Cette étude s’inscrit dans le cadre du projet Émergences 2010-2012 «La ville laboratoire d’innovation sociale».

Ville informationnelle et mobilier intelligent

Le défi d’un « design des situations ». Les enjeux des panneaux d’information urbaine. Le cas du projet nAutreville . 

Ce projet a pour objectif d’observer la mise en place, l’évolution et les usages de nAutreville : un panneau d’information tactile produit au sein de l’ENSCI  à la suite d’un projet de Maria Laura Mendez Martén, Sandrine Hebert et Aude Richard à l’Atelier de Design Numérique dirigé par Jean‐Louis Fréchin (2007) et développé à partir de 2009 par Maria Laura. Il s’agit d’une recherche menée dans une perspective anthropologique articulant réflexion théorique, enquête de terrain et analyse de projets de design urbain. Cette enquête est ancrée dans des études d’anthropologie de l’écriture. Par cette recherche questionnons la figure du designer, son rôle dans la création d’objets de mobilier urbain innovant et par l’étude de ces objets nous interrogeons la gestion des écritures urbaines. Nous faisons de « nAutreville»,  notre terrain. L’apparition de « nAutreville » se situe dans un contexte marqué par la montée en puissance du discours de promotion de ce que l’on appelle aujourd’hui la « ville 2.0 » et par l’émergence de nouvelles interfaces tactiles comme le projet « City Wall »  expérimenté à Helsinki en 2007 et le « Mur communicant »  expérimenté à Marseille et Aix-en-Provence en 2011.

nAutreville, pose la problématique du rôle du designer dans la création de mobilier urbain innovant ainsi que celle du rôle de ces objets dans l’amélioration des usages de la ville.  Par cette enquête nous nous proposons de penser un «design des situations», par lequel le designer pense la forme d’un objet non seulement par rapport à sa fonction, mais par rapport aux pratiques sociales qui s’installent autour de cet objet. Nous nous intéressons à comment le processus de création se négocie avec l’industrie et à la façon dont les objets prototypés sont reçus dans la ville. Nous procèderons à l’étude du projet en retraçant sa généalogie et nous observerons ensuite le prototype en fonction. Il s’agira de suivre la phase de conception de cet objet auprès des designers et des porteurs de projets et d’être attentif à son évolution. Notre méthode consiste à étudier les documents produits au fur et à mesure que l’objet prend forme, recueillir la parole des designers, assister aux réunions de travail, interviewer toute une série d’acteurs impliqués dans le projet à différents niveaux.

Une enquête collective, s’inscrivant au sein des enseignements de l’école, sera mise en place. Nous confronterons naUtreville à d’autres objets produits en réponse à  l’appel de la Mairie de Paris “mobilier urbain intelligent”. Bornes interactives, panneaux d’information, abri-voyageurs, tous ces objets sont censés être innovants et avoir pour vocation l’amélioration de l’usage de la ville. Dans une perspective plus large, il s’agit de mettre à jour les discours de l’utopie d’une « ville connectée », avec la réalité du terrain, tout en faisant ressortir les enjeux politiques de ce nouveau support d ‘écriture. Il s’agit en effet d’un produit éditorial qui porte en soi la question de la gestion des écrits et de l’animation politique de la rue.

Une telle recherche suppose une articulation entre sciences sociales et design, et s’appuie sur des acquis méthodologiques et théoriques issus d’enquêtes précédentes sur les écritures urbaines et d’ethnographie des pratiques artistiques (Cozzolino F. « Les peintures murales d’Orgosolo en Sardaigne. Une étude anthropologique », 2010) ainsi que sur des programmes de recherches développés par l’équipe « Anthropologie de l’écriture» de l’EHESS (« Ecologie et Politiques de l’écrit », Projet de recherche ANR 2006-2008, «Les écritures à venir de Paris 2030 » , Projet de recherche « Paris 2030 » 2009‐2011).

Contacts : francesca.cozzolino@ensci.com,  sophie.pene@ensci.com