Conclusion de l’enquête e-book jeunesse

L’avénement de l’e-book concerne plusieurs acteurs aux intérêts singuliers. Alors que les fabricants de tablettes se réjouissent et flairent le coup facile, les éditeurs se voient dépendre d’un nouveau support dont ils n’ont pas l’habitude. Les équipes éditoriales se transforment, augmentées de développeurs, de designers graphiques, de « community manager ». Les contenus aussi évoluent vers de plus en plus d’intéractivité entre le lecteur et le support. L’oeuvre nativement numérique prend le vent, promettant plus de résultats que les livres numérisés qui, pour les enfants, ne sont pas suffisamment en adéquation avec le support. Qui dit oeuvre numérique dit nouveau modèle économique, nouveaux moyens de diffusion et surtout accroissement des possibilités de partage. Le lecteur est au coeur d’un réseau où l’offre est si facilement accessible qu’elle questionne le respect des droits d’auteurs. Enfin, le support permet de nouvelles narrations, complémentaires du papier qui s’attardent d’avantage à développer l’éveil de l’enfant et sa créativité.

PDF de l’enquête : clementine pellegrin – ebook jeunesse

TIC et developpement : exemple de l’Afrique.

  • Afrique : L’accès mobile à un réseau d’informations et de services.

Dans le monde, les principaux terminaux d’accès à un réseau numérique sont les ordinateurs. Ils offrent une ergonomie, une rapidité et une efficacité  que ne proposent pas les téléphones portables.
Mais en Afrique particulièrement, l’accès aux informations et aux services se fait bien plus par les mobiles que par les ordinateurs.

Les utilisateurs africains ont des besoins particuliers vis-à-vis du numérique, et pour cela, le téléphone mobile a plusieurs avantages par rapport aux autres moyens d’accès.
Le téléphone mobile est mobile, et ce n’est pas rien dans des pays ou les populations se déplacent en permanence dans des villes très étendues. Les bidonvilles, les réseaux de transports et d’énergie parfois anarchiques ne permettent pas d’accès fixes, individuels et rentables.
Les coûts d’achat et d’usage d’un portable sont moins élevés et permettent donc d’avoir un outil personnel, accessible à toute heure et de tout lieu.

Du service sans internet

L’utilisation d’internet n’est pas si développée, car les services qui y sont proposés sont difficiles à atteindre par un petit écran et une connexion lente. L’accès aux informations et aux services sont directement liés aux contrats de téléphonie, ou aux cartes prépayées majoritairement. La réception de fax par SMS ou le transfert de crédit d’un téléphone à un autre sont mis en avant pour le choix d’un abonnement prépayé et recharges de crédit. Les autres services, comme le journal d’appel, la messagerie vocale ou les appels masqués passent comme additionnels. Cette situation actuelle tend à se développer rapidement, premièrement par les réseaux multibandes qui assurent déjà un accès haut débit et des échanges de données en occident. Secondairement, le prix des smartphones baisse, ce qui permettra à terme d’avoir une plus large population équipée en terminaux internet mobiles.

Les opérateurs

Dans cette problématique, les opérateurs jouent le plus grand rôle. Sur les deux plans de développement que je viens de citer, ils décident des prix et des disponibilités. On comprend bien que les entreprises Télécoms internationales ont plus de facilités à aménager ses réseaux sur un territoire qui n’en possède pas assez. Sur le continent africain, c’est le français Orange qui s’impose avec environ 50 millions d’abonnés. La France reste le plus grand partenaire économique de l’Afrique, mais les pays émergents au large capital montrent un grand intérêt dans ce domaine.

L’exemple du Burkina Faso va illustrer ce mouvement. Dans ce pays, 3 opérateurs occupent le marché. Telmob et Telecel Faso sont locaux, et Airtel est une entreprise indienne. Cette société compte 3 014 640 d’abonnés, contre 2 970 805 et 1 696 655 pour Telmob et Telecel. Cette grande part de marché s’explique surement par la somme investie dans le développement international par la direction indienne. Les prix sont plus bas, la communication plus présente, et la comparaison des sites de ces opérateurs est frappante.

Telecel :http://www.telecelfaso.bf/index.php?l_nr=index.php&l_nr_c=aeb764a6a854dd20beb97ec048c4ac14&l_idpa=55

Airtel : http://www.africa.airtel.com/wps/wcm/connect/africaairtel/Burkina-Faso

Telmob : http://www.onatel.bf/telmob2/index.htm

(Sources http://www.afriqueexpansion.com/investissements-afrique/1977-telephonie-mobile-en-afrique-les-principaux-operateurs.html

http://www.faso-tic.net/spip.php?article273)

Carte des connectés en Afrique.

Carte des connectés en Afrique.

 

 

  • Quelles stratégies poli-TIC de développement?

L’accessibilité croissante des TIC pour les populations est un grand facteur de développement pour les pays, et ce à plusieurs niveaux.

En milieu rural

Localement, l’accès internet ou des services téléphoniques dédiés permettraient d’avoir une meilleure lisibilité du marché de l’emploi. Le secteur des services pourra s’expandre, surtout dans les milieux ruraux où l’on en a le plus besoin. Il a été noté que les jeunes trouvent plus facilement un emploi dans ces nouveaux secteurs. Internet participe doublement à la croissance économique : créer des emplois, et les rendre accessibles. Mais on peut aussi trouver des utilisations plus spécifiques aux TIC. Par exemple, des services SMS pour agriculteurs existent, pour recevoir les cours des prix des récoltes ou des machines.

Dans ce cadre rural, les opérateurs télécom décident pratiquement de tout. D’abord, la couverture en réseau mobile, puis la mise en place de réseaux larges bandes ou multibandes (3G par exemple), et l’implantation d’un fournisseur internet. C’est aux politiques publiques de pousser les opérateurs à installer ces infrastructures sur le territoire, si cela n’est pas fait. Les deux acteurs ont à y gagner, des clients pour l’un, de la croissance pour l’autre.

Un partenaire : le monde

Seulement, les investissements nécessaires restent très élevés, et l’aide extérieure peut être demandée. Le matériel pour l’enseignement et pour les services publics, avec les accès internet, sont trop chers pour équiper toute l’Afrique.

« La coopération internationale favorise la technologie et l’innovation. Les investissements dans les télécommunications sont de plus en plus le fait de pays comme le Koweït, l’Afrique du Sud et l’Égypte. La Chine fournit du matériel à bas coût et des prêts aux opérateurs publics. De son côté, l’Inde contribue à la construction d’un réseau électronique couvrant les 53 pays du continent. Les formules prépayées, à l’américaine, et les SMS sont extrêmement populaires. La coopération sur le commerce électronique avec l’UE et les États-Unis prend une importance croissante pour répondre aux réglementations commerciales. Des entreprises britanniques et françaises ont elles aussi lourdement investi dans les télécommunications en Afrique. Mais l’innovation Sud-Nord pourrait bien aussi fonctionner : les ordinateurs ClassMate d’Intel, à bas coût, qui ont d’abord été vendus au Nigeria, sont désormais disponibles en Europe et aux États-Unis »

© 2013 Perspectives économiques en Afrique (http://www.africaneconomicoutlook.org/fr/thematique/ict-africa/)

On peut citer l’opération One Laptop Per Child, projet américain visant à équiper les écoles des pays en développement avec des ordinateurs portables low-cost. Le ClassMate d’Intel a été conçu, parmi d’autres, pour ce programme.

 

One Laptop Per Child en Irak.

One Laptop Per Child en Irak.

L’avenir citoyen

L’accès au TIC est un accès au savoir, via l’enseignement d’abord, mais très rapidement par le partage et la communication. On se rappellera de l’utilisation des réseaux sociaux pendant les révolutions en Afrique du Nord. Ces nouvelles structures de réseaux lient les populations et renforcent leur solidarité. Ce mouvement se fait d’ailleurs plus rapidement que dans les pays développés, car les mouvements contestataires gagnent en organisation.

Ushahidi est une plateforme web et mobile par SMS permettant aux populations du monde entier d’exprimer un témoignage sur un fait de violence ou autre, qui ne devrait plus avoir lieu et que l’on doit dénoncer. Le plus grand problème de cette structure est que l’utilisation des SMS réduit les possibilités, et est parfois très surveillées par les gouvernements. (http://ushahidi.com/)

« Alors que le filtrage et la censure de l’internet sont souvent un jeu de chat et de souris comme l’illustre l’exemple chinois, il a suffi à l’Ethiopie de désactiver les services SMS en juin 2005 pour faire s’éteindre les protestations à l’encontre des fraudes électorales. Au Kenya, suite aux élections parlementaires et présidentielles de 2007, l’opérateur national a bloqué les services d’envoi en masse de messages SMS. »  Hubert Guillaud.

 

Conclusion

La problématique des TIC dans les pays en développement est une grande histoire politique. Les enjeux sont économiques, mais surtout portés aux populations. L’expression devient mondiale, visible et critique. Il en va aussi de la coopération mondiale pour une cohésion entre les droits de chaque individu.

Les pays en développement construisent leurs propres modèles d’accès et d’utilisation des TIC, et l’on a pu voir que si la situation de départ est différente des pays du Nord, le but est bien d’harmoniser les espaces numériques et d’arriver à un partage en plus grand nombre, de tous vers tous.

Internet : la jeunesse prend le pouvoir

Level 3. La jeunesse s’affranchit des codes établis

Nous avons vu que la jeunesse se servait d’Internet pour se projeter dans le « monde réel ». Mais si ces amateurs ne voulaient pas devenir des professionnels et entrer dans les codes traditionnels ? S’ils souhaitaient rester connectés dans leur vie de tous les jours ? Un reportage sur Arte nommé Forever Young – Tweet and chat >> diffusé il y a quelques mois montre cette jeunesse connectée qui ne peut désormais plus vivre sans Internet. Une communauté se forme et ne veut plus passer par les codes établis : elle contourne les médias classiques, la radio, les majors de musique où des dirigeants choisissent le contenu. Sans barrière, elle est ainsi libre de diffuser son contenu, ses créations. Et parmi la masse de posts, elle se surpasse pour être toujours plus créative. Dans le reportage, il est souvent question de culture populaire, des années 90 aux années 2000, qui relient cette jeunesse qui pourrait être perçue comme marginale. Mais ces marginaux prennent le pouvoir : avec leur « do it yourself » et leurs créations impalpables connectées ils détournent le traditionnel. Ces amateurs aiment accentuer le côté « home made ». Authentique, drôle et décalé, le quotidien de ces auteurs est accessible aux autres jeunes qui en comprennent davantage les codes. Parce que oui, on peut réellement parler de nouveaux codes dans cette vague : les codes de la culture populaire, de la culture de masse mais aussi les codes de l’art, du luxe, de la mode sont contournés. La jeunesse s’approprie son monde. On pourrait presque y voir ici une sorte de révolte artistique qui prendrait plusieurs aspects numériques comme les Dadas l’avaient fait quelques décennies plus tôt en contre-pied de l’art. Youtube devient un musée infini, une galerie de curiosité ouvert à tous.

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Un blog de dessins de personnages de la culture populaire des 90s relookés avec des vêtements de grands créateurs.

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Jérémy Scott, un grand créateur qui a fait un défilé inspiré par cette culture connectée et leurs blogs.

Partout dans le monde, les vidéos défilent ainsi sur le net. A lui seul, Youtube possède 800 millions d’utilisateurs, son interface est déclinée pour 25 pays et en 38 langues, 72h de vidéos sont uploadées chaque minute qui passe, et enfin les ~800 millions d’utilisateurs passent 4 milliards d’heures chaque mois à regarder des vidéos sur Youtube (enquête octobre 2012). Des chiffres colossaux, mais inutile aujourd’hui de prouver que mettre une vidéo sur Internet n’est plus réservé à une minorité de geek.

Ainsi, les vidéos amateurs de Youtube défilent, créant des buzzs (ou comment être la star de la semaine avec une vidéo insolite >> cette pépite possède à l’heure où j’écris 3 688 569 vues.) Que penser de ces fameux buzz ? Sont-ils toujours justifiés ? On t-ils besoin d’être justifiés ? Internet devient libérateur, et là où la télévision et la radio censurent, où le musée choisi, il se construit lui-même.

