Numérique et Territoire : la Région Auvergne

Dans un article paru dans l’Usine Nouvelle, Geneviève Colonna d’Istria parle d’ « éruption numérique » en Auvergne. « L’e-réputation de l’Auvergne n’est plus à faire. Ce territoire rural a compris que son salut passerait par les nouvelles technologies. »

La preuve est la suivante : « aujourd’hui, en Auvergne, le numérique pèse 330 millions d’euros de chiffre d’affaire et recense plus de 900 entreprises et sociétés individuelles, soit quelque 7500 emplois. L’Auvergne est la première région de France couverte à 100 % par le haut débit et à l’avant-garde concernant le très haut débit. Dotée d’un centre de réalité virtuelle (CRV) à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), le seul de tout le grand centre de la France, et d’un pôle image au Puy-en-Velay (Haute-Loire), la région est aussi la seule hors Ile-de-France, à accueillir les plus grandes SSII nationales et internationales comme Cap Gemini, Accenture, IBM, Atos Origin … Parallèlement, une kyrielle de start-up innovantes a fleuri au pied des volcans, dans un contexte porteur pour les chercheurs comme pour les petits patrons audacieux. Depuis 2008, les entreprises de nouvelles technologies se sont même fédérées au sein du cluster Auvergne TIC, destiné à regrouper les forces en présence et à les promouvoir. » LA FRANCE DU NUMÉRIQUE, L’usine Nouvelle N°3306 (du 08 au 14 Novembre 2012)

Comment l’Auvergne a t’elle pu obtenir de si bons résultats ?

La région a pris un réel engagement et a ainsi concentré tous ces efforts au développement de la filière numérique. Cela est passé par des opérations de communication,  des subventions aux entreprises, l’investissement dans des infrastructures permettant d’accueillir ces entreprises … et le pari s’est avéré payant si l’on en croit les chiffres cités ci-dessus.

On peut aujourd’hui trouver sur le sol auvergnat des entreprises telles que Jeuxvideo.com, un site 100 % dédié aux jeux vidéo. C’est le plus important en Europe et en terme de fréquentation, il arrive juste derrière lespagesjaunes.fr ou encore lemonde.fr. « Il compte aujourd’hui une quarantaine de salariés et a réalisé 6,8 millions d’euros de chiffre d’affaire en 2011. », selon le magazine l’Usine Nouvelle N°3306. Un bel exemple de réussite mais ce dernier est loin d’être un cas isolé. En effet, on peut également trouver le leader du référencement, Brioude Internet, en Auvergne. Sur un tout autre marché cette fois, Brioude Internet a pour but d’augmenter la visibilité de clients prestigieux tels que Lastminute.com ou encore Euromaster sur les moteurs de recherche (Google, Yahoo,  Bing …).

On l’aura compris l’Auvergne a su devenir une terre fertile pour les TIC. Aujourd’hui encore la région réussie à se promouvoir de manière innovante, et pour cela, elle dispose de nombreux arguments.

Le premier est la création d’Auvergne, Nouveau Monde et du Popupstore qui en a découlé la semaine passée à Paris. En effet, il s’agissait de créer l’événement et de communiquer autour de la région à La Bellevilloise, un lieu plutôt connu pour ses concerts que pour des salons plus traditionnels.

http://www.auvergne-nouveau-monde.fr/

http://www.auvergne-popupstore.com/

Le second est un manifeste appelé New Deal en Auvergne. 1 Emploi + 1 logement offert = une Nouvelle Vie ! Voilà ce que propose le New Deal, et qui consiste plus précisément à proposer un travail et une participation au coût du logement pendant la période d’essai des personnes qui seraient susceptibles de vouloir venir travailler sur ce territoire. La promotion du New Deal passe par le site internet ci-dessous comprenant des interviews et une liste d’offres d’emplois répertoriés spécialement. C’est un moyen plutôt inattendu d’attirer une main d’œuvre sur un territoire donné ; et il est encore trop tôt pour savoir si oui ou non, cette méthode a été efficace.

http://www.newdeal-en-auvergne.fr/#/home

Le dernier levier auvergnat est le cluster Auvergne TIC, un regroupement de tous les acteurs du numérique, comprenant aussi bien les centres de recherche, les universités ou encore les entreprises de ce secteur d’activité.

http://www.auvergnetic.com/

http://player.vimeo.com/video/37508772?autoplay=1

La région Auvergne fait donc aujourd’hui figure de référence dans le domaine des TIC. Elle a sut comprendre les nombreux intérêts du numérique pour revaloriser son territoire.

Du livre à l’e-book chez les 3-12 ans

En Europe, 21% des 4/5 ans peuvent se servir d’un smartphone, 30% d’une tablette. Dans ce paysage numérique, on s’inquiète pour le livre papier. Même l’édition a récemment opté pour l’e-book que l’on retrouvera sous deux formes : le livre numérisé du papier et l’oeuvre nativement numérique. De la page à l’écran, quels impacts sur la production, la diffusion et l’appropriation des contenus ? J’interroge auteurs, illustrateurs, éditeurs et diffuseurs à ce sujet pour brosser un panorama des usages de l’ebook et des transformations qu’il induit.

Un Monde Sans Humain ?

Le scénario du futur est à présent tout tracé. La théorie de perfectibilité de l’Homme est obsolète, maintenant l’Homme atteindra le Paradis sur Terre grâce à la technique. Nous aurons les moyens de transformer radicalement notre corps, grâce à des milliards de nanorobots qui circuleront dans notre sang, dans nos organes, dans notre cerveau. Ces nanorobots détruiront les agents pathogènes, corrigeront les erreurs de notre ADN, élimineront les toxines et effectueront toutes sortes d’autres tâches pour améliorer notre bien-être physique. Ils interagiront avec nos neurones biologiques, avant de pouvoir les remplacer et de générer des organismes plus durables, plus performants et à peu près inusables. Se dessinera la version dite 2.0 du corps humain. Nous serons alors connecter avec tout notre environnement par le biais de puces électroniques dans notre cerveau, si je manque de vitamine mon frigo le saura et me préparera un jus d’orange. Et si un jour nous avons vraiment un problème avec notre corps et bien on downloadera  notre conscience dans une nouvelle puce et un nouveau corps. Ou encore plus de corps, notre esprits se baladera tout tranquillement sur Google. Facebook deviendra notre nouvelle identité, comme ça on ne se sentira plus jamais seul. Ca sera génial. Tous les Hommes enfin sur « la même longueur d’onde » ! Si on peut encore désigner cela comme des Hommes… Parlerons-nous un jour des Hommes comme d’une espèce disparue ? Nous prépare-t-on un changement extraordinaire de nos corps et de nos vies ? C’est ce que nous promettent par exemple les Transhumanistes.

