TIC et developpement : exemple de l’Afrique.

  • Afrique : L’accès mobile à un réseau d’informations et de services.

Dans le monde, les principaux terminaux d’accès à un réseau numérique sont les ordinateurs. Ils offrent une ergonomie, une rapidité et une efficacité  que ne proposent pas les téléphones portables.
Mais en Afrique particulièrement, l’accès aux informations et aux services se fait bien plus par les mobiles que par les ordinateurs.

Les utilisateurs africains ont des besoins particuliers vis-à-vis du numérique, et pour cela, le téléphone mobile a plusieurs avantages par rapport aux autres moyens d’accès.
Le téléphone mobile est mobile, et ce n’est pas rien dans des pays ou les populations se déplacent en permanence dans des villes très étendues. Les bidonvilles, les réseaux de transports et d’énergie parfois anarchiques ne permettent pas d’accès fixes, individuels et rentables.
Les coûts d’achat et d’usage d’un portable sont moins élevés et permettent donc d’avoir un outil personnel, accessible à toute heure et de tout lieu.

Du service sans internet

L’utilisation d’internet n’est pas si développée, car les services qui y sont proposés sont difficiles à atteindre par un petit écran et une connexion lente. L’accès aux informations et aux services sont directement liés aux contrats de téléphonie, ou aux cartes prépayées majoritairement. La réception de fax par SMS ou le transfert de crédit d’un téléphone à un autre sont mis en avant pour le choix d’un abonnement prépayé et recharges de crédit. Les autres services, comme le journal d’appel, la messagerie vocale ou les appels masqués passent comme additionnels. Cette situation actuelle tend à se développer rapidement, premièrement par les réseaux multibandes qui assurent déjà un accès haut débit et des échanges de données en occident. Secondairement, le prix des smartphones baisse, ce qui permettra à terme d’avoir une plus large population équipée en terminaux internet mobiles.

Les opérateurs

Dans cette problématique, les opérateurs jouent le plus grand rôle. Sur les deux plans de développement que je viens de citer, ils décident des prix et des disponibilités. On comprend bien que les entreprises Télécoms internationales ont plus de facilités à aménager ses réseaux sur un territoire qui n’en possède pas assez. Sur le continent africain, c’est le français Orange qui s’impose avec environ 50 millions d’abonnés. La France reste le plus grand partenaire économique de l’Afrique, mais les pays émergents au large capital montrent un grand intérêt dans ce domaine.

L’exemple du Burkina Faso va illustrer ce mouvement. Dans ce pays, 3 opérateurs occupent le marché. Telmob et Telecel Faso sont locaux, et Airtel est une entreprise indienne. Cette société compte 3 014 640 d’abonnés, contre 2 970 805 et 1 696 655 pour Telmob et Telecel. Cette grande part de marché s’explique surement par la somme investie dans le développement international par la direction indienne. Les prix sont plus bas, la communication plus présente, et la comparaison des sites de ces opérateurs est frappante.

Telecel :http://www.telecelfaso.bf/index.php?l_nr=index.php&l_nr_c=aeb764a6a854dd20beb97ec048c4ac14&l_idpa=55

Airtel : http://www.africa.airtel.com/wps/wcm/connect/africaairtel/Burkina-Faso

Telmob : http://www.onatel.bf/telmob2/index.htm

(Sources http://www.afriqueexpansion.com/investissements-afrique/1977-telephonie-mobile-en-afrique-les-principaux-operateurs.html

http://www.faso-tic.net/spip.php?article273)

Carte des connectés en Afrique.

Carte des connectés en Afrique.

 

 

  • Quelles stratégies poli-TIC de développement?

L’accessibilité croissante des TIC pour les populations est un grand facteur de développement pour les pays, et ce à plusieurs niveaux.

En milieu rural

Localement, l’accès internet ou des services téléphoniques dédiés permettraient d’avoir une meilleure lisibilité du marché de l’emploi. Le secteur des services pourra s’expandre, surtout dans les milieux ruraux où l’on en a le plus besoin. Il a été noté que les jeunes trouvent plus facilement un emploi dans ces nouveaux secteurs. Internet participe doublement à la croissance économique : créer des emplois, et les rendre accessibles. Mais on peut aussi trouver des utilisations plus spécifiques aux TIC. Par exemple, des services SMS pour agriculteurs existent, pour recevoir les cours des prix des récoltes ou des machines.

Dans ce cadre rural, les opérateurs télécom décident pratiquement de tout. D’abord, la couverture en réseau mobile, puis la mise en place de réseaux larges bandes ou multibandes (3G par exemple), et l’implantation d’un fournisseur internet. C’est aux politiques publiques de pousser les opérateurs à installer ces infrastructures sur le territoire, si cela n’est pas fait. Les deux acteurs ont à y gagner, des clients pour l’un, de la croissance pour l’autre.

Un partenaire : le monde

Seulement, les investissements nécessaires restent très élevés, et l’aide extérieure peut être demandée. Le matériel pour l’enseignement et pour les services publics, avec les accès internet, sont trop chers pour équiper toute l’Afrique.