En France, à vingt-cinq ans, Norman fait des vidéos explose >>. « J’arrive à un moment où il y a une faiblesse dans le paysage télévisuel et où les jeunes veulent autre chose. Les jeunes ne regardent plus la télé. » livre t-il au Figaro. Dans sa page web, il publie des vidéos où il parle de sujets divers avec des questions que les autres jeunes se posent, des réflexions sur l’avenir… Drôles. On retrouve cet univers « home made » chez lui avec son chat et ses potes, avec des vidéos agencées dans un site internet lui aussi fait maison. Bien sûr, toujours quand ça marche, le monde professionnel s’y intéresse et maintenant on peut voir Norman donner des interviews dans les magazines, jouer dans des publicités et même passer à la télévision. Fidèle à son site et ses fans, il sait mieux que les producteurs les sujets qui plaisent et connait les codes actuels.

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On pourrait venir à se demander quel impact sur le monde « conventionnel » cette révolution pourrait apporter. Si elle chamboule déjà les maisons de disques, les radios ou même la télévision (beaucoup de web série amateurs se retrouvent sur le petit écran), va t’elle progressivement les surplomber ? Le talent doit-il être sélectionné ou s’imposer lui-même sur Internet ? Un des plus grand atouts de ce médium est que personne ne peut le contrôler, ou presque. Une liberté sans limite qui pourrait devenir dangereuse. Là vient la rupture : un jour ces « do it yourself » pourrait remplacer tout le reste (ce qu’on appelle communément « culture »). Et si un jour cette jeunesse attirée par la simplicité du connecté délaissait le cinéma, la littérature, la musique et les arts pour ce nouvel art numérique ? Plus qu’une liberté, on peut se projeter sur Internet en étant qui l’on veut, c’est cela aussi le pouvoir. D’autre part, il est vrai que ce medium est facilement accessible dans les pays développés : mettra t-il davantage en marge les plus démunis ?

Plus optimiste, Internet offre à la jeunesse et à toute la population une liberté d’expression et de création formidable. La jeunesse prend le pouvoir parce qu’elle n’a jamais été aussi soudée dans le monde entier, seulement par un seul outil de communication. Elle s’entraîne et se pousse elle-même à se dépasser et à réinventer la culture, motivée par un nombre de lecteurs illimité à conquérir. Elle se moque des idées reçues et elle repart de zéro. Elle est sincère et se montre telle qu’elle est, peut être pour protester contre une société qui ne nous montre pas tout, un monde surfait ? Lassée d’être dépendante du système, elle crée elle-même et bouscule notre monde.

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Récemment, Ou Jiayang, une jeune chinoise de vingt quatre ans, chamboule son pays et le monde entier >>. Sur son blog, elle s’exprime librement et revendique la cause des gays et des lesbiennes mais aussi la liberté d’expression. « Je suis une citoyenne, je suis ici pour défendre la liberté de presse. Pour qu’à l’avenir, les citoyens puissent s’exprimer librement, pour que la voix de la justice et de la vérité ne soit pas enterrée, je dois être ici aujourd’hui et faire entendre ma propre voix. » écrit-elle sur son blog. Celui-ci, parvenant à franchir la censure chinoise, a beaucoup d’impact et a même permis à lui-seul l’année dernière de faire plier la municipalité de Canton qui voulait investir des sommes folles dans des éclairages pour la ville. Sous la pression de la cybermilitante, les fonctionnaires avaient divisé le budget par cinq.

Pour conclure, créateurs, blogueurs ou même militants : même combat, Internet est un excellent porte voix.

 

Technoscepticisme ou Comment la pensée de Jacques Ellul continue-t-elle d’être pertinente aujourd’hui ?²

Pour savoir si la pensée d’Ellul est toujours actuelle il faudrait réussir à transposer sa pensée et son résonnement dans le monde d’aujourd’hui, avec les nouvelles technologies qui l’accompagnent. Pour cela je vais d’abord énoncer et  développer les quelques mots clefs qui caractérisent le technoscepticisme d’Ellul :

  • L’ambivalence de la technique
  • Le risque
  • L’absence de finalité

L’ambivalence :

                Certes la technique amène du progrès, mais elle amène aussi des inconvénients. Il y a des effets positifs et négatifs au cœur de la technique. Et pas uniquement suivant si l’on fait un bon ou mauvais usage de la technique (« la technique est neutre, tout dépend de l’usage que l’on en fait »).

                Selon Ellul, tout progrès technique a un prix à payer : la société technicienne a voulu une planification pour être efficace au détriment des libertés individuelles. De plus il y a un lien entre la croissance des problèmes et la croissance des techniques. L’innovation technique à amené le Prolétariat et les problèmes écologiques sont dû aux ravages de la technique.

Le risque :

                L’utilisation de la technique a différents impacts : il ya les effets voulus, les effets non voulus mais prévisible et les effets imprévisible.

                Selon Ellul, la pensée technicienne est incapable de penser la technique car elle pense dans le sens du progrès. Lorsqu’apparaissent des dysfonctionnements ou des effets négatifs, elle est incapable d’apporter des réponses réelles. La technique est pharmakon : c’est à la fois le remède est le poison. Si une technique engendre un problème (majeur ou non) une nouvelle technique sera chargée de rectifier le tire. « Les solutions techniques entretiennent le mal qu’elles prétendent soigner.»1 La pensée technique ne prévoit pas du nouveau mais seulement un prolongement ou un perfectionnement de ce qui existe déjà.

L’absence de finalité :

                « On la fait parce qu’on le pouvait ». La relation équilibrée qui existe entre le moyen et la fin – l’utilisation de moyens pour parvenir à une fin – est oubliée. La technique devient sa propre fin. La technique est devenue l’objectif plutôt que le levier. La société technicienne fait passer les moyens avant les fins.

                Jean Luc Porquet, journaliste français travaillant notamment pour le canard enchainé, a d’ailleurs consacré un livre à Ellul : Jacques Ellul, l’homme qui avait presque tout prévu : nucléaire, nanotechnologies, OGM, propagande, terrorisme… aux éditions le Cherche Midi (2012). Il résume ici les 20 idées fortes d’Ellul sur la technique :

  • La technique a récemment changé de nature et forme désormais système.
  • La technique rend l’avenir impensable.
  • La technique n’est ni bonne ni mauvaise.
  • L’homme ne maîtrise pas la technique : elle s’auto-accroît en suivant sa propre logique.
  •  La technique crée des problèmes, qu’elle promet de résoudre grâce à de nouvelles techniques.
  • La technique n’en fait qu’à sa tête, et tant pis pour la démocratie !
  • La technique est devenue une nouvelle religion.
  • La technique renforce l’État, qui renforce la technique.
  • Les transnationales sont les enfants de la technique.
  • Nous vivons sous l’emprise d’une incessante propagande.
  • La publicité et le bluff technologique sont les moteurs du système technicien.
  • Devenue universelle, la technique est en train d’uniformiser toutes les civilisations : la vraie mondialisation, c’est elle.
  • Il ne peut y avoir de développement technique infini dans un monde fini : les techniques épuisent les ressources naturelles.
  • Plus le progrès technique croît, plus augmente la somme de ses effets imprévisibles.
  • La technique s’est alliée à l’image pour piétiner la parole.
  • La technique a avalé la culture. La technique a créé un nouvel apartheid ; elle éjecte les «hommes inexploitables» et les ravale au rang de déchets humains.
  • La technique prétend fabriquer un homme supérieur, mais supérieur en quoi ?
  • Une seule solution, la révolution ! (mais elle est impossible).

 

                Dans ce livre Ellul est érigé comme un prophète des catastrophes actuelles. Ellul nous dit : attention on est en train de se tromper, lorsque la France est bouleversée par le progrès technique. Il nous prévient que la technique est devenue autonome, que c’est un processus sans sujet, que c’est un système et que l’homme est dépassé par ce qu’il a créé. Ellul ne parle pas directement du nucléaire, des OGM ou des nanotechnologies mais il avait prévu qu’il allait se créer des problèmes de plus en plus inextricables. Il assurait : la technique ne cesse de prétendre à résoudre des problèmes. Mais tout en les résolvants, elle crée de nouveaux problèmes qu’elle promet qu’elle résoudra plus tard. On peut prendre l’exemple du nucléaire. Le nucléaire, à ses débuts, était une énergie formidable, propre, bon marché. Mais cette technique a de petits problèmes et désormais des accidents majeures a son actif (Fukushima 2011, Tchernobyl 1986). On ne sait que faire des déchets nucléaire toujours dangereux des siècles après et on se sait pas démanteler un centrale nucléaire (destruction de tous les composants y compris les réacteurs nucléaires).

1 Jacques ELLUL, « Le bluff technologique » p 118

Sources :

http://www.electropublication.net/systeme-technique.html

 

http://www.franceculture.fr/emission-le-journal-de-la-philosophie-jacques-ellul-l-homme-qui-avait-presque-tout-prevu-nucleaire-n

Design et numérique : comment la CAO est elle en passe de changer la démarche du designer. 2/2

A la recherche d’outils adéquats pour le designer.

En se posant la question des ressources qui s’offrent au designer pour exercer la partie numérique de son activité, nous en sommes arrivés à nous intéresser à des logiciels n’ayant à l’origine rien en commun avec le monde du design. En fait si nous établissions à l’heure actuelle un inventaire des outils numériques les plus utilisés dans la démarche créative du designer nous ne citerions quasiment que des logiciels à l’origine utilisé par l’industrie du cinéma d’animation ou du jeu vidéo.

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En effet, bien avant tout le monde ces deux industries se sont confrontés à la mise sous forme numérique d’objets du quotidien. Concernant l’industrie cinématographique, la création d’objets en image de synthèse a répondu à deux problématiques principales : la demande croissante d’effets spéciaux réalistes dans les films à gros budget (nécessitant le plus souvent des moyens numériques assez conséquents). En parallèle l’apparition du cinéma d’animation totalement réalisé en 3D et qui depuis les débuts de Toy Story en 1995 à laissé peu de part de marché au dessin animé traditionnel.

D’autre part l’essors de l’industrie du jeu vidéo en 3 dimensions avec des environnements toujours plus réalistes s’est vu confronté aux mêmes problématiques que le modélisateur du cinéma d’animation pour mener à bien son travail :
– Recréer des environnement ou objets existants de façon réaliste (Toy Story, Jeux vidéo réalistes)
– Créer de toute pièce des objets ou environnement fantastiques (Avatar, Quake, jeux vidéos et films de Science Fiction)
Bien que ces deux problématiques puissent sembler poreuses à l’heure actuelle, on peut observer que bien souvent les logiciels ont d’abord servit à recréer ce qui existait déjà avant d’offrir la latitude d’ergonomie de créer à peu prés ce que l’on veut.

Plusieurs logiciels d’utilisation assez semblable ont alors fait leur apparition. De 3D studio en 1990 développé par Autodesk elle même mère d’Autocad né en 1980 jusqu’à Zbrush en 2009 en passant par maya ou cinéma 4D. L’apparition de tous ces logiciels est une aubaine pour le designer: la problématique de créer des objets issu de son imaginaire recoupant les problématiques ayant entraîné le développement de ces logiciels.

Ces dernières années ont notamment permit l’émergence de plusieurs moyens de création en image de synthèse assez révolutionnaire sortant du lot du fait qu’ils puissent être intéressant également pour le corps des designer. On peut citer parmi ceux là Zbrush ou mudbox qui permet à l’utilisateur de modeler littéralement la matière comme il le ferait avec un bloc d’argile. Ce rapport quasi tactile à une matière virtuelle pourrait amener à abolir beaucoup de limites en terme d’ergonomie comparé à un logiciel traditionnel.

Je vous invite à aller voir cette vidéo ou un designer crée en très peu de temps (moins de une heure) une maquette virtuelle de voiture. Pour cela il déforme, creuse, étire, fend la matière utilisant les outils numériques offerts par le logiciel Zbrush et pouvant s’apparenter à ceux du maquettiste.

Nous assistons dans cet exemple à un logiciel de niche n’apportant pas forcément toute la rigueur attendue dans les formes mais en revanche une grande intuitivité. Nous allons voir que ces logiciels même les plus traditionnels regorgent de compromis une fois appliqués au monde du design.

Des logiciels cependant non adaptés au métier de designer : causes et évolutions à venir.