Ici j’ai pousser leur scenario un peu loin, parce que ça m’amuse. Mais je rie jaune. Après avoir vu le documentaire Un Monde sans Humains ? je n’avais qu’une envie c’était de penser à autre chose. Je me sentais à la fois amusé, dérangé et perdu.

– Amuser par ces techno-scientifiques et leurs utopies (ou contre-utopie) très proche de la science fiction. Ces scientifiques fou à la recherche de l’immortalité qui se regroupe pour former leur nouvelle « religion ».

– Dérangé par ce genre de phrases : « les Humains sont des sortes d’ordinateurs à base de protéines, .. etc »  » ce sont des ordinateurs GRATUITS et vivants QUI EN PLUS PEUVENT SE REPRODUIRE… » Phrases qui sortent de la bouche de grands experts sur lesquels on se repose. Dérangé de voir des hommes se prendre pour des Dieux. Dérangé par tous les enjeux politiques, financiers et économiques qu’il y a derrière. Dérangé que l’on donne de la légitimité à ces projets par la pression de la compétition économique international. Ce reportage a réveillé le révolutionnaire qui est en moi, mais il est vite repartit. Étonnamment, même après avoir vu ce documentaire avec ses mises en garde et sa musique catastrophe, je ne prends pas ces prédictions au sérieux. Je serai peut être surpris.

– Perdu car au premier abord le film ne me semblait pas très structuré. Difficile de faire des liens entres toutes les informations qu’il donne. Mais après réflexion j’ai pu découper le documentaire en quatre grandes parties qui me semblent logiques.

  1. Philippe Borrel commence par nous montrer que le numérique et les nouvelles technologies font déjà partie de notre quotidien. Celles-ci transforment notre réalité et évoluent sans cesse. L’Homme doit penser ce Monde émergent.
  2. Ensuite, il nous présente les recherches et innovations technologiques d’aujourd’hui, avec notamment les NBIC qui désignent un champ scientifique multidisciplinaire qui se situe au carrefour des nanotechnologies (N), des biotechnologies (B), de l’intelligence artificielle (I) et des sciences cognitives (C) soit l’infiniment petit (N), la fabrication du vivant (B), les machines pensantes (I) et l’étude du cerveau humain (C).
  3. Ainsi les scénarios de science-fiction ne paraissent plus si éloignés que cela. Il nous fait alors découvrir le Transumanisme et son Université de la singularité avec sa recherche du post-humain, humain amélioré pour vivre une vie parfaite.
  4. Pour finir il nous met en garde contre l’avenir dépeint par ces experts où l’humain ne serais plus vraiment humain.

Donc voici  » Un monde sans humains ?  » Documentaire de Philippe Borrel. D’après une idée originale de Noël Mamère. Produit par Fabienne Servan-Schreiber et Estelle Mauriac. Musique originale de Piers Faccini, diffusé sur Arte le 23 octobre 2012 et rediffusé jeudi dernier. Je vous invite à le voir car il traite plus ou moins des thématiques que nous avons choisit la semaine dernière.

 http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=L8xP6OJVRvY#!

Présentation du documentaire par Arte :

« Depuis une quinzaine d’années, l’accélération du progrès technique a permis de réaliser des prouesses impensables. Refaire marcher des personnes amputées grâce à une prothèse bionique ou passer un entretien professionnel face à un robot ne relève plus de la science fiction. La technologie est partout. Elle régit nos rapports sociaux et va s’immiscer jusque dans nos corps. Mais jusqu’où laisserons-nous encore aller nos machines ? C’est cette question récurrente, à l’origine de nombreuses œuvres utopiques, que pose ici Philippe Borrel. »

Pour approfondir un peu plus le transhumanisme et sa figure de proue Ray Kurzweillce voici un autre reportage de Arte :

http://nemesistv.info/video/A7888OU1MK8N/le-transhumanisme-comment-l-intelligence-artificielle-va-prendre-le-pouvoir

Présentation du documentaire par Arte:

« Tracks visite le chantier de l’homme de demain en sillonnant la côte Ouest ou la Silicon Valley. Après un portrait du prophète Kurzweil, rencontre avec son apôtre Aubrey de Grey, informaticien et biologiste qui travaille à inverser les processus du vieillissement ; avec les biohackers qui bricolent nos ADN en marge des labos officiels ; et avec les jeunes chercheurs de la Mars Society, venus du monde entier sous l’égide de la NASA préparer la colonisation de la planète rouge dans le désert de l’Utah. »

Et Juste pour le plaisir, je vous propose True Skin, un court-métrage de science-fiction qui se déroule dans un futur proche où les modifications bioniques sont la norme. Cela reprend un peu les scénarios abordés dans le reportage « un monde sans humains ? ».

http://www.youtube.com/watch?v=efv4ctuT3FA&feature=player_embedded

Utiliser le numérique pour transformer les voix

 

Ayant récemment eu une conversation avec une personne doublant des personnages dans les films et les jeux vidéos, j’ai voulu me pencher sur les problèmes posés par l’évolution de la voix des doubleurs (chose auquel nous ne faisons pas attention mais qui nous gène pourtant en cas disfonctionnement) et les réponses qu’y apportait le numérique.

Le volume de texte d’un gros jeu vidéo représente 20 fois celui d’un long métrage (différents scénarios en fonction des chois du joueur…). De plus, pour éviter le piratage, les concepteurs doivent traduire les dialogues des jeux en 14 langues ce qui représente un travail de localisation énorme (traduction, doublage). Le volume de texte total d’un jeu vidéo équivaudrait donc à 280 fois celui d’un long métrage.

Les problématiques de transformation de voix font parties des problèmes majeurs dans la conception de jeux vidéo. Pourquoi transformer une voix est t’il intéressant dans la conception de jeux vidéo ? Comment le numérique peut-il permettre cette transformation ?

 

Quelles sont les problématiques liées à la transformation des voix ? (pourquoi ?)

