La conception et la co-activité

Le moment contemporain – jour 1 – A-F Garçon
Anne Françoise Garçon, professeur histoire des techniques

Histoire de la notion de progrès (Cours magistral, AF Garçon, 2007) à Université Paris 1 – lien

blog – lien (pas mis à jour actuellement)

spécialisée dans les époques en France et contemporaine.
Mais pas trop sur l’hyper 20ème siècle
Histoire de l’énergie, histoire de l’hydraulique, histoire de la conception, histoire de la pensée technique
Elle travaille beaucoup sur les notions de systèmes techniques, de pensées techniques.

LA CONCEPTION
je vais commencer par les ingénieurs en racontant comment on construit un avion. Il n’y a pas que entre ingénieurs et designers que la question de collaboration et de compréhension se pose. Elle se pose aussi entre ingénieurs de nationalité différentes.
S’interroger sur la conception c’est tout nouveau c’est les 5 dernières années.
Avant on n’avait que un seul mon c’était innovation. On est en train de glisser de l’innovation à la conception. L’innovation c’est lé résultat et jsuqu’à peu on ne se posait pas la question de comment on arrivait à ce résultat.

il y la question de l’avion, question la plus classique.
c’est l’histoire d’un ingénieur français qui se retrouve à l’étranger et va à l’impérial collge en aéronautique.
Quand on construit un avion chaque nationalité a sa spécialités. Et pour les britanniques, ce sont les ailes , ils ont un savoir faire dans l’aile d’avion le meilleur mondial.
Il arrive et rentre dans un groupe de jeunes ingénieurs anglais et on lui demande de spécifier une aile d’avion. Et il va réagir à) la française et pendant 8 jours il va modéliser et faire un modèle mathématiques. les équivalents anglais partent d’une aile d’avion et progressivement il l’améliore par mathématique, vérifie, ajuste, vérifie, ajuste, etc …
Si cela s’était passé en France, il  aurait dit que la méthode de conception n’est pas celle là. Il comprend que la manière de concevoir n’est pas unique. Et que la modélisation au préalable ne conduit pas à la meilleure modélisation d’ailes d’avion
c’est une réalité historique; la manière de concevoir n’est pas la même en France, aux Etats Unis et en Angleterre.
Mais avant il y avait un pré carré avec son marché. et chaque culture de  l’ingénieur se déploie sur son marché.

La difficulté pour l’A380 notamment à cause du nationalisme d’ingénierie
On conçoit dans une culture technique.

Les représentations évoluent toujours plus lentement que la réalité matérielle.

la co-activité
celui qui a mis à jour et développé ce terme est un sociologue qui est J.P Darré. Il est spécialiste du monde paysan. Aller étudier les changements du monde paysan dans les années 70
c’est la fin pour le paysan de l’agriculture traditionnelle et le personnage dominant devient le technicien et l’agricultrice (dans l’exploitation) alors qu’avant c’était l’agriculteur (dans la ferme).
La césure va se faire dans la manière dont on nourrit les animaux.
Dans les fermes, les animaux mangent dans le pré, et dans les exploitations le technicien indique à l’agricultrice comment nourrir les bêtes avec les granulés et les bêtes sont placées dans des stabulations

Dans une ferme, les déterminants étaient d’abord d’ordre esthétique : la belle herbe, le bon lait.
Dans ce monde là on qualifie : on dit bon, beau …
Alors que lorsque on nourrit avec les granulés, on change totalement de discours, tant de grammes de ceci, tant de grammes de cela. L’esthétique n’est pas une catégorie en plus dans le mode de pensée anthropologique de la relation à l’objet.
l’esthétique est un mode à part entière qui aide à part entière au geste productif. Qualifier son herbe permet aux paysans de la reconnaître, de la différentier et d’échanger avec d’autres paysans.
Et cela est aussi vrai dans de nombreux corps de métier.

Donc l’esthétique pour un bon designer va être cet environnement métaphorique qui va permettre à celui qui l’utilise l’objet de le penser,  de l’incorporer…
Déqualification du paysan.
Le passage de la qualité à la quantité, c’est accompagné dans le discours de la même chose.

L’ingénieur (de production) a des outils techniques qui permet de quantifier et met à la place seconde tout ce qui est qualitatif.

Donc ingénieur et designer ne sont pas destinés à s’entendre fondamentalement.

J.P Darré a découvert que dans le monde de la ferme, dans les années 60, le monde rural était vraiment accès sur la ferme. Et toute l’économie du bourg tournait autour de l’agriculture. Et avant l’automobile pour tous (les années 70) on avait le cheval ou à pied.