En effet, la plupart des logiciels permettent une grande malléabilité de la forme et une certaine dose d’improvisation dans le travail de l’objet sur ordinateur et utilisent un procédé dit de « maillage » s’opposant au procédé dit « vectoriel » et offrant bien moins de possibilité d’erreur ou de modification dans la forme.

En fait, dans les logiciels de l’industrie cinématographique, les concepteurs utilisent des polygones pour représenter la surface qu’ils traitent. L’objet pouvant alors être ramené à une surface ouverte ou fermé est en fait constitué de centaines de polygones joint à leurs sommets. Tous ces surfaces élémentaires pouvant avoir des normales différentes celà permet l’interpolation par le logiciel de la surface pour traiter des reflets et éclairages donnant la profondeur. De plus en subdivisant la surface de nombreuses fois, nous arrivons à un aspect donnant l’impression de planéité ou de surface lisse.

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p16laf9eb4otd6etedj1fki1qhh9D‘autre part des logiciels comme Catia ou Solidworks utilisent un procédé vectoriel de mise en forme. Dans ce cas la surface est définie non pas par les normales des polygones qui la compose mais par les tangentes de ses courbes élémentaires. La différence fondamentale est que la surface est bien plus précise puisqu’elle est définie par des équations de courbe dans l’espace et non plus par un tableau remplis de coordonnées de points. Nous pouvons ainsi savoir par exemple la courbure, le degré de tangence de la courbe et encore bien d’autres paramètres qui sont plus approximatifs avec le maillage.

Pour se donner un point de comparaison, c’est à peu près le même principe qu’en 2 dimensions. Si vous réalisez sous Illustrator une courbe, du fait qu’elle soit vectorielle et non plus composée de pixels comme sous Photoshop vous pouvez la zoomer à l’infini sans atteindre de limite visuelle. A l’inverse il est plus facile de réaliser un joli dessin à l’aide d’une tablette graphique sous Photoshop que sous lllustrator. Ici c’est un peu le même problème !

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Mais quelle problématique nous pose ces deux façons différentes de travailler en image de synthèse ? En fait elle est que la création en vectoriel nous offre beaucoup plus d’avantages quant à la matérialisation par des outils numériques de l’objet tandis que la création en polygonal offre plus de latitude quant à la création.

Evidemment il est simple de convertir un objet vectoriel au polygonal (il suffit de prendre quelques point de sa surfaces et de créer le maillage) et difficile de faire l’inverse du fait de retrouver une équation de courbe. Ceci n’est pas dans le sens de la démarche usuelle qui est de d’abord créer (en maillage) et ensuite matérialiser le tout via des outils numériques (qui utilisent le vectoriel).

En effet, la plupart des outils tant chéris par le designer comme la fraiseuse numérique, l’imprimante 3D, la découpe laser ou le tour numérique nécessite le plus souvent de recevoir des données vectorielles ce qui pose un problème.

Pour exemple, nombre de voitures furent crées en 3D grâce à des logiciels de l’industrie cinématographique donc en polygones puis re-réalisés en 3D vectoriel afin de préparer la chaine de production, la réalisation des moules pour les panneaux de carrosserie, etc…

Ces dernières années bon nombre d’évolutions ont déjà été faites notamment dans le domaines de l’ingénierie avec des logiciels faisant le pont entre 3D, calcul de contrainte et usinage réel de la pièce mais il semble subsister encore ici un problème entre deux corps de métiers. Face à cette aberration, nous pouvons espérer voir par la suite se développer des logiciels laissant plus de maniabilité et de continuité dans de la création en vectoriel facilitant ainsi le travail du designer notamment concernant le maquette de ses projets et son lien avec l’industrie et les ingénieurs.

Il est cependant rassurant de voir que la machine est en route et que certains concepteurs se sont penchés depuis peu sur le problème notamment avec des logiciels tel « 3ds max Design » et en argumentaire :

« Permettre aux artistes et aux concepteurs de concentrer davantage leur énergie sur les aspects créatifs que sur les défis techniques »

« Nos produits reposent sur une technologie de base partagée, mais offrent des jeux d’outils spécialisés dédiés, d’une part aux développeurs de jeux, infographistes, spécialistes de l’animation (…), et d’autre part aux architectes, concepteurs, ingénieurs et spécialistes de la visualisation. »

« Développez des formes organiques uniques. Variez la forme, l’échelle et l’aspect. »

« Visualisez votre conception dans son contexte en ajoutant de la végétation et des objets 3D ; des études du site et une analyse de l’éclairage naturel physiquement précise afin de mieux comprendre et expliquer comment la conception fonctionne dans son contexte. »

nouvelles façons de concevoir plus ou moins radicales se sont développées et restent encore un marché de niche pour le designer en quête de solutions. On peut citer parmi celles ci la possibilité qu’offre certain logiciels de dessiner en 3D à l’aide d’une tablette graphique évoluée ou encore le scannage 3D de visage pour réaliser des formes d’objet (Entreprise Sculpteo) Ces solutions novatrices sont tant de recours à la méthode traditionnelle du designer lui ouvrant des portes peut être non envisagées jusqu’à présent.

 Dans la suite de ce paragraphe j’ai interviewé Johann DaSiviera (mélant des propos de Denis) . Responsable et enseignant des outils du numériques à l’ENSCI – Les ateliers sur différentes questions en lien avec notre problématique :

 Utilisez vous l’outil informatique dans votre travail, si oui à quelle étape du procéssus de création si non pourquoi ?

JD : Oui à quasiment toutes les étapes du processus de création a savoir je démarre sur papier. Juste après les premiers croquis jusqu’a validation des dimensions et des assemblages des pièces prototypées puis la production de celles ci

Quels sont les avantages et inconvénients relativement à votre travail de la CAO ?

JD : Avantages multiples : Je dirais que le principal est la très très grande précision que l’on obtient, beaucoup plus importante qu’en maquettage manuel par exemple.  La possibilité de produire à partir d’un seul et même fichier : de l’image du plan et des dessins d’assemblage. Tout plus précisément ! Cela fait gagner du temps !

Pensez vous que le designer à l’heure actuelle se doit d’etre familier avec cet outil ou le papier et crayon font-ils bien l’affaire?

JD : Oui je pense que le designer se doit d’y être familier parce que c’est quelque chose qui devient très courant aujourd’hui dans le monde de la création, de la conception. Les outils de CAO sont arrivés pour nous simplifier la vie,  avant tout était fait sous papier et une modification entrainait une perte de temps. La CAO paramétrique permet notamment de se défaire de toutes ces contraintes.

Pensez vous que cet outil puisse être utilisé en phase de création pure comme alternative au dessin, pourquoi.

JD: Non je ne pense pas que cela puisse être utilisé en phase de création pure car la perception de la 3D est altérée. L’écran d’ordinateur aplatit la vision et l’esthétique des objets.

JD: Je dessine d’abord et après avoir trouvé des bonnes courbes je dessine en 3D. On perd les proportions sinon. En étant focus sur une 3D sans dessins papiers on part dans l’espace sans repères c’est fini.

( Si non, est-ce que l’ergonomie du dit logiciel constitue une barrière – un frein a une utilisation intuitive ? )

JD: Je ne sais pas si cela vient de l’ergonomie du logiciel, je ne suis pas forcément à l’aise par exemple avec les tablettes graphiques mais ce sont des outils qui ne conviennent pas à tout le monde. Par exemple on m’a offert une sourie 3D, j’ai bossé dessus pendant 3 semaines mais je n’ai pas accroché. C’est un outil sensé te faire gagner 50% de productivité mais m’ayant quand même forcé, j’ai arrété son utilisation au bout d’un mois, ce n’était vraiment pas fait pour moi.

La souris d’ordinateur est un peu archaïque mais c’est ultra ergonomique. On le voit avec les jeux vidéo mais c’est pareil dans le boulot. Il y aura toujours de nouveaux outils : tablette graphiques, souries 3D, etc. mais la souris en terme d’ergonomie et polyvalence est indétrônable.

Outre retranscrire les idées, vous est-il arrivé d’en avoir grace à la CAO elle même (appréhension des formes dans l’espace stimulant la créativité, etc…)

JD: Toutes les premières idées se font sur papier. Dessiner en 3D pure dans la perception des volumes et des proportions est difficile. Quant on dessine on perçoit les proportions sur la feuille A4. Par contre il se passe des choses effectivement en 3D par exemple en design génératif mais pouvons nous dire que cela touche à la créativité ou à des algorithmes de programmateurs?

La 3D ne développera pas la créativité selon moi mais donne des idées quant à la conception mécanique et technique de l’objet. Quand tu crée tes éléments tu perçois les systèmes d’assemblages possibles, emboitement, vis, etc…

DIDIER : Cela ouvre le langage formel des objets de façon notable. De notre génération on était excessivement limité par la capacité des outils. Le numérique a ouvert un espace formel nouveau notamment l’outil iconoclaste Rhino. Je trouve ça génial car ça a détruit les registre formel et à amené à développer de nouveaux outils adaptés (imprimante 3D, découpe Laser). C’est formidable !

 Qu’apporte l’avenir ?

JD: Du coté du numérique on a une ouverture qui permet au grand public d’appréhender des logiciels ou des algorithmes complexe à partir d’une simple application (sur Ipad par exemple). En réalité ce qui est bien c’est qu’entre l’écran d’un ipad et ce que tu y dessine par exemple, il n’y a rien ! Cela rend beaucoup plus accessible les choses complexes de l’ordinateur professionnel. Par contre cela n’aura pas la précision de la CAO. Modéliser : oui demain, même aujourd’hui on voit des applications mais qui sont loin d’être aussi précises que la CAO

Que penses-tu du logiciel de CAO idéal pour le designer 

JD: Tspline par exemple est pas mal : Il mêle technique de modélisation de cinéma 4D tout en générant de la polysurface. Le problème c’est qu’en maillage on a pas une précision au centième par exemple ou de tangence sur les courbes. C’est là le gros problème. Sinon le petit intermédiaire qu’est rhino  est un peu à mi chemin c’est pour ça qu’il est prisé à l’ENSCI. Grass hoper est également bien utile notamment dans le générative design : pouvoir générer des géométries très complexes a partir de formules : reste à savoir la part de créativité du designer là dedans.

II)               Les usages actuels de la CAO au service de la création.

De nos jours, et malgré les problèmes que peut rencontrer le designer dans sa relation avec l’outil numérique, l’utilisation de logiciel de CAO est tout de même largement répandue.

Son utilisation joue notamment un rôle primordial lorsque l’on souhaite associer les deux mots « Esthétique » et « Défi technique » transformant le tout en un « défi technologique ».

En effet que ce soit en architecture ou les calculs de contraintes sont la clef de la faisabilité ou bien en design industriel ou se pose plus que tout la question de l’industrialisation de la forme, l’outil informatique joue un rôle majeur.

Stade de Pékin – 2008 dit « le nid d’oiseau »

Visualisation originale du projet du stade de pékin sous catia

Le de Pékin (Nid d’oiseau) réalisé à l’occasion des jeux olympiques d’été de 2008. Sa construction largement médiatisée à fait appel au logiciel Catia de Dassault Système pour l’étude de faisabilité et les calculs de contraintes de cette structure particulière.

D’autre exemples parmi les plus impressionnantes constructions actuelles renforcent le statut de la CAO en construction tel le site de Ground Zero à New York ou encore la tour Burj Khalifa (le plus haut bâtiment au monde) à Dubai, pour n’en nommer que quelques uns.

D’autre part, la place de la CAO n’est pas non plus remise en question en design industriel. Bien que plus du travail de l’ingénieur en aval de celui du designer, l’outil numérique permet de juger de nombreux facteurs important tant pour l’utilisateur que pour l’entreprise. Parmi ceux ci : la faisabilité du produit, son bon fonctionnement, le dimensionnement précis des pièces, l’économie de matière, la durée de fabrication mais également le coût pour l’entreprise.

On peut citer parmi les entreprise ayant un service de design intégré et se servant de la CAO les secteurs aéronautiques, nautiques et automobiles mais aussi ceux de l’horlogerie, du médical ou de l’alimentaire : PSA, Dassault système, Wally, Rolex, Evian, etc.

Dassault Falcon réalisé sous CATIA V5 et présenté lors d’une convention à Genève.