  • Rajeunir une voix : les jeux à succès font fréquemment l’objet de suites. Par exemple, le jeu hallo est sorti en 2001 et ça suite en 2012. Il faut conserver les mêmes acteurs dans le but d’assurer la cohérence du jeu. Or, sur une période de plusieurs années, la voix se transforme et sur certain personnages, cette modification est problématique (intelligence artificielle, qui par définition ne vieillit pas…).
  • Vieillir la voix : les comédiens de doublage sont des acteurs expérimentés qui peuvent sans difficulté passer d’une voix d’homme/femme mature à une voix de vieillard. En revanche, il est quasi impossible pour eux de vieillir la voix de quelques années seulement.
  • Ré-enregistrer des petits nombres de séquences : en fin de production, il est fréquent d’avoir à enregistrer ou ré-enregistrer quelques séquences. Il est alors nécessaire de faire revenir les comédiens pour quelques phrases, ce qui engendre des coûts et des délais supplémentaires ce qui est parfois impossible. Faire enregistrer les dialogues par un même comédien et appliquer informatiquement la signature sonore des comédiens originaux apporte une solution efficace au problème.
  • Voix multiples : des soldats discutant ensemble dans une salle de garde, par exemple, ne prononcent que quelques répliques chacun, mais doivent pouvoir être clairement distingués les uns des autres. Recourir à plusieurs acteurs, chacun prenant en charge plusieurs voix est très couteux. Cette situation est optimisée en déclinant la voix de tous les soldats par transformation de voix unique.
  • Nécessité de reproduire des voix d’enfants. Faire enregistrer des enfants pose des contraintes et entraine des difficultés particulières : contrainte légale de faire approuver le script du jeu et les dialogues par la DASS, capacité de concentration des enfants limitée, difficulté à mémoriser les dialogues longs ou complexes, à diriger le jeu d’acteur, manque d’expérience, etc. De ce fait, il est fréquent d’avoir recours à des actrices capables d’imiter des voix enfantines, mais celle disposant de cette capacité sont peut nombreuse.

Que faut-il changer pour modifier une voix grâce à des filtres numériques ?(comment ?)

Les voix humaines sont définies par 4 caractéristiques physiques :

  • Hauteur
  • durée – tenue des sons
  • intensité
  • timbre

On peut appliquer sur ces caractéristiques des algorithmes fréquentiels (filtres paramétrables) afin de les transformer. Par exemple, pour transformer une voix de femme en voix d’enfant, il faut en augmenter le débit et la faire monter dans les aiguës.

Quels sont les outils numériques utilisés?

Un outil numérique très utilisé est Antares Vocal Toolkit de la société AVOX composé de deux plugins :

THROAT Physical Modeling Vocal Designer : ce module très innovant s’appuie sur une modélisation de l’appareil vocal humain et permet de traiter la voix en simulant une modification des paramètres physiologique de la gorge et de la cavité buccale (possibilité d’étirer, de raccourcir, d’élargir ou de rétrécir les voies modélisée en 5 points : conduit vocal, cordes vocales, gorge, bouche et lèvres). Ce plugin permet également d’ajouter à fréquence variable des effets vocaux de type bruits de souffle, sons rauques, effets de chuchotement, etc. Le module peut être paramétré pour modifier les caractéristiques vocales d’une voix humaine, ou pour travailler dans des registres inaccessibles à l’anatomie humaine (création de voix synthétique pour personnages robots ou animaux, par exemple).

PUNCH Vocal Impact Enhancer : un processeur qui permet de donner plus « d’impact » et plus de dynamique à une voix, ce qui lui permet de ressortir d’un ensemble de voix, plus dense, plus claire et plus puissante.

 

Exemple de résultats obtenus avec ces logiciels

5 comédiens et 5 comédiennes situés dans différents registres et possédant une excellente diction sont enregistrés. En utilisant les différents plugins Antares et en combinant leurs effets, les voix source peuvent être déclinées en montant dans les aigus, en descendant dans les graves, en ajoutant des variations (souffle, sons rauques, ajout de sifflante), etc.

Cela montre combien de voix peuvent êtres déclinées d’une voix source, sur la base des règles suivantes :

  • Chaque voix doit être suffisamment différente de la précédente pour qu’on ne puisse l’associer au même personnage.
  • La voix issue de la transformation doit conserver un caractère naturel et être clairement intelligible.

 

Sexe

Acteur / trice

Registre

Déclinaisons
bonnes ou limites

Déclinaisons
+ haute

Déclinaison+ basse

Femme

SIMON Emmanuelle

Alto

3

2

1

Femme

DUHAMEL Céline

Mezzo-soprano

5

2

3

Femme

BRAILLON Delphine

Soprano

2

1

1

Femme

MOREAU Adeline

Mezzo-soprano

6

3

3

Femme

GERRITSEN Natacha

Mezzo-soprano

5

2

3

Homme

FISCHER Christian

Baryton

7

3

4

Homme

LEMARIE Sylvain

Basse

3

2

1

Homme

OMNES Hervé

Baryton

7

3

4

Homme

ROULLIER Philippe

Baryton

6

3

3

Homme

BRETONNIERE Marc

Ténor

5

2

3

 

Les cas limites apparaissent assez vite lorsqu’on rehausse le ton en raison d’une accentuation des sifflantes qui devient vite désagréable. Seule une moitié environ des voix déclinées est de qualité suffisante pour pouvoir être utilisée sur des scènes dépourvues de fond sonore.


 

Ces logiciels permettent donc de déformer une voix au point qu’on ne puisse plus reconnaître la voix d’origine, créer des voix artificielles, les rajeunir ou les vieillir… Mais ces outils ont leurs limites et sont actuellement les sujets de recherche de développeurs informatiques qui cherchent à les améliorer. En effet, ce qui caractérise une voix est extrêmement complexe et varié : le phrasé, le timbre, l’accent (déformation des phonèmes), le rythme, la dynamique, le débit, le volume d’air, les bruits de bouche, etc. Les résultats obtenus peuvent souffrir d’un défaut de réalisme. Si la tonalité est à peu près correcte, le rendu manque nettement de naturel, sans qu’il soit précisément possible de savoir à quoi imputer ce défaut de réalisme.

 

 

 

L’Etre Technique

En faisant mes recherches sur la question de notre  fascination pour le numérique et de sa place allant parfois jusqu’à être sacralisée, j’ai fait virtuellement (et par le biais de mon moteur de recherche) la connaissance du philosophe Bernard Stiegler. Sa réflexion est tournée sur les enjeux des mutations actuelles et notamment sur les technologies numériques.

Il est le dirigeant depuis 2006 de l’Institut de recherche et d’innovation (IRI) crée par le centre Georges-Pompidou. Il est également le président du groupe de réflexion philosophique Ars Industrialis (« Association internationale pour une politique industrielle des technologies de l’esprit »).

