Nous notons que le lieu confiné est très déjà très investis par les habitants du quartier; et leurs pratiques en définissent déjà l’usage (pique-nique, jeux, détente….)

Nous amorçons alors l’enquête avec des questions à résoudre.

  • Quel public va-t-il toucher ?
  • Modifiera-t-il les usages du lieu ?…

Un faible impact

Dès son installation nAutreville laisse les usagers du parc relativement indifférents.

L’objet porte les signes d’un objet institutionnel : Sa couleur éteinte et sa forme reprenant les codes de l’affichage public et peut être vécue comme une certaine intrusion dans un espace « hors » de la ville. Froid et massif, le design est de premier abord en contradiction avec le message de proximité qu’il souhaite porter.

Aussi, la faible luminosité de l’écran et les reflets de la lumière sur le verre donnent l’impression d’un objet continuellement éteint.

Cela pose la problématique de sa lisibilité de près et de son signalement de loin. Un signalement que nous imaginons encore plus faible lors d’une potentielle implantation dans les rues.

Observation des usages

Après une semaine d’installation, le bilan est sans appel. Les usagers principaux du dispositifs sont les enfants, qui l’utilisent comme un jeu. Ils ont rapidement compris sa mobilité, « sa tactilité » et  sa transparence (fictivement retranscrite par les caméras). Leur approche se limite à la reconnaissance des lettres et des zones tactiles. Seuls des usages dérivés de nature ludique sont alors observable.

Pour pouvoir observer l’usage de l’interface et l’interaction attendue avec le panneau nous décidons de provoquer une série de rencontres avec des utilisateurs choisis. À la différence des enfants, ils ne remarquent pas tout de suite la capacité de tourner le panneau et cherchent avant tout à explorer les contenus à travers les filtres proposés par l’interface. L’intérêt le plus relevé reste la transparence du dispositif qui permet de montrer ce qu’il se passe autour en proposant des informations géolocalisées.

Nos utilisateurs-test tentent enfin de comprendre l’utilisation de la vue « carte », ponctuée d’icônes relatives à chaque catégorie de lieux à découvrir. C’est cette vue qui est sans doute la plus compliquée. Habitués aux écrans multi-touch, les usagers s’attendent à pouvoir zoomer ou déplacer les éléments (impossible) D’autre part, ils sont extrêmement désorientés par la zone de captation retranscrite sur la carte par un cône lumineux.
De plus, on retient que certains pictogrammes sont peu compréhensible, notamment l’icône « vie pratique », représentée par un oeil.

Un bilan très modeste

  • Le faible impact visuel et l’austérité du dispositif ont conduit l’objet à être dénigré des usagers du parc. Seuls des usages détournés, spécifiques à son lieu d’implantation ont pus être observés.
  • La complexité de l’interface et des éléments graphiques nuisent à la compréhension du fonctionnement et désorientent les utilisateurs.
  • Le contenu éditorial ne semble pas assez détaillé pour les personnes connaissant le quartier et pas assez riche pour les autres.
  • Enfin nous remarquons que la forme « institutionnelle » du panneau contredit son message de proximité.
  • nAutreville est un dispositif éditorial qui met en relation une ville avec ses usages… Nous nous étonnons alors qu’il soit totalement hermétique à la parole spontanés de ses utilisateurs.

Compte-Rendu d’Hugo Kreit (PDF version du mercredi 16 mai)

Ce contenu a été publié dans 02_TRAVAIL EN CLASSE, nAutreville (75003) par Hugo Kreit. Mettez-le en favori avec son permalien.

A propos Hugo Kreit

21 ans, étudiant en Création Industrielle à l'ENSCI-Les Ateliers depuis septembre 2010 avec un Bac STI Arts Appliqués. Ici, je développe un intérêt profond à apprendre la création d'objets, de formes et d'installations à travers l'étude de la matière, des usages, et des procédés manufacturiers. Cette école particulière permet également de développer des projets en collaboration directe avec des partenaires industriels, des artisans ou artistes et récemment des sociologues. Considérant le long processus de création fondamental à l'élaboration d'un projet, je rejoins le cours "Anthropologie et design" début 2012 afin de développer un regard plus pointu sur l'étude des usagers et comprendre des notions comme l'affordance ou l'acceptation d'un objet au travers d'enquêtes de terrain.

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