 En conclusion l’usage de l’outil informatique s’est largement rependu au cours de ces deux dernières décennies dans tout un tas de domaine. Outre son utilisation dans le secteur primaire, son évolution et facilité de prise en main lui a permit de s’ouvrir  au secteur secondaire où esthétique et fonctionnalité joue un rôle clé.

Références :

Articles wikipedia :

Autres sites internet et document PDF en ligne :

LES LIMITES DU TERRITOIRE NUMERIQUE

Si le numérique a permis aux différents territoires, ici aux régions, de disposer d’une plus grande liberté d’action, d’augmenter leur visibilité, d’être plus attractives, ou encore de réduire certaines inégalités entre-elles, il serait déraisonné de croire à une harmonisation parfaite des ces territoires par le numérique. En effet, il existe de nombreuses limites au développement des régions par ce seul levier.

La première limite, et aussi la principale est liée aux inégalités entre régions. En effet, le budget des régions dépend de nombreux facteurs, notamment la population, le territoire, les infrastructures dont elle dispose, le nombre de lycées … Ce budget va ensuite permettre d’innover, si elle le souhaite, mais surtout de faire fonctionner les infrastructures qui sont sous sa responsabilité. Cependant, pour une région plutôt rurale avec une densité de population plus faible, le challenge du développement par le numérique va être beaucoup plus ambitieux à relever. En effet pour être attractive en complément du numérique, elle va devoir conserver et maintenir les services publics nécessaires à la vie des gens sur place, a savoir les institutions éducatives, les établissements de santé, les infrastructures locales, les services à la personne en milieu rural et d’autres exemples, tels que le bus scolaires…« Les TIC peuvent favoriser la convergence entre la logique économique et les intérêts du territoire, à condition de renforcer et de valoriser les atouts et compétences de celui-ci : face aux entreprises en réseau, les “territoires en réseau” se doivent d’être mieux maillés, plus musclés, afin de favoriser les coopérations entre acteurs, de formaliser une vision commune de l’intérêt général et de trouver des chemins pour y parvenir (la formation, les infrastructures, les services de proximité, etc.). », in INTERNET ACTU, Le défi numérique des territoires : les questions numériques sont-elles politiques? , Jacques-François Marchandise, 2007.

La seconde limite est mise en évidence par une autonomie de plus en plus attendue de la part des régions. En effet, si ces territoires deviennent autonomes, ils seront seuls décideurs des politiques à mener et de la répartition du budget selon leurs priorités. Dans ce cas, et avec des élus pouvant êtres de familles politiques différentes, le choix d’une politique numérique peut être considéré de plus ou moins grande importance. Menée en décalage avec d’autres régions, cela peut créer des inégalités importantes. On obtient alors des régions en retrait par rapport à d’autres, qui elles, sont beaucoup plus attractives. On peut citer l’Auvergne, le Limousin, ou encore la Bretagne, qui ont su être visionnaire par rapport au numérique et s’entourer d’acteurs pour mettre en place leur politique et les rendre pérennes. C’est le cas des travaux menés entre le Conseil Régional de Bretagne et DTA (Design Territoire Alternatives) sur la question du « Numérique Populaire » lors des ateliers participatifs des Etés TIC à Rennes par exemple.

http://www.design-territoire-alternatives.fr/DTA/etesTIC2011.html

Une autre limite, et non des moindres, reste l’attractivité de la capitale. Dans un système centralisé, où les infrastructures ferroviaires et routières convergent vers Paris, on remarque qu’une grande partie de l’activité, et donc des emplois, se trouve en milieu urbain. Cela prévaut malgré les subventions versées aux entreprises pour s’implanter hors Ile-de-France par exemple. De plus, 90 % de la population vit « à la ville » malgré des conditions de vie plus difficiles et un confort inférieur à celui auquel ils pourraient prétendre en milieu rural. L’attractivité des grandes villes via l’offre culturelle, l’ouverture à l’international, la vie nocturne, ou encore des services plus performants, reste encore un atout très fort. Le fait que les récentes propositions encourageant les jeunes médecins à s’implanter dans les « déserts ruraux » aient fait polémique le prouve, tous ne sont pas prêts à venir s’installer à la campagne. Enfin, avec l’essor du prix des carburants et leur raréfaction, le choix du rural devient de plus en plus difficile.

La dernière limite que j’évoquerai concerne le profil de personnes à qui s’adresse le territoire numérique et notamment le « New Deal » en Auvergne. Les régions ont investi en faveur du numérique afin d’offrir de nouveaux horizons à leurs habitants, mais pas seulement. En effet, le territoire numérique constitue un moyen de se démarquer et par ce biais, d’attirer de nouvelles entreprises et donc de nouveaux habitants. En ce qui concerne le « New Deal » par exemple, on remarque que les emplois recherchés sont très ciblés autour de l’industrie et de l’ingénierie par exemple et beaucoup moins par rapport aux arts, au spectacle, ou encore à la santé. Cette très forte spécialisation de l’offre peut constituer un atout lorsque la demande est élevée mais peut également devenir un handicap si la demande évolue.

 

En conclusion, on constate que numérique et territoire sont deux notions complexes. La première, bien qu’elle soit invisible, structure aujourd’hui une grande part de nos échanges, qu’ils soient professionnels, personnels ou politiques. Elle est devenue incontournable pour comprendre le monde dans le quel nous vivons et les différents rapports de force qui y sont en présence. Elle confère un grand pouvoir à qui sait comment l’utiliser. La seconde notion, celle du territoire, est tout aussi ambigüe puisque multifactorielle. C’est un domaine rassemblant des êtres humains, des espaces, des entreprises, des compétences, des capitaux et des possibles … La conjugaison de ces deux éléments, numérique et territoire, peut s’avérer très fructueuse lorsqu’elle est mise en place de manière intelligente, innovante et collective. En effet pour bien fonctionner, elle ne doit pas être déconnectée des habitants de ce même territoire, et doit donc être mise en œuvre pour mieux les servir, tout en conservant les services déjà présents.

Cependant il est pourtant difficile de parler d’une harmonisation des territoires car le numérique révèle et génère également de nouvelles inégalités. Cette harmonisation n’est que partielle pour les raisons évoquées comme limites ci-dessus. Les différents territoires devront donc encore redoubler d’efforts pour tenter de contrer ces disparités et de rattraper leur retard.

Il paraît inconcevable aujourd’hui incontournable de pérenniser la relation entre ces deux entités afin de faire de nos citoyens de véritables acteurs du monde qu’il soit économique, social, alternatif, ou encore revendicatif.

LE POUVOIR DES TERRITOIRES NUMÉRIQUES

Pour lutter contre l’enclavement territorial, certaines régions françaises ont choisi le numérique. On les appelle les « territoires en réseau ». Selon Pierre Musso, « il est devenu banal de constater cette omniprésence et omnipotence du Réseau, pour en souligner tantôt les bénéfices, tantôt les menaces. », Critique des réseaux, p. 5.

A l’heure des TIC, le réseau est invisible et pourtant il est bien réel et partie prenante des flux que nous générons. Aujourd’hui, les territoires numériques disposent d’une couverture internet haut-débit, d’un tissu d’entreprises important à l’échelle locale et pouvant être regroupés sous la forme de cluster tels que Auvergne TIC.

 

QU’EST-CE-QUE LE RÉSEAU ?

COMMENT IL ASSOIT LE POUVOIR DES TERRITOIRES NUMÉRIQUES ?

 

Selon Pierre Musso, le réseau serait au sein d’un clivage Nature/Culture. En effet, « l’aspect artificiel de la figure du réseau proviendrai du fait qu’il est tout d’abord question d’une technique : d’abord artisanale, associée au tissage, puis de techniques de plus en plus mécanisées et industrialisées », tels les « réseaux technologiques de communication cybernétiques et les autoroutes de l’information, en passant pas les réseaux de communication industriels développés au XIXème siècle, comme le chemin de fer. L’aspect naturel que Pierre Musso met également en avant, résiderait dans le fait que le réseau est associé et appliqué conceptuellement à un organisme biologique (le plus souvent le corps humain). », in Critique des réseaux, Pierre Musso (PUF 2003) ou la mort annoncée de la figure du réseau, Zetlaoui Tiphaine, In: Quaderni. N. 52, Automne 2003. Secret et pouvoir : les faux-semblants de la transparence. pp. 123-128.

Difficile à appréhender, le réseau dit « naturel » serait lié à la représentation du corps humain. Quant au réseau dit « artificiel », il serait une technique. « Ainsi, le réseau aurait permis de penser le futur social, mais aussi de se représenter l’organisme humain. », in Critique des réseaux, Pierre Musso (PUF 2003) ou la mort annoncée de la figure du réseau, Zetlaoui Tiphaine, In: Quaderni. N. 52, Automne 2003. Secret et pouvoir : les faux-semblants de la transparence. pp. 123-128.

Autrement dit, nous allons nous intéresser au réseau « artificiel », lié à la technique, comme moyen. Le réseau va rendre possible la mise en place « des moyens numériques au service des projets des territoires, des politiques publiques, des initiatives privées, des besoins des habitants. (…) Il a vocation à être intégré aux démarches structurantes et à soutenir les dynamiques de projets des territoires. », in INTERNET ACTU, Territoires : le développement numérique à l’heure de la maîtrise collective, Jacques-François Marchandise, 2005.

Ici, le réseau est le vecteur permettant de connecter différents acteurs de la vie économique, sociale et politique. Il est au sein des enjeux de pouvoirs du territoire qu’il structure. En effet, on note que les échanges numériques utilisés entre professionnels, ou entre particuliers, ont aussi fait leur apparition dans les administrations. Le réseau va alors permettre la création et la diffusion de multiples services, qu’ils soient à l’initiative des administrations elle-même (déclaration de l’impôt en ligne) ou de jeunes entrepreneurs (Babelio, covoiturage.fr …).

La déclaration de l’impôt en ligne, mise en place par les administrations, a un double but. Certes, elle facilite les démarches de l’usager, mais surtout, elle est un gain de temps précieux, et une économie de moyens : moins de papier, moins de personnel, et donc une réduction des coûts. Dans ce cas précis, l’administration a su se saisir de l’un des possibles numériques et en faire la source d’un autre type de pouvoir, dans la continuité de celui qu’elle possédait auparavant et servant aussi ses propres intérêts.

Ex-Libris, quant à lui, fonctionne de manière très différente. C’est un projet de diplôme réalisé à l’Ensci par Adrien DEMAY. Il démontre comment, à l’échelle locale, on peut grâce au réseau, mettre des livres en ligne, et ainsi obtenir une bibliothèque connectée et partagée. C‘est « un ensemble d’outils et de dispositifs symbiotiques visant à mettre en valeur les ressources bibliographiques locales, faciliter l’expérience de la lecture et encourager l’échange de livres entre habitants. », in Ex-libris : le livre entre bien commun et propriété, Adrien DEMAY. La plateforme Ex-Libris a donc de multiples atouts pour les usagers et pour l’administration même. Elle propose une réponse à un manque d’infrastructures liées au livre en milieu rural que les territoires ne peuvent combler. Ex-Libris vient alors créer une alternative indépendante, beaucoup plus souple pour les usagers. On assiste alors à la naissance d’un nouveau pouvoir dit « numérique », qui est le résultat de l’appropriation de l’outil numérique par tous. Ce projet a été élaboré avec le soutien de Babelio, un site de livres en ligne existant.

http://www.babelio.com/

Le pouvoir des territoires numériques est un pouvoir à l’image de la figure du réseau, c’est à dire un pouvoir partagé. Les différents pouvoirs en présences sont mieux répartis, et cela entre les différents acteurs. Malgré les tensions, ils se complètent parfois, pour offrir un meilleur service, plus diffus, plus accessible et moins rigide.

Le transhumanisme: ce qui est possible n’est pas toujours souhaitable

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Le transhumanisme
Ce qui est possible est-il toujours souhaitable ?

 

 

Sommaire

Qu’est que le transhumanisme ?

Passage de l’homme au posthumain.

État de l’art : aujourd’hui ou en est on ?

Qui sont les acteurs du transhumanisme?

Innovation très controversée : extrait des arguments des partis

 

Qu’est ce que le transhumanisme ?