J’ai trouvé cet article; une interview de Bernard Stiegler pour le magazine en ligne Basta!  ou  le philosophe évoque un certain état d’urgence à changer de modèle: « passer d’une société de consommation à une économie de la contribution, qui aurait pour pilier la révolution numérique ».

J’ai donc décidé que cet article serait mon point de départ dans ma quête à essayer de comprendre en quoi le numérique se rattache t-il à l’homme et à la technique, quels enjeux est-il capable de desservir? Est-il capable d’inventer une nouvelle société industrielle qui serait au service de l’homme?

Le numérique est-il idéalisé ? Sacré?

Voici mes questionnements…

Et ma première rencontre avec Bernard Stiegler.

 

Sources:

http://www.bastamag.net/article2202.html

http://www.arsindustrialis.org/

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Stiegler

 


Bâtir, c’est actualiser du virtuel

INTRODUCTION LEXICALE

Cette courte introduction tente de préciser la définition de termes que nous employons quotidiennement et dont le sens reste souvent confus. Pour ce faire, je m’appuie sur le papier de Marion Roussel, doctorante en architecture au GERPHAU, intitulé « Actuel / virtuel, introduction à une problématique architecturale » disponible sur le site DNArchi.fr « http://dnarchi.fr/culture/actuelvirtuel-introduction-une-problematique-architecturale/

Partons d’un premier lieu commun, celui de la synonymie entre « virtuel », « numérique » et « internet ». Il est important de savoir que le virtuel n’est pas intrinsèquement lié au numérique. Pierre Lévy explique « L’arbre est virtuellement présent dans la graine. » Dans ce cas, le virtuel est bien réel cependant il n’est pas actuel, il est une puissance en devenir. Aussi, Marion Roussel déplace-t-elle l’opposition virtuel/réel à celle du virtuel et de l’actuel. G. Deleuze partage cet avis et ajoute « le virtuel doit être défini comme une stricte partie de l’objet réel ».

VIRTUEL/ACTUEL ET ARCHITECTURES

Rattachons cette introduction aux architectures virtuelles ou cyberarchitectures initiées dans les années 90 par Marcos Novak. Pour cet architecte, le cyberespace est le moyen de construire en s’affranchissant des contraintes physiques. L’architecture virtuelle est une stricte partie du programme informatique bien réel. Et tout comme on ne voit pas l’arbre dans la graine observée, on ne voit pas l’architecture mais son image quand on regarde l’écran de l’ordinateur. Et puis la graine devient arbre et, l’architecture virtuelle tend à s’actualiser dans le monde matériel. C’est ce que M.Novak appelle l’éversion. « L’éversion (…) est le retournement de la virtualité de telle sorte qu’elle n’est désormais plus contenue dans les technologies qui la supporte mais est renversée dans notre milieu et projetée sur nos architectures et nos villes » Marcos Novak, « Transarchitectures and hypersurfaces, operations of transmodernity », AD, 1998, p.86transarchitecture

Dans un environnement eversé, les technologies sont utilisées non plus comme simples outils de représentations mais comme outils de création. F.Gehry par exemple utilise le logiciel Catia Digital project développé par F.Gehry Technologies pour résoudre la complexité des structures et permettre l’élaboration d’un répertoire formel inédit.           Plus récemment, La Non Linear Solutions Unit a mis au point des modèles numériques d »innovation combinatoire » pour « formaliser une réponse à un problème et optimiser les performances » explique Caterina Tiazzoldi, directrice du laboratoire NSU de l’université de Columbia.

CONCLUSION

L’architecture réagit aux changements techniques qui surviennent. La virtualisation permise auparavant par l’imagination est aujourd’hui augmentée par les technologies numériques qui bouleversent profondément les modèles de conception et conduisent à de nouvelles formes d’architectures.

 

 

Sources :

http://dnarchi.fr/culture/a-la-couture-des-mondes-transarchitecture-et-hypersurfaces-une-introduction/

http://dnarchi.fr/pratiques/le-modele-comme-acte-creatif-et-innovation-combinatoire-le-projet-onion-pinch

http://lab-au.com/#/theory/article_algorithm-and-lig/

« Actuel / virtuel, introduction à une problématique architecturale » disponible sur le site DNArchi.fr « http://dnarchi.fr/culture/actuelvirtuel-introduction-une-problematique-architecturale/

 

Les TIC dans les pays en développement.

L’exemple de l’Afrique est largement répandu pour cette question, tant il y a de chemin à parcourir.
Mais pour atteindre quoi ?
Les acteurs de la diffusion des TIC (ONG, services publiques, fournisseurs privés,…) n’ont pas forcément les mêmes objectifs dans une même zone. Les origines et les valeurs qu’ils veulent diffuser jouent dans ces objectifs.
Certains pensent appliquer un schéma à l’occidental, comme pour un projet industriel international. Ce n’est pas envisageable pour cette question, sans créer une plus grosse rupture numérique dans le monde. Les opérateurs internationaux ne sont pas non plus aptes à favoriser des actions pour les pays en développement, et font même monter les prix des opérateurs africains en s’emparant des marchés. ( les opérateurs mondiaux/ locaux )
Pour l’instant, le plus urgent est de multiplier les accès par le matériel et les réseaux, ou les installations satellites pour les régions très reculées. Ce travail doit être fait par la population elle-même, pour s’approprier ces technologies et développer les savoir-faire locaux, les bidouillages…
Il faut donc pousser les initiatives, apporter l’accès au matériel, mais surtout informer sur les portes qu’ouvrent les TIC. Financer, mais ne pas diriger.
( le manque d’accès en Afrique )
( Une action par financement multinational )

J’ai fait de nombreux voyages en Amérique Centrale, où les TIC s’installent et se développent beaucoup. Les technologies numériques sont un énorme apport aux populations, souvent déjà rassemblées en communautés. Les communications entre ces communautés sont plus difficiles, mais pourraient faciliter les progrès sociaux et les projets communs de grande envergure, avec moins d’aide des Etats-Unis, grands administrateurs du développement de ces pays.
Là-bas, quelque chose se passe, en permanence. Une activité numérique en expansion, que les populations jeunes ne manquent pas de s’approprier, à partir de cyber-cafés mêmes vétustes. Les organisations populaires pour les changements politiques et économiques gagnent beaucoup à s’installer sur des plateformes de communications, des blogs ou des réseaux sociaux.

Je ne pense pas que l’on puisse déshumaniser des populations très solidaires entre elles, car les communications, l’éducation et les actions locales favorisent le maintien de cette solidarité.
Le travail à faire est surtout au niveau international, où l’on doit faire accepter l’idée que la diffusion des TIC nécessite une autonomie et un grand niveau d’actions locales.