« La coopération internationale favorise la technologie et l’innovation. Les investissements dans les télécommunications sont de plus en plus le fait de pays comme le Koweït, l’Afrique du Sud et l’Égypte. La Chine fournit du matériel à bas coût et des prêts aux opérateurs publics. De son côté, l’Inde contribue à la construction d’un réseau électronique couvrant les 53 pays du continent. Les formules prépayées, à l’américaine, et les SMS sont extrêmement populaires. La coopération sur le commerce électronique avec l’UE et les États-Unis prend une importance croissante pour répondre aux réglementations commerciales. Des entreprises britanniques et françaises ont elles aussi lourdement investi dans les télécommunications en Afrique. Mais l’innovation Sud-Nord pourrait bien aussi fonctionner : les ordinateurs ClassMate d’Intel, à bas coût, qui ont d’abord été vendus au Nigeria, sont désormais disponibles en Europe et aux États-Unis »

© 2013 Perspectives économiques en Afrique (http://www.africaneconomicoutlook.org/fr/thematique/ict-africa/)

On peut citer l’opération One Laptop Per Child, projet américain visant à équiper les écoles des pays en développement avec des ordinateurs portables low-cost. Le ClassMate d’Intel a été conçu, parmi d’autres, pour ce programme.

 

One Laptop Per Child en Irak.

One Laptop Per Child en Irak.

L’avenir citoyen

L’accès au TIC est un accès au savoir, via l’enseignement d’abord, mais très rapidement par le partage et la communication. On se rappellera de l’utilisation des réseaux sociaux pendant les révolutions en Afrique du Nord. Ces nouvelles structures de réseaux lient les populations et renforcent leur solidarité. Ce mouvement se fait d’ailleurs plus rapidement que dans les pays développés, car les mouvements contestataires gagnent en organisation.

Ushahidi est une plateforme web et mobile par SMS permettant aux populations du monde entier d’exprimer un témoignage sur un fait de violence ou autre, qui ne devrait plus avoir lieu et que l’on doit dénoncer. Le plus grand problème de cette structure est que l’utilisation des SMS réduit les possibilités, et est parfois très surveillées par les gouvernements. (http://ushahidi.com/)

« Alors que le filtrage et la censure de l’internet sont souvent un jeu de chat et de souris comme l’illustre l’exemple chinois, il a suffi à l’Ethiopie de désactiver les services SMS en juin 2005 pour faire s’éteindre les protestations à l’encontre des fraudes électorales. Au Kenya, suite aux élections parlementaires et présidentielles de 2007, l’opérateur national a bloqué les services d’envoi en masse de messages SMS. »  Hubert Guillaud.

 

Conclusion

La problématique des TIC dans les pays en développement est une grande histoire politique. Les enjeux sont économiques, mais surtout portés aux populations. L’expression devient mondiale, visible et critique. Il en va aussi de la coopération mondiale pour une cohésion entre les droits de chaque individu.

Les pays en développement construisent leurs propres modèles d’accès et d’utilisation des TIC, et l’on a pu voir que si la situation de départ est différente des pays du Nord, le but est bien d’harmoniser les espaces numériques et d’arriver à un partage en plus grand nombre, de tous vers tous.

Les TIC dans les pays en développement.

L’exemple de l’Afrique est largement répandu pour cette question, tant il y a de chemin à parcourir.
Mais pour atteindre quoi ?
Les acteurs de la diffusion des TIC (ONG, services publiques, fournisseurs privés,…) n’ont pas forcément les mêmes objectifs dans une même zone. Les origines et les valeurs qu’ils veulent diffuser jouent dans ces objectifs.
Certains pensent appliquer un schéma à l’occidental, comme pour un projet industriel international. Ce n’est pas envisageable pour cette question, sans créer une plus grosse rupture numérique dans le monde. Les opérateurs internationaux ne sont pas non plus aptes à favoriser des actions pour les pays en développement, et font même monter les prix des opérateurs africains en s’emparant des marchés. ( les opérateurs mondiaux/ locaux )
Pour l’instant, le plus urgent est de multiplier les accès par le matériel et les réseaux, ou les installations satellites pour les régions très reculées. Ce travail doit être fait par la population elle-même, pour s’approprier ces technologies et développer les savoir-faire locaux, les bidouillages…
Il faut donc pousser les initiatives, apporter l’accès au matériel, mais surtout informer sur les portes qu’ouvrent les TIC. Financer, mais ne pas diriger.
( le manque d’accès en Afrique )
( Une action par financement multinational )

J’ai fait de nombreux voyages en Amérique Centrale, où les TIC s’installent et se développent beaucoup. Les technologies numériques sont un énorme apport aux populations, souvent déjà rassemblées en communautés. Les communications entre ces communautés sont plus difficiles, mais pourraient faciliter les progrès sociaux et les projets communs de grande envergure, avec moins d’aide des Etats-Unis, grands administrateurs du développement de ces pays.
Là-bas, quelque chose se passe, en permanence. Une activité numérique en expansion, que les populations jeunes ne manquent pas de s’approprier, à partir de cyber-cafés mêmes vétustes. Les organisations populaires pour les changements politiques et économiques gagnent beaucoup à s’installer sur des plateformes de communications, des blogs ou des réseaux sociaux.

Je ne pense pas que l’on puisse déshumaniser des populations très solidaires entre elles, car les communications, l’éducation et les actions locales favorisent le maintien de cette solidarité.
Le travail à faire est surtout au niveau international, où l’on doit faire accepter l’idée que la diffusion des TIC nécessite une autonomie et un grand niveau d’actions locales.