Dans cette partie je m’attacherais à définir la notion de transhumanisme pour pouvoir ensuite m’intéresser aux problématiques liées à l’intégration du numérique dans le corps humain. Tout d’abord qu’est ce que le transhumanisme ?
Le transhumanisme est un mouvement intellectuel qui prône l’amélioration des caractéristiques physiques et mentales des êtres humains grâce a la science et à la technique. Les transhumanistes considèrent certains aspects de la condition humaine indésirables et trouve dans le transhumanisme un moyen d’y mettre fin (handicap, souffrance, maladie, vieillissement, mort).
Initialement, l’humaniste cherche à exploiter la raison, la science et la technologie afin de contrer  la pauvreté, la maladie, le handicap et l’insuffisance alimentaire dans le monde. Le transhumaniste, lui, porte un intérêt particulier a l’application des techniques pour l’amélioration du corps humain a l’échelle individuelle, a la qualité du vivant en général, à l’élimination des barrières congénitales du physique et du mental.
Les philosophes transhumanistes pensent qu’il existe un impératif éthique de perfectionnisme: les hommes s’efforcent au progrès et à l’amélioration de leur condition. Ils soutiennent également qu’il est possible et souhaitable que l’humanité entre dans une ère transhumaine, où les humains auront le contrôle de leur évolution. Dans une telle ère, l’évolution naturelle serait remplacée par une transformation délibérée.

« Le transhumanisme est une classe de philosophies ayant pour but de nous guider vers une condition posthumaine. Le transhumanisme partage de nombreuses valeurs avec l’humanisme parmi lesquelles un respect de la raison et de la science, un attachement au progrès et une grande considération pour l’existence humaine (ou transhumaine) dans cette vie. […] Le transhumanisme diffère de l’humanisme en ce qu’il reconnaît et anticipe les changements radicaux de la nature et des possibilités de nos vies provoqués par diverses sciences et techniques […]. » (Max More)
« Le mouvement culturel et intellectuel qui affirme qu’il est possible et désirable d’améliorer fondamentalement la condition humaine par l’usage de la raison, en particulier en développant et diffusant largement les techniques visant à éliminer le vieillissement et à améliorer de manière significative les capacités intellectuelles, physiques et psychologies de l’être humain. L’étude des répercussions, des promesses et des dangers potentiels de techniques qui nous permettront de surpasser des contraintes inhérentes à la nature humaine ainsi que l’étude des problèmes éthiques que soulèvent l’élaboration et l’usage de telles techniques. » (The Transhumanist Declaration)
 
Pour modifier le corps ils s’appuient sur différentes sciences et techniques :
•    Nanotechnologie: ensemble des études et des procédés de fabrication et de manipulation de structures électroniques et chimiques à l’échelle du nanomètre.
•    Biotechnologie: application des principes scientifiques et de l’ingénierie à la transformation de matériaux par des agents biologiques (mariage entre la science des êtres vivants et la microbiologie, la biochimie, la biophysique, la génétique, l’informatique…).
•    Techniques de l’information et de la communication: techniques utilisées dans le traitement et la transmission des informations, principalement de l’informatique, de l’internet et des télécommunications.
•    science cognitive: ensemble de disciplines scientifiques dédiées à la description, l’explication des mécanismes de la pensée humaine, animale ou artificielle (perception, intelligence, langage, raisonnement, conscience).
•    Intelligence artificielle forte: recherche de moyens susceptibles de doter les systèmes informatiques de capacités intellectuelles comparables à celles des êtres humains.

Les transhumanistes s’engagent dans des approches interdisciplinaires pour comprendre et évaluer les possibilités de dépasser les limitations biologiques. Ils s’appuient sur différentes disciplines afin d’éviter les dérives liées au transhumanisme:
•    Bioéthique: normes morales applicables aux sciences du vivant et proposant certaines règles et certaines postures face a d’éventuels dilemmes.
•    Futurologie: élaboration de différents scénarios possibles de l’avenir a partir de données technologiques, économiques ou sociales du passé et du présent ainsi que des techniques et des modèles scientifiques.
•    Nanoéthique: étude et développement des techniques mettant en œuvre des procédés nanométriques impliquant a la fois des aspect chimiques, physique et biologiques et notamment modifier a l’échelle de l’atome (nanotechnologies).
•    Roboéthique: éthique appliquée à la robotique, utilisée pour guider la conception, la construction et l’utilisation des robots.

Il existe plusieurs sous catégories de courant de pensées dans le transhumanisme. Par exemple les Extropiens qui récusent l’entropie (le désordre va toujours croissant), inéluctable processus qui conduit l’univers à sa désagrégation, et annonçent l’avènement imminent d’une nouvelle espèce. Ou les  partisans de la Singularité, telle qu’énoncée par Ray Kurzweil. L’informaticien et futurologue anticipe l’avènement imminent d’une super-intelligence qui rendra celle des hommes obsolètes. D’après lui, nous sommes à la veille d’un saut technologique reposant sur la croissance exponentielle de la puissance de calcul des ordinateurs. «La Singularité, écrit Kurzweil est une période future où le rythme des changements technologiques sera si rapide et son impact si profond que la vie humaine sera transformée de manière irréversible.»

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(Schéma de Marc Roux, président de l’association française de transhumanisme, http://www.newsring.fr/planete-sciences/330-ethique-faut-il-condamner-le-transhumanisme)

Mais pour les trans humanistes, la trans humanité n’est qu’un état de transition vers une posthumanité qui serait, pour eux, la finalité de leurs recherches et qui ce caractérise par l’intégration achevée des technologies transhumaines. Ils prônent l’avènement d’une posthumanité radicale, pouvant s’installer progressivement, ou surgir très rapidement et de manière imprévue par le biais d’une singularité technologique.

Pour certains, la transhumanité serait le salut de l’espèce humaine, l’évolution inéluctable de l’homme, la façon de corriger toutes les imperfections du corps humain. Pour d’autre ce serait plutôt un facteur de l’accroissement des inégalités entre les populations, une façon de nier l’humain, d’éteindre notre espèce en ne créant que des hybrides dépourvue de conscience…

Passage de l’homme au post humain.

Lorsque l’on parle de transhumanisme on parle d’homme augmenté, d’homme bionique, de transhumain, de posthumain…
Qu’est ce qu’un homme augmenté ? Augmenter leurs performances à toujours été un sujet de recherche pour les hommes. A  la préhistoire, l’homme était augmenté par sa lance qui lui permettait de tuer à distance. De nos jours, nous sommes également augmentés : par nos téléphones qui nous permettent de communiquer à distance, internet qui nous permet de trouver des informations n’ importe où, notre voiture qui augmente notre vitesse de déplacement… Le numérique nous permet de repousser encore les limites de la condition humaine avec les recherches faites sur l’homme bionique.
Qu’est ce que l’homme bionique? L’homme bionique, c’est l’utilisation d’éléments cybernétiques pour remplacer des membres malades ou amputés ou bien pour améliorer les caractéristiques physiques ou mentales de l’humain.
A l’origine des recherches ont été  menées sur l’intégration de la technologie dans le corps humain pour compenser un handicap. Par exemple, l’implant cochléaire permet aux sourds d’entendre à nouveau : un micro fixé derrière leur oreille capte les sons et les transforme en signaux. Un transmetteur, placé sous la peau transforme à son tour ces signaux en impulsions électriques et les transmet directement dans les nerfs du cerveau. Mais rapidement l’ambition de « réparer l’homme » est devenu celle «  d’augmenter l’homme ».
Qu’est ce qu’un transhumain ? Un posthumain ? Les posthumains sont le but des transhumanistes : l’homme du futur qui se façonnera lui-même grâce à la technologie. Être résistant à la maladie et imperméable à l’âge ; avoir une jeunesse et vigueur éternelle ; exercer un contrôle sur ses propres désirs, ses humeurs et ses états mentaux ; être capable d’éviter des sentiments de fatigue, de haine, ou d’énervement pour des choses insignifiantes ; avoir une capacité accrue pour le plaisir, l’amour, l’appréciation de l’art, et la sérénité ; expérimenter de nouveaux états de conscience que les cerveaux humains actuels ne peuvent atteindre. Les Post-humains pourront être de complètes intelligences artificielles, ou bien des téléchargements améliorés ou encore le résultat d’améliorations bien plus petites mais cumulativement importantes de l’humain biologique. Les premières représentations du post-humain sont directement tirées de l’imaginaire de la science-fiction, notamment du cyberpunk, où apparaissent des humains « connectés », surchargés de prothèses en tout genre, mi-hommes, mi-machines.
Le terme « Transhumain » se réfère à un état intermédiaire entre l’humain et le Post-humain. Diminutif pour « Humain de Transition » il désigne la première manifestation de nouvelles évolutions de l’être humain par la technologie.

Humain

Transhumain

Posthumain

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Très bonne vidéo d’infrarouge sur le transhumanisme :

http://www.youtube.com/watch?v=rW_4Mhe6mBQ

État de l’art : Aujourd’hui où en est-on ?

 

De nombreuses recherches  sont menées et abouties sur des façons de réparer l’homme grâce à la technique et à la science. Maintenant de plus en plus de recherches visent à augmenter l’homme en intégrant directement dans son corps des éléments cybernétiques. En parallèles à tout cela des théoriciens et des chercheurs étudient des utopies transhumanistes. Nous allons voir un panel de pratiques, de recherches et d’utopies transhumanistes afin de comprendre un peu ou nous en sommes.

Pratiques couramment utilisées
Certaines pratiques transhumanistes sont déjà parmi nous sans que nous y fassions attention au quotidien. Actuellement la plupart ont pour but de réparer l’humain : on créer des jambes et des bras articulés pour les personnes amputées, on rend l’ouïe a des sourds grâce a des implants cochléaires, on aide leur cœur à battre avec des pacemakers, on rend la vue avec des yeux bioniques (minuscule caméra placée dans l’orbite et reliée au nerf optique)… Il est bon de noter que de telles prothèses sont déjà plus ou moins couramment utilisées mais qu’elles ne sont qu’au début de leur évolution et que d’autres recherches sont en cours pour les rendre encore plus efficaces.
Dans cette vidéo par exemple un jeune homme amputé s’est fait greffer un bras bionique relié aux nerfs de sont épaule (il peut le contrôler grâce a la pensée comme un bras véritable) :   http://www.youtube.com/watch?v=QwgZGZK0574

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http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/robotique/d/la-premiere-prothese-de-bras-robotisee-controlee-par-la-pensee_43369/#xtor=RSS-8

Recherches et expérimentation sur de nouvelles pratiques transhumanistes visant a augmenté les capacités humaines :
D’autre recherches, celle-ci au stade d’expérimentation sont menées : implant permettant d’augmenter la mémoire, manipulation de bras a distance…
Des recherches sont également menées sur le développement des micro-générateurs qui permettent de récupérer de l’énergie dans le corps humain pour alimenter les prothèses (utilisé aujourd’hui seulement pour les pacemakers).
Voici l’exemple de lentilles de contact bioniques :

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Cette lentille bionique permettrait à terme d’accéder à ses e-mails, voir la météo, faire un zoom sur un objet… Toutes ces informations seraient visibles en surimpression sur la vision normale.
L’homme n’est pas encore prêt à se sectionner volontairement un membre sain pour le remplacer par son équivalent bionique afin d’améliorer ses performances, les scientifiques font donc des recherches sur des technologies d’amélioration bioniques amovibles en parallèles de recherches sur les yeux bioniques.

Utopies
Si aujourd’hui ces prothèses nous paraissent révolutionnaires et incroyables, les transhumanistes visent une modification du corps encore plus radical laissant une très large place aux éléments cybernétiques, imaginant parfois même des scénarios sur la dématérialisation du corps et la mise en ligne de la conscience. Elles sont fortement inspirées et ont inspirées la science fiction et le mouvement cyberpunk et sont très variables selon ceux qui les imaginent.
Par exemple, l’uploading est le thème du livre la Cité des permutants, de l’Australien Greg Egan, qui imagine qu’il sera un jour possible de simuler son cerveau sur un ordinateur pour le faire vivre dans un monde virtuel pour l’éternité. On retrouve ce principe dans les films avatar et matrix, mais l’uploading est aussi le sujet de recherche de chercheurs sur l’inteligence artificielle comme par exemple Marvin Minsky ou Hans Moravec, l’un des concepteurs de la robotique intelligente.