Progrès et scenarios catastrophe.

Je me baladais sur internet quand je suis tombée sur cet article assez fascinant de Bill Joy, publié il y a plus de 10 ans maintenant dans le magazine américain Wired . Ce magazine étant connu pour son amour à la technologie j’ai été surprise par le contenu de cet article d’une quinzaine de pages. Bill Joy y décrit sa rencontre avec plusieurs hommes scientifiques de haut rang et partage ses réflexions sur des problèmes profondément liés au progrès technique et a l’éthique de la connaissance. Joy  nous explique ses craintes par rapport aux avancées dans les domaines de la robotique, la génétique et le nanotechnologies, on peut  y lire des scénarios apocalyptiques et effrayants, d’autant plus qu’il appuie ses propos de des théories scientifiques difficilement niables. Ils nous explique pourquoi et comment le développement de ces technologies pourrait conduire a l’extinction de la race humaine ou tout du moins du monde tel qu’on le connaît. Un de ces arguments majeurs et que la connaissance et ces technologies est  devenue très accessible (en comparaison avec la technologie atomique par exemple) et pourrait éventuellement être crée et gérée par des individus et non pas par des nations. Il cite dans son texte scientifiques (Ted Kurzweil, Dany Hills, autres…) et écrivains de science-fiction (Asimov et ses lois de la robotique). Cet article est critiquable et critiqué par de nombreux scientifiques, il est souvent considéré comme alarmiste ou encore entant qu’anti technologie ou néo luddite.  Je trouve que c’est un article qui vaut le coup d’oeil à prendre avec des pincettes et avec un regard critique!

 

Voila le lien de l’article, le titre exact c’est: Why the future doesn’t need us.

http://www.wired.com/wired/archive/8.04/joy.html

Bienvenue sur le blog Humanités numériques

Ce blog est l’espace de publication associé au cours Humanités numériques de Jacques-François Marchandise. C’est un espace de travail, plutôt que de publication finale, nous avons néanmoins choisi de publier à ciel ouvert nos travaux et conversations.

Merci de vos contributions : articles, lectures, images, veille et liens pertinents, commentaires…

 

LE NUMÉRIQUE EN FRANCE : VERS UNE HARMONISATION DES TERRITOIRES ?

1 . TERRITOIRES NUMERIQUES :  » LES POSSIBLES « 

Beaucoup de spécialistes s’accordent à dire que la troisième révolution industrielle sera, ou plutôt est celle du numérique. En effet, « Le numérique n’est pas seulement un secteur industriel, c’est une transformation économique et sociale complète. C’est une révolution industrielle plus grande que la précédente. » expliquait Henri Verdier , le président de Cap Digital, lors d’un conférence « Le numérique pour l’emploi et la croissance ».

On assiste à de grandes mutations dans des domaines fondamentaux tels que les échanges de biens et services mais aussi entre les personnes, les moyens de production, l’accès a l’information et les nouveaux moyens de communication … Tout cela affecte nos modes de vie et a des répercutions à l’échelle du territoire. C’est pourquoi je vais tenter de traiter cette question avec l’appui du magazine suivant : LA FRANCE DU NUMÉRIQUE, L’usine Nouvelle N°3306 (du 08 au 14 Novembre 2012).

On remarque que nos grandes villes sont aujourd’hui saturées : manque de logements, transports en commun poussés à leur quasi maximum … même si de nouvelles alternatives émergent ( troc ou prêt d’appareils électroménager en ligne, AMAP ou encore réseaux de jardins partagés …). Nos citadins sont à la recherche d’une meilleure qualité de vie quitte à aller vivre en périphérie voire même un peu plus loin. Le numérique aujourd’hui permet cela, via la diversité d’usages qu’il offre.

S’INFORMER ET DIFFUSER : RESTER UN ACTEUR DANS LA SOCIÉTÉ

« L’internet redistribue l’information, les moyens de la produire et de l’échanger donc le pouvoir. Il le fait d’abord au profit des individus, qui s’en saisissent de toutes sortes de manière : pour s’informer et informer eux-mêmes, pour apprendre et partager du savoir, pour mieux consommer et concevoir eux-mêmes des nouveaux produits, pour participer à la vie publique et coproduire eux-mêmes des réponses à leurs problèmes… Les frontières se brouillent entre amateurs et professionnels, entre consommateurs et producteurs. Parce que cet EMPOWERMENT par la technologie ne trouve son sens que dans la mise en réseau, de nouvelles formes d’action collective émergent, à toute petite comme à très grande échelle. Les organisations, les institutions existantes doivent apprendre à faire face à ce nouveau pouvoir des individus interconnectés. » in Promesses Questions Numériques 2013-2014, FING, rubrique Tous auteurs, créateurs, innovateurs, producteurs …

Internet aujourd’hui nous permet d’agir et de prendre part aux problématiques de la société peu importe où l’on se trouve. En effet il est possible d’obtenir les informations, d’aller chercher celles qui nous intéressent en fonction de nos préoccupations et de participer au débat sur la toile, voire par la suite à diverses manifestations. C’est ce que l’on a notamment pu observer lors des « Révolutions arabes » ou bien en ce moment même avec les manifestations contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Il s’agit de communiquer ses idées et de se rassembler autour d’un projet local, ponctuel, qui sans les TIC n’aurait certainement pas eu le même dénouement.


On peut très bien transposer cela du point de vue économique. De plus en plus d’acteurs à un niveau local, parviennent à avoir un impact à l’échelle nationale voire internationale via la création de start-up notamment, mais pas seulement.

POUVOIR CRÉER SON ACTIVITÉ N’IMPORTE OU GRÂCE AUX TIC

« Pour les individus et les petits producteurs, nous serions à l’orée d’une nouvelle ère, peut-être d’un âge d’or, aussi important que la Renaissance ou l’émergence de la démocratie à Athènes. Nous pouvons coproduire un système d’exploitation, une encyclopédie, les médias, un fonds de placement et même des objets physiques tels qu’une moto. Nous devenons notre propre économie – un vaste réseau mondial de producteurs spécialisés qui partagent et échangent des services pour se cultiver, se nourrir ou apprendre. Une nouvelle démocratie économique émerge, dont nous sommes tous des dirigeants. » (WIKINOMICS, 2006) in Promesses Questions Numériques 2013-2014, FING, rubrique Tous auteurs, créateurs, innovateurs, producteurs …

Territoire et secteur d’activité sont intrinsèquement liés. En effet, les territoires ont se sont développés avec l’apparition des industries, c’est ce qu’on appelle ville-usine. A la chute de certaines industries (minières, textiles …), on a pu remarquer un exode vers d’autres villes, d’autres bassins d’emplois. Or aujourd’hui les TIC changent la donne car ils sont vecteurs d’emploi. Difficile à quantifier étant donné l’hétérogénéité de ces derniers, cela concerne beaucoup les TPE (Très Petites Entreprises), c’est à dire des initiatives ciblées, personnelles ou par petit groupe mais qui par leur nombre sont tout de même une petite révolution.

Le magazine LA FRANCE DU NUMÉRIQUE, L’usine Nouvelle N°3306 nous le montre. Les entreprises ont de plus en plus recours au numérique et de très beaux projets voient le jour non plus seulement dans les métropoles mais aussi à l’échelle des régions. C’est le cas d’Ecolutis (plate-forme de services de covoiturage) en Poitou-Charentes, d’Artefacto (réalité virtuelle, réalité augmentée et images 3D) en Bretagne ou encore d’Aquarelle.com (vente de fleurs en ligne) en Picardie. La liste est bien sûr non-exhaustive.

Les TIC permettent une grande souplesse d’adaptation. On peut désormais travailler et produire n’importe où, voire même travailler depuis son domicile. « Demain, chez soi ou dans des espaces ouverts de proximité, chacun pourra produire tous les objets dont il a besoin, envie, ou rêvé. La révolution internet se poursuit dans la conception et la production d’objets physiques. » in Promesses Questions Numériques 2013-2014, FING, rubrique La fabrique numérique personnelle.

On l’aura compris, les possibilités sont infinies. Le territoire va une fois de plus être modifié. Cette fois, les TIC, les actions locales, ou encore l’essor des microentreprises, permettront peut-être une meilleur harmonisation et une meilleure égalité entre les territoires.

2 . NUMERIQUE ET TERRITOIRE : LA REGION AUVERGNE

 Dans un article paru dans l’Usine Nouvelle, Geneviève Colonna d’Istria parle d’ « éruption numérique » en Auvergne. « L’e-réputation de l’Auvergne n’est plus à faire. Ce territoire rural a compris que son salut passerait par les nouvelles technologies. »

La preuve est la suivante : « aujourd’hui, en Auvergne, le numérique pèse 330 millions d’euros de chiffre d’affaire et recense plus de 900 entreprises et sociétés individuelles, soit quelque 7500 emplois. L’Auvergne est la première région de France couverte à 100 % par le haut débit et à l’avant-garde concernant le très haut débit. Dotée d’un centre de réalité virtuelle (CRV) à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), le seul de tout le grand centre de la France, et d’un pôle image au Puy-en-Velay (Haute-Loire), la région est aussi la seule hors Ile-de-France, à accueillir les plus grandes SSII nationales et internationales comme Cap Gemini, Accenture, IBM, Atos Origin … Parallèlement, une kyrielle de start-up innovantes a fleuri au pied des volcans, dans un contexte porteur pour les chercheurs comme pour les petits patrons audacieux. Depuis 2008, les entreprises de nouvelles technologies se sont même fédérées au sein du cluster Auvergne TIC, destiné à regrouper les forces en présence et à les promouvoir. » LA FRANCE DU NUMÉRIQUE, L’usine Nouvelle N°3306 (du 08 au 14 Novembre 2012)

Comment l’Auvergne a t’elle pu obtenir de si bons résultats ?

La région a pris un réel engagement et a ainsi concentré tous ces efforts au développement de la filière numérique. Cela est passé par des opérations de communication,  des subventions aux entreprises, l’investissement dans des infrastructures permettant d’accueillir ces entreprises … et le pari s’est avéré payant si l’on en croit les chiffres cités ci-dessus.

On peut aujourd’hui trouver sur le sol auvergnat des entreprises telles que Jeuxvideo.com, un site 100 % dédié aux jeux vidéo. C’est le plus important en Europe et en terme de fréquentation, il arrive juste derrière lespagesjaunes.fr ou encore lemonde.fr. « Il compte aujourd’hui une quarantaine de salariés et a réalisé 6,8 millions d’euros de chiffre d’affaire en 2011. », selon le magazine l’Usine Nouvelle N°3306. Un bel exemple de réussite mais ce dernier est loin d’être un cas isolé. En effet, on peut également trouver le leader du référencement, Brioude Internet, en Auvergne. Sur un tout autre marché cette fois, Brioude Internet a pour but d’augmenter la visibilité de clients prestigieux tels que Lastminute.com ou encore Euromaster sur les moteurs de recherche (Google, Yahoo,  Bing …).

On l’aura compris l’Auvergne a su devenir une terre fertile pour les TIC. Aujourd’hui encore la région réussie à se promouvoir de manière innovante, et pour cela, elle dispose de nombreux arguments.

Le premier est la création d’Auvergne, Nouveau Monde et du Popupstore qui en a découlé la semaine passée à Paris. En effet, il s’agissait de créer l’événement et de communiquer autour de la région à La Bellevilloise, un lieu plutôt connu pour ses concerts que pour des salons plus traditionnels.

http://www.auvergne-nouveau-monde.fr/

http://www.auvergne-popupstore.com/

Le second est un manifeste appelé New Deal en Auvergne. 1 Emploi + 1 logement offert = une Nouvelle Vie ! Voilà ce que propose le New Deal, et qui consiste plus précisément à proposer un travail et une participation au coût du logement pendant la période d’essai des personnes qui seraient susceptibles de vouloir venir travailler sur ce territoire. La promotion du New Deal passe par le site internet ci-dessous comprenant des interviews et une liste d’offres d’emplois répertoriés spécialement. C’est un moyen plutôt inattendu d’attirer une main d’œuvre sur un territoire donné ; et il est encore trop tôt pour savoir si oui ou non, cette méthode a été efficace.

http://www.newdeal-en-auvergne.fr/#/home

Le dernier levier auvergnat est le cluster Auvergne TIC, un regroupement de tous les acteurs du numérique, comprenant aussi bien les centres de recherche, les universités ou encore les entreprises de ce secteur d’activité.

http://www.auvergnetic.com/

http://player.vimeo.com/video/37508772?autoplay=1

La région Auvergne fait donc aujourd’hui figure de référence dans le domaine des TIC. Elle a sut comprendre les nombreux intérêts du numérique pour revaloriser son territoire.