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( image extraite du site: immortalhumans.com/russian-scientists-says-human-immortality-in-year-2045/)

Un chercheur et millionnaire russe, Dmitri Itskov, a lancé des recherches ayant pour but de réussir à désincarner nos esprits conscients et à les télécharger vers un hologramme – un avatar – d’ici à 2045 et d’ainsi atteindre l’immortalité en supprimant les contraintes physiques présentées par notre corps biologique. L’idée, comme vous pouvez le voir ci-dessus, est de désincarner l’esprit humain afin d’arriver à un corps futuriste : tout d’abord un robot humanoïde (cyborg) entièrement contrôlé par un cerveau humain par l’intermédiaire d’une interface cerveau-machine, puis le cerveau humain conscient est téléchargés (sans la matière grise bien sûr) vers un ordinateur, on sera toujours capable d’utiliser ce corps bionique, et enfin un hologramme qui contient une pleine conscience humaine.

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( illustration extraite du site: http://www.mesacosan.com/sciences-et-techniques/le-transhumanisme-en-france-a1835.html)

Qui sont les acteurs du transhumanisme ?

 

Le mouvement transhumaniste est vu comme une immense toile, un vaste réseau, plus ou moins actif, plus ou moins dense, décomposé en sous groupes idéologiques s’affranchissant des logiques hiérarchiques.  Des personnes de niveaux sociaux, de professions, de cultures très différentes en font partie. Mais qui sont donc les acteurs du transhumanisme ? Et comment pense le trans-humaniste à l’heure de l’hyper science, du consumérisme individualiste et de l’économie de marché mondialisé?

Dans cet article, je tenterais d’exposer la nature d’une minorité active, celle des trans-humanistes. Les personnes composant ce mouvement reflètent la situation conflictuelle de l’espèce humaine face à l’ampleur que prend, petit a petit, les sciences, la technique et la technologie dans notre quotidien.

Localisation géographique des principaux acteurs du transhumanisme

Le transhumanisme (« dépassement de l’imparfaite espèce humaine par une cyber-humanité » (Jean Pierre Dupuy, philosophes des sciences)) ce retrouve principalement dans les pays occidentaux les plus industrialisés. La Silicon Valley est l’un des pôles géographiques les plus réceptifs aux discours sur le posthumain (le transhumanisme étant né en Californie, là où Gregory Bateson, père de la cyberculture, conduisit des recherches associant la cybernétique aux sciences sociales).

Selon une étude (présence sur Internet, recherches scientifiques menées…) du site sens-public.org la Chine, le Japon, l’Inde ou encore le continent africain sont, pour l’instant, très faiblement réactif à ce mouvement. Cela est en partie lié à la culture mais également au niveau de développement d’un pays.

Parmi ces pays du « Nord » occidentaux, les pays anglo-saxons (plus particulièrement les États-Unis, le Royaume Uni et les pays du Commonwealth) sont très actifs.  Dans d’autres pays développés, l’actualité du transhumanisme est parfois reléguée au plan de « fantasmes infantiles voir dangereux ».

Ainsi donc les critères de la culture et du développement influent sur le développement du transhumanisme. Soulignons pourtant qu’avec internet comme vecteur de communication, le critère géographique n’est pas déterminant en soi : le transhumanisme est une idéologie « déterritorialisée ».

Quels types de personnes forment le mouvement trans-humaniste ? 

Quelle est leur profession ? Leur niveau social ?

Le transhumanisme est constitué d’une base sociologique hétéroclite : il touche des personnes venant de milieux très différents. Cette différence influe sur leur rôle au sain du mouvement. Ils sont susceptibles d’être appréhendés en plusieurs catégories :

  • les leaders (dont le profil varie peu) : ce sont des universitaires, des chercheurs indépendants, généralement des scientifiques mais également des théoriciens. (par exemple Marc Roux, Jean Michel Besnier…). Ce sont eux qui structurent le mouvement transhumaniste en publiant des essais, ouvrant des débats sur le sujet et faisant avancer les recherches pour passer de la fiction à la réalité.
  • les auditeurs (public varié) :
    • nerds, geeks et cyberpunks : ce sont des personnes passionnées et obnubilées par des sujets liés aux sciences (notamment les mathématiques, la physique et la logique) et aux techniques. Ce sont généralement des passionnés utopistes qui nourrissent l’imaginaire trans-humaniste.
    • Cybercitoyens : citoyens curieux du mouvement et du message relayé ce tenant informé des avancés transhumanistes et véhiculant leurs messages.
    • Les personnes implantées : personnes faisant appel au transhumanisme, afin de contrer leur handicap par exemple, et qui permettent de faire avancer les recherches en portant les premières prothèses bioniques (bras robotiser…). Elles contribuent également a faire entrer l’utilisation de certaines pratiques transhumanistes dans les mœurs (pacemaker, implants cochléaires…).
  • Les personnes apportant les fonds nécessaires aux recherches : appartenant à des horizons très différents, leur rôle de mécène permettent l’avancement des recherches. Leurs motivations peuvent être diverses :
    • Particuliers richissimes : bien que minoritaires,  certaines personnes extrêmement riches financent les recherches sur le transhumanisme soit par passion pour le mouvement soit par intérêt personnel, comme par exemple la quête de l’immortalité pour le millionnaire russe Dmitri Itskov.
    • L’armée : voyant dans le transhumanisme un moyen d’augmenter la puissance de son pays et d’être plus à même d’en protéger les citoyens, l’armée finance des recherches sur l’inclusion de la technologie dans leurs stratégies militaires. De plus les pays développés se mesurent les uns les autres sur le plan de l’avancé technologique : chaque pays cherche à avoir le plus de cartes en main pour une meilleure protection. Enfin les prothèses bioniques apparaissent comme un bon moyen de guérir des anciens soldats, victime de la guerre (mines, blessures par éclats d’obus…).
    • Entreprises et grandes filiales : conscientes de l’ampleur que prend petit a petit le transhumanisme, les grands groupes industriels participent aux recherches sur les augmentations bioniques et produisent également les éléments nécessaires aux augmentations bioniques afin de garder la tête du marché : une entreprise qui n’innove pas, c’est une entreprise qui coule !
  • L’état : il joue un rôle de modérateur entre les différents acteurs du transhumanisme en faisant passer, après de long débats, des lois visant a éviter les dérives liées au transhumanisme (loi contre les manipulation génétiques humaine comme le clonage par exemple). Ce rôle est pour l’instant mineur mais tendra surement a ce développer dans les années a venir.                                           « L’État français n’a pas compris l’impact d’Internet, ni de la génomique et il reste aveugle concernant les NBIC, une synergie qui va entraîner une révolution du vivant, porteuse de croissance ».(Laurent Alexandre, généticien)

On voit donc que les acteurs du transhumanisme vienne de tous horizons (un milieu social, des revenus financiers ou autres facteurs ne rentrent pas en compte dans le fait d’avoir ou non des idées trans humanistes) mais que leur parcours universitaire, leur profession, leur tournure d’esprit leurs donnent un rôle différent dans le mouvement. Le transhumanisme se targue d’être un mouvement égalitaire, mais ces rôles dans le mouvement ne définissent-il pas une hiérarchie ?

Hiérarchie parmi les acteurs du transhumanisme

Y a t’il une hiérarchie entre ces différents acteurs ? Si oui laquelle ?

Malgré leur volonté d’égalité, il existe une hiérarchie chez les trans humanistes mais elle ne s’apparente pas à la configuration établie dans une entreprise (selon les salaires, les degrés de compétences, les réseaux…).  A la légitimité de la domination légale (« reposant sur la croyance en la légalité des règlements arrêtés et du droit de donner des directives qu’ont ceux qui sont appelés à exercer la domination par ces moyens »(Max Weber)) ils ont préférés une hiérarchie reposant sur le charisme, l’intellect, les idées de la personne (l’intelligence est à la fois la vertu, la valeur centrale et le but des transhumanistes). Les personnes qui se détachent nettement du reste du groupe pour avoir su présenter et concrétiser un discours original et ainsi créer des associations ou sous groupes sont par exemple reconnus comme leaders.

« Le leader transhumaniste n’est pas le porteur de bonne parole ou le techno-prophète que l’on suit aveuglément, mais celui qui porte une vision jugée pertinente et novatrice sur la technique et dans laquelle d’autres membres se reconnaissent – ou non – à un moment donné. »  (sens-public.org)

Le transhumanisme se veut donc égalitaire dans le fait ou la hiérarchie ne tient pas compte du niveau politique ou social d’une personne mais plutôt de son implication dans le mouvement (même si les leaders font régulièrement parti des milieux intellectuels et artistiques universitaires grâce auxquels, au fil des conférences et des publications, ils ont pu asseoir leur autorité « raisonnable).

Soulignons tout de même que, d’après une enquête du site sens-public.org, les femmes sont pourtant sous-représentées. Surtout, du côté des leaders chez qui pourrait bien s’esquisser à terme une sorte de cybermachisme.

Sources:

  • http://www.sens-public.org/spip.php?article527
  • http://www.c-paribus.com/philosophie/le-transhumanisme/
  • http://www.homme-bionique.com/non-classe/homme-bionique-com-tout-savoir-sur-revolution-bionique/
  • http://lemag.lacantine-rennes.net/2012/11/transhumanisme-et-quete-de-lhomme-augmente-au-service-de-levolution-2064

 

 

 

Innovation très controversée :
Extraits des arguments des partis

 

Malgré les nombreux avantages que cela nous apporterait, l’ambition d’augmenter les capacités de l’homme en intégrant a leur corps des éléments cybernétiques ouvre la porte a de nombreuses controverses, débats, doutes, peurs…
L’intégration de la technologie à notre corps déploierait certes incroyablement nos capacités.  Non seulement elle permettrait de remplacer des membres absents et des organes morts, mais pourquoi pas également d’augmenter la capacité de notre cerveau, de contrôler des objets à distance avec de simple pensées, d’uploader notre conscience ou d’allonger notre durée de vie en remplaçant nos organes vitaux par des organes bioniques ? Mais si tous cela devient possible, les hommes bioniques n’ouvrent t‘ils pas la porte à de nombreux problèmes ?  Inégalités entre humanité et transhumanité ?  Perte de notre qualité d’humain avec la suppression des inconvénients qui y sont liés ? Manipulation d’autrui ? armes-humaines ?…
Les recherches sur l’homme bionique ouvrent un débat sur l’avenir de l’humanité où s’opposent transhumanistes et « bioconservateurs » ou «néo-luddistes ».

Arguments pour

•    Devenir le maitre de son évolution : Les trans humanistes pensent qu’il faut agir et non subir, prendre en main sont destin en modifiant à notre convenance notre condition d’humain pour mieux vivre et s’adapter.
« Si tu ne vois pas encore ta propre beauté, fais comme le sculpteur d’une statue qui doit devenir belle : il enlève ceci, il gratte cela… De la même manière, toi aussi, enlève tout ce qui est superflu, redresse ce qui est oblique » (Plotin)
« L’homme ne naît pas homme, il le devient. » (Érasme)
•    Ce libérer de sa condition d’humain et repousser nos limites pour une vie meilleure : Enfermé par les inconvénients dus a notre condition, le transhumanisme pourrait nous en libérer en en repoussant les limites : libérer l’homme de la maladie, de la faim, de la misère…
•    Repousser notre fin : la peur de la mort et le désir d’immortalité ont toujours été des sujets très présent dans les préoccupations humaines (idée d’une vie après la mort niant toute fin…) et, pour les transhumanistes, la technologie nous permettrait de repousser ces échéances voir de totalement les supprimer.
« Les néo-ludittes mènent un combat d’arrière garde perdu d’avance, car tout le monde a peur de la maladie et de la mort…. » (freddy, cyberpunk)
« Plutôt transhumains que morts! » (Slogan transhumaniste du XXIème siècle)
•    L’évolution transhumaniste a déjà commencé : Certains pensent que la sélection naturelle serait orientée et même supprimer par le transhumanisme mais pour les transhumanistes la sélection naturelle, chez les humains n’éxiste déjà plus puisque l’homme social est protégé de son environnement (la société assure la viabilité d’individus qui, jadis, auraient été éliminés par la sélection naturelle).
«Ce n’est déjà plus dans un environnement « naturel » que se produit la sélection, mais dans des environnements totalement transformés par eux-mêmes. Le transhumanisme est déjà une réalité, tous les actes médicaux de renforcement de nos biocapacités en relèvent. La pilule contraceptive est du transhumanisme: il s’agit de choisir quand avoir ou ne pas avoir un enfant. La vaccination est de l’augmentation, puisqu’on vous injecte plus d’anticorps que vous n’avez. La question n’est donc pas de savoir si on est contre la modification de nos caractéristiques biologiques, puisqu’on le fait depuis déjà longtemps. La question est de savoir s’il y a des limites à fixer et qui les fixe. » (Laurent Alexandre, Chirurgien et neurobiologiste)
« Nous pensons que la perspective transhumaniste n’est qu’une poursuite de la logique médicale que les humains ont toujours cherché à promouvoir. Pour quelles raisons devrions-nous nous interdire l’augmentation dans la mesure où elle nous permet d’améliorer ce que nous souhaitons ? » (Marc Roux, Président de l’Association française transhumaniste)
•    Chacun est libre de vouloir intégrer ou non l’évolution transhumaniste :
« Que la plupart des habitants de la planète n’aient pas commencé à réaliser cette possibilité, c’est une évidence. Que la très grande majorité de ceux qui ont commencé à la percevoir réagissent d’abord en se refusant à assumer cette responsabilité et les risques qui y sont inhérents, c’est bien compréhensible. Mais au nom de quoi, au juste, ces majorités pourraient justifier de l’interdire à ceux qui souhaitent s’avancer dans une des voies transhumanistes tant que leurs expérimentations ne mettent évidemment pas en cause la liberté ou la sécurité d’autrui ? » (Marc roux, Président de l’Association française transhumaniste)