3 . LE POUVOIR DES TERRITOIRES NUMERIQUES

Pour lutter contre l’enclavement territorial, certaines régions françaises ont choisi le numérique. On les appelle les « territoires en réseau ». Selon Pierre Musso, « il est devenu banal de constater cette omniprésence et omnipotence du Réseau, pour en souligner tantôt les bénéfices, tantôt les menaces. », Critique des réseaux, p. 5.

A l’heure des TIC, le réseau est invisible et pourtant il est bien réel et partie prenante des flux que nous générons. Aujourd’hui, les territoires numériques disposent d’une couverture internet haut-débit, d’un tissu d’entreprises important à l’échelle locale et pouvant être regroupés sous la forme de cluster tels que Auvergne TIC.

QU’EST-CE-QUE LE RÉSEAU ?

COMMENT IL ASSOIT LE POUVOIR DES TERRITOIRES NUMÉRIQUES ?

Selon Pierre Musso, le réseau serait au sein d’un clivage Nature/Culture. En effet, « l’aspect artificiel de la figure du réseau proviendrai du fait qu’il est tout d’abord question d’une technique : d’abord artisanale, associée au tissage, puis de techniques de plus en plus mécanisées et industrialisées », tels les « réseaux technologiques de communication cybernétiques et les autoroutes de l’information, en passant pas les réseaux de communication industriels développés au XIXème siècle, comme le chemin de fer. L’aspect naturel que Pierre Musso met également en avant, résiderait dans le fait que le réseau est associé et appliqué conceptuellement à un organisme biologique (le plus souvent le corps humain). », in Critique des réseaux, Pierre Musso (PUF 2003) ou la mort annoncée de la figure du réseau, Zetlaoui Tiphaine, In: Quaderni. N. 52, Automne 2003. Secret et pouvoir : les faux-semblants de la transparence. pp. 123-128.

Difficile à appréhender, le réseau dit « naturel » serait lié à la représentation du corps humain. Quant au réseau dit « artificiel », il serait une technique. « Ainsi, le réseau aurait permis de penser le futur social, mais aussi de se représenter l’organisme humain. », in Critique des réseaux, Pierre Musso (PUF 2003) ou la mort annoncée de la figure du réseau, Zetlaoui Tiphaine, In: Quaderni. N. 52, Automne 2003. Secret et pouvoir : les faux-semblants de la transparence. pp. 123-128.

Autrement dit, nous allons nous intéresser au réseau « artificiel », lié à la technique, comme moyen. Le réseau va rendre possible la mise en place « des moyens numériques au service des projets des territoires, des politiques publiques, des initiatives privées, des besoins des habitants. (…) Il a vocation à être intégré aux démarches structurantes et à soutenir les dynamiques de projets des territoires. », in INTERNET ACTU, Territoires : le développement numérique à l’heure de la maîtrise collective, Jacques-François Marchandise, 2005.

Ici, le réseau est le vecteur permettant de connecter différents acteurs de la vie économique, sociale et politique. Il est au sein des enjeux de pouvoirs du territoire qu’il structure. En effet, on note que les échanges numériques utilisés entre professionnels, ou entre particuliers, ont aussi fait leur apparition dans les administrations. Le réseau va alors permettre la création et la diffusion de multiples services, qu’ils soient à l’initiative des administrations elle-même (déclaration de l’impôt en ligne) ou de jeunes entrepreneurs (Babelio, covoiturage.fr …).

La déclaration de l’impôt en ligne, mise en place par les administrations, a un double but. Certes, elle facilite les démarches de l’usager, mais surtout, elle est un gain de temps précieux, et une économie de moyens : moins de papier, moins de personnel, et donc une réduction des coûts. Dans ce cas précis, l’administration a su se saisir de l’un des possibles numériques et en faire la source d’un autre type de pouvoir, dans la continuité de celui qu’elle possédait auparavant et servant aussi ses propres intérêts.

Ex-Libris, quant à lui, fonctionne de manière très différente. C’est un projet de diplôme réalisé à l’Ensci par Adrien DEMAY. Il démontre comment, à l’échelle locale, on peut grâce au réseau, mettre des livres en ligne, et ainsi obtenir une bibliothèque connectée et partagée. C‘est « un ensemble d’outils et de dispositifs symbiotiques visant à mettre en valeur les ressources bibliographiques locales, faciliter l’expérience de la lecture et encourager l’échange de livres entre habitants. », in Ex-libris : le livre entre bien commun et propriété, Adrien DEMAY. La plateforme Ex-Libris a donc de multiples atouts pour les usagers et pour l’administration même. Elle propose une réponse à un manque d’infrastructures liées au livre en milieu rural que les territoires ne peuvent combler. Ex-Libris vient alors créer une alternative indépendante, beaucoup plus souple pour les usagers. On assiste alors à la naissance d’un nouveau pouvoir dit « numérique », qui est le résultat de l’appropriation de l’outil numérique par tous. Ce projet a été élaboré avec le soutien de Babelio, un site de livres en ligne existant.

http://www.babelio.com/

Le pouvoir des territoires numériques est un pouvoir à l’image de la figure du réseau, c’est à dire un pouvoir partagé. Les différents pouvoirs en présences sont mieux répartis, et cela entre les différents acteurs. Malgré les tensions, ils se complètent parfois, pour offrir un meilleur service, plus diffus, plus accessible et moins rigide.

4 . LES LIMITES DU TERRITOIRE NUMERIQUE

Si le numérique a permis aux différents territoires, ici aux régions, de disposer d’une plus grande liberté d’action, d’augmenter leur visibilité, d’être plus attractives, ou encore de réduire certaines inégalités entre-elles, il serait déraisonné de croire à une harmonisation parfaite des ces territoires par le numérique. En effet, il existe de nombreuses limites au développement des régions par ce seul levier.

La première limite, et aussi la principale est liée aux inégalités entre régions. En effet, le budget des régions dépend de nombreux facteurs, notamment la population, le territoire, les infrastructures dont elle dispose, le nombre de lycées … Ce budget va ensuite permettre d’innover, si elle le souhaite, mais surtout de faire fonctionner les infrastructures qui sont sous sa responsabilité. Cependant, pour une région plutôt rurale avec une densité de population plus faible, le challenge du développement par le numérique va être beaucoup plus ambitieux à relever. En effet pour être attractive en complément du numérique, elle va devoir conserver et maintenir les services publics nécessaires à la vie des gens sur place, a savoir les institutions éducatives, les établissements de santé, les infrastructures locales, les services à la personne en milieu rural et d’autres exemples, tels que le bus scolaires…« Les TIC peuvent favoriser la convergence entre la logique économique et les intérêts du territoire, à condition de renforcer et de valoriser les atouts et compétences de celui-ci : face aux entreprises en réseau, les “territoires en réseau” se doivent d’être mieux maillés, plus musclés, afin de favoriser les coopérations entre acteurs, de formaliser une vision commune de l’intérêt général et de trouver des chemins pour y parvenir (la formation, les infrastructures, les services de proximité, etc.). », in INTERNET ACTU, Le défi numérique des territoires : les questions numériques sont-elles politiques? , Jacques-François Marchandise, 2007.