•    Changement de la mentalité : Les limites que nous discernons maintenant risques de ne pas être les même dans 10,20, 40 ans puisque les mentalités changent.
« Tout ce qui semblait impensable hier, devient désirable demain. La greffe cardiaque était considérée comme juste impensable dans les années 50 — c’était Frankenstein —, aujourd’hui ça semble tout à fait banal et on fait des greffes de visage. » (Laurent Alexandre, Chirurgien et neurobiologiste)
•    Nous devons nous adapter dans un monde qui change :
« L’humain est «inadapté» au monde contemporain » (Nick Borstrom) « l’amélioration de la condition humaine nécessite d’abord une modification du corps par les technologies. On retrouve chez les transhumanistes cette défiance de la chair qui irrigue toute la cyberculture » (Jean-Claude Guillebaud)
« L’environnement terrestre est de plus en plus menacé dans son équilibre, mettant potentiellement en danger l’espèce humaine. Ne pas renforcer ses capacités de survie par les moyens dont on dispose ou que l’on peut créer dans ce but serait contraire au bon sens et à notre propre intérêt. » (Manuela de Barros Philosophe et théoricienne des arts)

Arguments contre

•    Juste un caprice lié à la fatigue d’être soi :
« La technolâtrie est le symptôme de cette fatigue d’être soi, diagnostiquée par les sociologues depuis Alvin Toffler dans les sociétés hypertechnologisées. Plus nous nous sentirons impuissants et déprimés, plus nous serons tentés de nous tourner vers les machines. » Le transhumanisme serait une «utopie de substitution pour une humanité fatiguée d’elle-même, pour des êtres humains qui se sentent dépassés, en termes de capacités, par les technologies qu’ils ont créés. » (Jean-Michel Besnier, théoricien et auteur de “Demain les posthumains”) Les néolluddistes pensent qu’ils faut remettre en cause la société et nom l’Homme.
•    Mépris de la chair : Le transhumanisme idolâtre la technologie et ne voit le corps que comme une accumulation de faiblesses qu’il faut améliorer voir supprimer.
•  Surenchère technologique : Le transhumanisme ouvre la porte à une guerre technologique, les pays et particuliers voudrons se surpasser et se modifierons de plus en plus pour rapidement basculer dans un excès préjudiciable.
•    L’homme qui se prend pour Dieu : Modifier son propre corps c’est aller contre les lois de la nature (et pour certain de dieu), briser l’équilibre naturel entre les espèces, tomber dans une surestime de nos capacités à nous modifier qui provoquera notre fin. Les néoluddistes désignent le transhumanisme comme un « bricolage de la vie ». Par exemple une déclaration du Vatican de 2002, intitulée « Communion et service, les personnes humaines créées à l’image de Dieu » stipule que « changer l’identité génétique de l’homme, en tant que personne humaine, par la production d’un être infra-humain est radicalement immoral » ajoutant que « la création d’un surhomme ou d’un être spirituel supérieur » est « impensable » puisque la véritable amélioration ne peut survenir que par l’expérience religieuse.
•    Le technopouvoir entre multinationales de la high-tech et philanthropreneurs : Le transhumanisme modifierait profondément la société en créant de nouvelles inégalités. Les multinationales de la high-tech et les philanthropreneurs (personnes voulant effectuer des changements positifs dans le mondes (soulager la souffrance…) mais qui le font pour leur profit, la contribution sont des investissements plutôt que des dons) verraient dans le transhumanisme une incroyable mine d’or et un moyen d’asservir la population en créant de nouveau besoin et une dépendance a ces extensions bioniques. Le pouvoir tomberait entre les mains des personnes les plus augmentés et celles des entreprises fabriquant de telles extensions.
•    Modifier notre corps remet en jeux notre qualité d’homme : Est-ce seulement notre capacité à raisonner qui nous caractérise comme humain ? Pour les néoluddistes, abandonner, à plus ou moins long terme, nos sensations, nos imperfections, nos faiblesses aboutirait a faire de nous autre chose (une machine, un monstre…) et a abandonner notre qualité d’humain au nom d’une utopique recherche de perfection.
«Le transhumanisme dessine un avenir où le corps faible et imparfait, incarnation de la finitude) n’aura plus sa part» (Besnier) «Le fantasme de l’homme remodelé, puis intégralement auto fabriqué, fait plus que jamais partie de l’imaginaire d’aujourd’hui. Il est dans la stricte continuité des illusions générées par la modernité.»
« Modifier scientifiquement l’être humain, ce n’est pas agir comme sur un objet, c’est détruire l’être humain et créer quelque chose d’autre à la place. Il faudrait peut-être réapprendre à souffrir notre condition, au lieu de la fuir sans cesse : avoir faim, froid, éprouver de la fatigue après un effort physique ou intellectuel, cela n’a jamais tué personne. »
•    Inégalité entre humanité et trans humanité : la modification du corps ne serait accessible que par les plus riches ce qui augmentera les inégalités entre une humanité  trouvant difficilement de quoi ce nourrir et une transhumanité augmenté prenant les rênes du pouvoir.
« J’aimerais aussi souligner l’aspect complètement antidémocratique du Transhumanisme. La partie de la population qui n’arrive pas à se nourrir, qu’est-ce que ça va lui apporter de savoir qu’une autre partie peut se payer des compléments artificiels de vie ? Avons-nous envie d’arriver à une société qui oppose deux types d’hommes, qui créé elle-même les inégalités qui jusque-là étaient mises sur le compte du hasard, de la nature ? Ne sauvons pas la Terre, sauvons l’homme : ou plutôt non, sauvons les hommes qui en ont les moyens, ça sera déjà ça. »
•    Armes humaines : Les sciences et technologies, anciennes ou nouvelles, ont permis à l’homme de faire de grands bonds dans l’histoire; cependant toutes les fois où elles n’ont pas été soumises à une conscience, éthique solide et humaine, elles ont été les outils destructeurs les plus puissants. Le transhumanisme risque d’être au service de la guerre en ouvrant la porte à des supers soldats et à des armes humaines.

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•    L’économie du besoin vital : Nous créons, de part l’emploi de ces technologies, de nouveaux besoins vitaux qu’il faudra satisfaire par l’emploi de denrées hautement sophistiqués (médicaments couteux empêchant le rejet des organes artificiels, des prothèses…) Ce besoin risque d’enchaîner les utilisateurs aux industries qui fournirons ces produits car là où nous pouvons décider du jour au lendemain de cultiver un lopin de terre pour nous nourrir, nous ne serons jamais en mesure de produire les nouvelles denrées désormais nécessaire à notre survie.  Ces principes laisseraient la place à une aliénation, une emprise démesurée des entreprises mercantiles sur la vie même de l’homme.
    Disparition de certaines capacités avec l’apparition de nouvelles :
« Il est assez simpliste de penser que l’hypertrophie d’une capacité humaine, prise isolément, n’entraînerait jamais une atrophie d’une autre capacité. »
Axel Khan par exemple, insistent sur le danger du choix d’un tri génétique qui effacerait la souplesse d’adaptation inhérente à l’évolution. Les conditions de vie nous sont inconnues pour l’avenir ; amoindrir les possibilités de modification naturelles par l’éradication de gènes considérés aujourd’hui nuisibles pourrait s’avérer désastreux. Par exemple, supprimer les gènes favorisant l’obésité. Si la famine devait s’installer dans le futur, ils seraient très utiles pour emmagasiner des graisses de subsistance, comme ils l’ont fait jusqu’à l’industrialisation alimentaire.

Voila les principaux arguments pour et contre le transhumanisme mais il en existe bien d’autre, dont ceux de personnes prônant la prudence et le contrôle d’une telle évolution. L’évolution transhumaniste peut être bénéfique mais pour cela il faut la contrôler, poser des limites, ce questionner sur ces avantages et ses inconvénients sans chercher à simplement vendre de l’innovation pour gagner de l’argent. Mais contrôler une telle évolution est-il possible ? Je pense que oui a condition de s’interroger en permanence sur les avantages et les inconvénients de telle ou telle nouveauté et d’encadrer ces débats par des lois éthiques.
On peut également imaginer un mouvement inverse : l’homme souhaitant s’affranchir de la technologie pour revenir à une condition plus naturelle. Ce pose toujours les principales questions pour chaque innovation:

Qu’est ce qui et possible ? Qu’est ce qui est souhaitable ?

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » (Rabelais)

Bibliographie

  • http://www.liberation.fr/culture/01012343964-transhumanistes-sans-gene
  • http://www.newsring.fr/planete-sciences/330-ethique-faut-il-condamner-le-transhumanisme
  • http://lab-au.com/i-tube/i-tubetx.htm#/theory/article_cyborgs-and-avata/   (merci Clémentine)
  • http://www.transhumanism.org/index.php/WTA/more/147/
  • http://www.transhumanistes.com/faq.php
  • http://www.mesacosan.com/philosophie/qu-est-ce-que-le-transhumanisme-a1822.
  • htmlhttp://d6metropolefroide.wordpress.com/tag/transhumaniste/
  • http://www.huffingtonpost.fr/tag/transhumanisme
  • http://blog.philotropes.org/post/2007/10/09/232-le-post-humain-en-debat-le-transhumanisme-techno-progressiste-americain-james-hughes-vs-le-techno-catastrophisme-francais-jean-pierre-dupuy
  • http://www.lepoint.fr/high-tech-internet/les-exploits-de-l-homme-bionique-12-04-2012-1452106_47.php
  • http://www.planetesante.ch/Mag-sante/Ma-sante-au-quotidien/L-homme-bio-artificiel-a-un-bel-avenir
  • http://www.sens-public.org/spip.php?article527
  • http://www.debatpublic-nano.org/documents/liste-cahier-acteurs3847.html?id_document=288
  • https://sites.google.com/site/transhumanisation/controverse/acteurs

Autre articles du site en lien avec celui ci:

  • http://blog.ensci.com/humanitesnumeriques/2012/11/26/un-monde-sans-humain/   (thibault)
  • http://blog.ensci.com/humanitesnumeriques/2012/12/03/lhomme-bionique/
  • http://blog.ensci.com/humanitesnumeriques/2013/01/20/les-acteurs-du-transhumanisme/

 

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e-book, l’évolution culturelle

L’expression de nos savoirs se fait à travers des supports qui en permettent la diffusion et qui s’adaptent aux façons de partager de notre époque.