La seconde limite est mise en évidence par une autonomie de plus en plus attendue de la part des régions. En effet, si ces territoires deviennent autonomes, ils seront seuls décideurs des politiques à mener et de la répartition du budget selon leurs priorités. Dans ce cas, et avec des élus pouvant êtres de familles politiques différentes, le choix d’une politique numérique peut être considéré de plus ou moins grande importance. Menée en décalage avec d’autres régions, cela peut créer des inégalités importantes. On obtient alors des régions en retrait par rapport à d’autres, qui elles, sont beaucoup plus attractives. On peut citer l’Auvergne, le Limousin, ou encore la Bretagne, qui ont su être visionnaire par rapport au numérique et s’entourer d’acteurs pour mettre en place leur politique et les rendre pérennes. C’est le cas des travaux menés entre le Conseil Régional de Bretagne et DTA (Design Territoire Alternatives) sur la question du « Numérique Populaire » lors des ateliers participatifs des Etés TIC à Rennes par exemple.

http://www.design-territoire-alternatives.fr/DTA/etesTIC2011.html

Une autre limite, et non des moindres, reste l’attractivité de la capitale. Dans un système centralisé, où les infrastructures ferroviaires et routières convergent vers Paris, on remarque qu’une grande partie de l’activité, et donc des emplois, se trouve en milieu urbain. Cela prévaut malgré les subventions versées aux entreprises pour s’implanter hors Ile-de-France par exemple. De plus, 90 % de la population vit « à la ville » malgré des conditions de vie plus difficiles et un confort inférieur à celui auquel ils pourraient prétendre en milieu rural. L’attractivité des grandes villes via l’offre culturelle, l’ouverture à l’international, la vie nocturne, ou encore des services plus performants, reste encore un atout très fort. Le fait que les récentes propositions encourageant les jeunes médecins à s’implanter dans les « déserts ruraux » aient fait polémique le prouve, tous ne sont pas prêts à venir s’installer à la campagne. Enfin, avec l’essor du prix des carburants et leur raréfaction, le choix du rural devient de plus en plus difficile.

La dernière limite que j’évoquerai concerne le profil de personnes à qui s’adresse le territoire numérique et notamment le « New Deal » en Auvergne. Les régions ont investi en faveur du numérique afin d’offrir de nouveaux horizons à leurs habitants, mais pas seulement. En effet, le territoire numérique constitue un moyen de se démarquer et par ce biais, d’attirer de nouvelles entreprises et donc de nouveaux habitants. En ce qui concerne le « New Deal » par exemple, on remarque que les emplois recherchés sont très ciblés autour de l’industrie et de l’ingénierie par exemple et beaucoup moins par rapport aux arts, au spectacle, ou encore à la santé. Cette très forte spécialisation de l’offre peut constituer un atout lorsque la demande est élevée mais peut également devenir un handicap si la demande évolue.

CONCLUSION

En conclusion, on constate que numérique et territoire sont deux notions complexes. La première, bien qu’elle soit invisible, structure aujourd’hui une grande part de nos échanges, qu’ils soient professionnels, personnels ou politiques. Elle est devenue incontournable pour comprendre le monde dans le quel nous vivons et les différents rapports de force qui y sont en présence. Elle confère un grand pouvoir à qui sait comment l’utiliser. La seconde notion, celle du territoire, est tout aussi ambigüe puisque multifactorielle. C’est un domaine rassemblant des êtres humains, des espaces, des entreprises, des compétences, des capitaux et des possibles … La conjugaison de ces deux éléments, numérique et territoire, peut s’avérer très fructueuse lorsqu’elle est mise en place de manière intelligente, innovante et collective. En effet pour bien fonctionner, elle ne doit pas être déconnectée des habitants de ce même territoire, et doit donc être mise en œuvre pour mieux les servir, tout en conservant les services déjà présents.

Cependant il est pourtant difficile de parler d’une harmonisation des territoires car le numérique révèle et génère également de nouvelles inégalités. Cette harmonisation n’est que partielle pour les raisons évoquées comme limites ci-dessus. Les différents territoires devront donc encore redoubler d’efforts pour tenter de contrer ces disparités et de rattraper leur retard.

Il paraît inconcevable aujourd’hui incontournable de pérenniser la relation entre ces deux entités afin de faire de nos citoyens de véritables acteurs du monde qu’il soit économique, social, alternatif, ou encore revendicatif.

BIBLIOGRAPHIE

Promesses Questions Numériques 2013-2014, FING, rubrique Tous auteurs, créateurs, innovateurs, producteurs

Promesses Questions Numériques 2013-2014, FING, rubrique La fabrique numérique personnelle

Critique des réseaux, Pierre MUSSO, p. 5

Critique des réseaux, Pierre Musso (PUF 2003) ou la mort annoncée de la figure du réseau, Zetlaoui Tiphaine, In: Quaderni. N. 52, Automne 2003. Secret et pouvoir : les faux-semblants de la transparence. pp. 123-128

Ex-libris : le livre entre bien commun et propriété, Adrien DEMAY

 

http://www.auvergne-nouveau-monde.fr/

http://www.auvergne-popupstore.com/

http://www.newdeal-en-auvergne.fr/#/home

http://www.auvergnetic.com/

http://player.vimeo.com/video/37508772?autoplay=1

http://www.design-territoire-alternatives.fr/DTA/etesTIC2011.html

http://www.ensci.com/createur-industriel/presentation/diplome/themes-des-memoires-et-diplomes/article/6514/

http://www.babelio.com/

 

LA FRANCE DU NUMÉRIQUE, L’usine Nouvelle N°3306 (du 08 au 14 Novembre 2012)

INTERNET ACTU, Territoires : le développement numérique à l’heure de la maîtrise collective, Jacques-François Marchandise, 2005

INTERNET ACTU, Le défi numérique des territoires : les questions numériques sont-elles politiques ?, Jacques-François Marchandise, 2007.

 

Le Numérique en France, Vers une harmonisation des territoires – Emeline LAVOCAT