L’évolution de la tradition orale à l’écrit qui remonte à des millénaires témoignait d’une nécessité de préciser les savoirs, de les fixer dans le temps. La transmission orale imposait le moment de la communication, le rythme de lecture, la linéarité de la récitation. Le passage à l’écrit permit de dépasser ces trois limites tout en assurant la conservation de l’intégralité d’un fait, une plus grande abstraction dans le récit, le retour en arrière dans le texte, le choix d’un passage, le moment de lecture. « Ce qui était fluide et mouvant peut devenir précis et organisé comme le cristal, la confusion peut céder la place au système. Bref, avec l’écrit, les productions de l’esprit entrent dans l’ordre objectif du visible » relate Christian Vandenpore dans son essai Du papyrus à l’hypertexte. Mais la révolution d’un support s’opère sur de longues périodes. L’oral qui s’adaptait parfaitement à la poésie, aux contes, s’est muté en une parole écrite, longtemps oralisée, qui a généré de nouvelles formes d’écritures spécifiques à l’écrit comme le roman, l’essai, la page web.

Avec le livre numérique, on quitte l’objet livre, un média linéaire définit par un ensemble fermé, pour rejoindre des supports connectés où le lecteur manipule l’écrit, l’animation et le son selon un schéma plus libre. Comme pour le passage de l’oral à l’écrit, le passage du livre à l’oeuvre numérique promet une nouvelle archéologie de l’épistémé. Pour Roger Chartier, l’objet livre a orienté la façon de concevoir la connaissance. Pascal Robert parle de la « fonction livre » que Frederic Kaplan reprend dans son papier « la fonction architecturante du livre ». Il précise :  « C’est précisément parce qu’il permet cette structuration hiérarchique, que le livre traditionnel a pu être le support de la demonstration longue et de la narration complexe. C’est parce qu’il est fermé comme un bâtiment qu’on visite, avec une entrée et une sortie, un début et une fin, qu’il permet le récit borné et l’argumentation articulée. En d’autres termes, c’est parce qu’il peut être structuré de manière architecturale que le livre a permis la pensée architecturée. »

Certains éditeurs, et surtout ceux qui ont choisi le modèle des livres numérisés conservent la linéarité du média papier. C’est l’exemple de Bayard qui propose les j’aime lire sur une page déroulante commandée par le geste de l’enfant. Les outils proposés sont peu intéractifs et semblent conçus pour fidéliser le numérique au papier. On retrouve le marque page, on découvre un curseur qui indique le pourcentage de notre lecture pour combler la lacune du numérique qui efface la profondeur du roman. Et puis un « j’ai tout lu » apparait comme un trophée sur le j’aime lire store pour que l’enfant se repère dans ses lectures. De notable, l’enrichissement du texte par la lecture orale qui donne une autonomie à l’enfant, même seul et en bas âge. « Une autonomie appréciée des parents » confie Stéphane Mattern, auteur chez Bayard. Lors de la récitation, les mots dictés se teintent de rouge et l’enfant peut ainsi associer un son à un mot et faire ses premiers pas vers la lecture autonome.

Bayard fait partie des éditeurs qui considèrent que les meilleurs ventes numériques correspondront à celles papier et qui lance massivement la numérisation de ses collections sans s’attarder sur les potentialités du numérique. On soupçonne derrière ce choix non pas la difficulté à tenir deux modèles économiques indépendants – le papier et le numérique- car Bayard reste une grande maison, mais plutôt la crainte de voir les métiers de l’infographie et du développement informatique remplacer les métiers de l’édition. Et puis pour rassurer le public. Parce que le livre est un support auquel nous sommes affectivement attachés. Alors Bayard fait la transition. En douceur.

Pour Derrida, « la fin de l’écriture linéaire est bien la fin du livre, même si aujourd’hui encore, c’est dans la forme du livre que se laissent tant bien que mal engainer de nouvelles écritures, qu’elles soient littéraires ou théoriques ». (1967, p.129-130)

Il faut bien distinguer la linéarité du média de celle du contenu. Le livre est un média linéaire parce qu’il comporte des pages, une première et une dernière. Mais le livre peut être un dictionnaire, et personne ne lit un dictionnaire du début à la fin parce que son contenu offre des réponses à des recherches ciblées. Un livre peut être un roman comme La vie mode d’emploi de Georges Perec qui propose une lecture tabulaire, que l’on choisit en se référant au sommaire. Enfin, même dans un récit chronologique, des événements perturbateurs peuvent renvoyer à un temps passé ou futur, déconstruisant la linéarité. Voici la définition que donne Christian Vandenpore de la tabularité  » La tabularité (…)  désigne ici la possibilité pour le lecteur d’accéder à des données visuelles dans l’ordre qu’il choisit, en identifiant d’emblée les sections qui l’intéressent, tout comme dans la lecture d’un tableau l’œil se pose sur n’importe quelle partie, dans un ordre décidé par le sujet. »

Pour les éditeurs numérique jeunesse comme Nosy Crow, Mindshapes, Touchpress, la tabularité peut être augmentée par le numérique et créer de nouvelles formes de narrations qui répondent à la curiosité de l’enfant et l’accompagnent dans son apprentissage. La maison d’édition Mindshapes considère sérieusement le changement entraîné par le numérique dans le processus de diffusion des savoirs et a fait appel à une équipe de psychologues pour travailler sa plateforme de lecture pour les 2-6 ans. Objectif, établir et développer le vocabulaire, stimuler l’imagination, amorcer le développement social et émotionnel de l’enfant. Et ce, en plaçant l’intéractivité au coeur de l’innovation. Qui dit intéractivité dit dynamique entre l’usager et le contenu. « L’hypertexte permet de manipuler des données de toute sorte, et pas seulement langagières, tels des images, des sons et des séquences vidéo ou animées. Il permet aussi de moduler l’interaction du lecteur avec le document en prévoyant dans les “ objets ” présentés à l’écran divers types de réactions accordées aux mouvements effectués par le lecteur à l’aide de la souris » confie Christian Vandenpore.

Nosy Crow exploite ce principe à travers son oeuvre numérique « Franklin Frog » où l’enfant conduit un têtard vers son âge adulte. Toute le cycle de la vie d’une grenouille est présenté de manière didactique et seul la participation active de l’enfant permet d’en connaître le déroulement.

L’enfant doit être attentif au texte qui lui présente les actions à effectuer. Il peut aussi choisir une lecture orale des instructions. Christian Vandenpore voit dans cette « spectacularisation du texte » le plus grand apport du numérique. En effet, le mouvement de l’image, l’apparition d’un nouvel environnement à chaque clic, dépasse la surprise de la page suivante d’un livre. On est désormais plongé dans un univers qui convoque l’ouïe, la vue, le toucher.

L’éditeur Mindshapes propose la plateforme Magic Town où chaque maison regorge d’histoires. Certaines sont tirées des héros papiers préférés des enfants, d’autres nativement numériques. Cet environnement est l’illustration parfaite de la création d’un univers numérique qui offre une autre porte d’entrée aux histoires. La maison propose même au lecteur de construire son histoire en choisissant dans un paysage les objets qu’il souhaite faire intéragir. L’enfant peut s’enregistrer lors de la construction orale de son histoire et la faire réécouter plus tard à ses parents.

Hormis le cas particulier d’un lecteur créateur d’histoires, l’éditeur tient à ce que leurs oeuvres ne soient pas altérées par trop d’interactivités qui feraient perdre le fil de l’histoire à l’enfant. En effet, l’intéractivité place l’enfant devant des choix qu’il doit constamment faire et il est mois évident de garder en tête le contexte de lecture.

L’intéractivité est aussi pour d’autres le moyen d’intéresser les enfants à des thèmes inhabituellement mis à leur portée. Touch Press, maison d’édition britannique dirigée par Max Whitby propose des documentaires interactifs autour de l’Histoire (The Pyramids 3D, The war horse), la physique (The Elements, Solar Systems), la musique classique (The Orchestra). L’enrichissement numérique est remarquable. Leur dernière création The Orchestra est le fruit d’un travail avec le Philarmonic Orchestra de Londres.

La lecture de la partition défile en même temps que l’orchestre joue. On peut également choisir l’instrument dont on veut suivre la partition et connaître la position du musicien dans l’orchestre. Et les textes sont augmentés par les interviews des personnalités du Philarmonic Orchestra.

De même, The Elements propose une relecture pertinente d’un sujet souvent délaissé : la classification des éléments chimiques

http://www.touchpress.com/titles/theelements/

On peut zoomer sur l’élément jusque’ à entrer dans sa structure, tourner autour, choisir l’approfondissement des textes explicatifs ou opter pour la lecture orale. Une mise en musique des noms des éléments accompagne l’enfant dans une découverte ludique d’un domaine trop longtemps jugé hors de sa portée.

Les contenus Touch Press sont des supports pédagogiques très prisés en Grande Bretagne par les écoles.

 

En conclusion, nous avons vu que la construction de nos savoirs et leur diffusion passe par les supports que nous adoptons. Et les supports eux mêmes induisent de nouvelles organisations. L’avénement de l’e-book pour l’enfant doit donc être conduit par des choix responsables de la part des éditeurs qui engagent leur responsabilité morale envers les familles. alors que certains préfèrent le voir comme un fidèle ami et descendant du papier, d’autres choisissent de jouer la carte de l’intéractivité pour redonner goût à la lecture, accroître les réflexes, stimuler la concentration et intéresser l’enfant à des thèmes souvent exclus de son répertoire.

 

Sources :

Conférences du MICE, Salon du livre jeunesse Montreuil novembre 2012

Rencontre avec Stéphane Mattern, auteur chez Bayard

Christian Vandenpore, Du papyrus à l’hypertexte http://vandendorpe.org/papyrus/PapyrusenLigne.pdf

http://nosycrow.com

http://www.touchpress.com

www.magictown.com

http://fkaplan.wordpress.com/2010/07/27/la-fonction-architecturante-du-livre/

 

Petit compte rendu rapide du Workshop Low-tech / High-tech

« L’anglicisme Low-tech (Basse technique), par opposition à High-tech, est attribué à des techniques apparemment simples, économiques et populaires. Elles peuvent faire appel au recyclage de machines récemment tombées en désuétude.La revendication de l’usage des Low-tech témoigne de la volonté de s’opposer aux modes technologiques, considérées comme mercantiles, avilissantes et déraisonnables écologiquement. »    wikipedia

 

 

Low tech/ high tech est un workshop qui a eu lieu a l’ensci et au musée du quai Branly du 17 au 19 décembre. Je n’ai malheureusement seulement  pu écouter que les conférences du premier jour. Il y a eu quatre interventions. Dans la globalité ce workshop a pour but de lister, cartographier des pratiques combinant low-tech et high-tech et de proposer une réflexion autour des impacts sociaux de l’innovation ainsi que les impacts d’un contexte social et ethnologique sur l’évolution des techniques.

En introduction l’anthropologue Denis Vidal nous a parlé  du précédent workshop qui avait eu lieu a Pondichery et Emmanuel Grimaud de l’appropriation des technologies par l’homme en illustrant son propos par la présentation du principe des RGM (Rube goldberg Machine (petite video tres sympa)), des reglès de contructions que celles-ci respectent et les recherches de solutions/questions qu’elles génèrent.

L’historien David Edgerton nous a parlé de sa recherché autour de l’histoire des techniques. Il propose une approche de l’histoire des techniques et des sciences par l’utilisateur et les usages en opposition a use ligne chronologique des innovations. David Edgerton critique l’idée générale qui dit que la technologie n’est qu’ innovation . Il explique qu’on voit souvent les utopies futuristes du passé comme des technologies dominantes de l’époque.

Après lui le professeur de philosophie Dhruv Raina nous a parlé d’un cas bien particulier ou les techniques traditionnelles de compost on été utilisées comme centrale de production d’énergie dans un village en Inde. Sur les questions que ça a apporté sur l’utilité réelle de la technologie, de l’impact social et économique régional. Sur le choix de la technologie.

La quatrième et dernière intervention de la journée à été celle du journaliste espagnol Kris Decker, fondateur de la revue Lowtech magazine. Il nous a présenté ses doutes sur le progrès et la technologie. Dans un exposé passionnant il nous a fait découvrir des solutions en voie de développement, des projets de jeunes designers et de simples bricoleurs revenant parfois a des technique considérées comme obsolètes. Il a parlé de possibles réorganisations de façons de produire et consommer l’énergie (humaine, solaire , hydraulique…).

Ce workshop a été très intéressant même si un peu compliqué a comprendre par moments, et je vous invite vivement a aller visiter le blog de celui ci ainsi que le site du magazine Lowtech

 

http://www.artmap-research.com/

http://www.lowtechmagazine.com/