(la 4L a été pensé pour que un contenu de caddie puisse rentrer . C’est la 4L qui est la voiture du paysan, de l’exploitation agricole)

dans ce monde paysan il y a un co activité et tout le monde comprend ce que veut le paysan, car c’est compris de manière implicite. C’est le discours implicite qui fonctionne entre corps de métier différent et qui fait fonctionner un système technique.

Le côté implicite est fondamental.

le bourrelier qui s’occupe du cuir et des harnais, le maréchal ferrant, …. ils ont tous des langages professionnels différents mais tous comprennent le paysan qui les comprend aussi tous. Ils sont actifs ensemble quoique différents.

Si il y a absence de co activité, on ne se comprend pas.

il y a la question du téléphone mobile qui a changé quelque chose dans la position de l’ingénieur.
dans les années 90, les ingénieurs ont compris que leurs métiers changeaient et un des lieux où ils ont compris que cela changeait était avec l’irruption du téléphone mobile.
L’anecdote se passe en Grèce en 2004. Un ingénieur de l’opérateur traditionnel de Grèce a expliqué que le téléphone n’était pas développé en Grèce ou très peu à cette époque. Entre 1060 et 2003, il y une pente très faible pour le nombre de communications passées, puis à partir de 2004 il y a un gros pic de communication car les Grecs avaient gagné la coupe de Foot.
Le mobile est quelque chose qui bouleverse tout, mais vraiment tout. Et ce n’est pas suffisamment analysé.
Le complexe technique pour le téléphone mobile se sont des antennes et des ondes invisibles. Alors que pour les communications classiques, il y a des fils réseaux partout. Et une installation téléphonique s’est très coûteux, il y a énormément de matérialités.
Un ingénieur classique il raisonne par rapport à la matérialité, il lui faut des plans, des infrastructures, … et puis il se situe par rapport à un devis, il faut construire tant de choses, cela coût tant … C’est la façon 18ème siècle.
Alors que avec le téléphone mobile, maintenant les ingénieurs ils administrent.

La culture classique de l’ingénieur a disparu.
Donc la question est : on forme quoi dans les écoles d’ingénieur ?

Donc la culture de conception de l’ingénieur est mise à mal. Et peut être doit il savoir que son ère est passée ?

pour développer la co activité :
1) on na’ pas de modèle historique, de référents historiques sur comment on co active.
auait besoin de chercheur , nécessiterait des observateurs qui analysent les co activités anciennes.

2) il y a besoin de normes ? C’est de l’inter culturalité … on s’accorde sur des normes communes et des valeurs communes
Tout une série de comportements qu’il faut mettre en place pour que chacun s’entende.
Cela passe par une reconnaissance de l’autre.

exemple : reconstruire une norme pour les cours en format e learning
Le savoir être ensemble
il y a une codification commune à créer.

3) il y a une nécessité , une capacité à mettre à plat les problèmes. Y compris la crise.
La co activité complètement « soft » n’existe pas.
L’innovation,  c’est beaucoup d’argent, beaucoup de temps et beaucoup de perturbations.

L’innovation,  c’est beaucoup d’argent, beaucoup de temps et beaucoup de perturbations.
Sur notre modèle de la conception : il suffit de faire la conception mathématique et ensuite on a la question et la réponse.
Il n’y a pas beaucoup d’historien qui travaille sur l’histoire de la conception. Il y a des époques où l’on concevait alors que les modèles mathématiques n’existaient pas. C’est quand on est au 16 et 17ème siècle en Europe.
Le centre de l’Europe à cette époque c’est le nord de l’Italie

Dans le monde médiéval, on est sous un transcendance absolue, comment Dieu aide l’homme à concevoir. Et non pas dans la conception par l’homme.

Qu’est ce qui se passe entre le 14ème et le 15ème siècle :
. une grande peste (et un tiers de l’Europe disparaît en 6 mois) ,
. le développement du capitalisme en Italie (l’origine des mathématiques avec l’arpentage et le capitalisme).
. et l’ouverture vers le monde avec ses grandes découvertes.
Et on est dans l’inconnu avec l’Amérique, c’est une terre inconnue et ils ramènent des choses inconnues.
Plus l’imprimerie, etc… Tout ceci fait que en 1530 on ne pense plus comme avant.
Ce monde là s’est construit dans les année 1500 et non pas au 18ème siècle. Car ce qui se passe au 18èm siècle c’est le résultat de ces changements.

Au 17ème siècle Galilée l’outil mathématique est construit.
Descartes renchérit sur le fait que le monde est décrit géométriquement,

Il y a une analogie entre ce que on vécut les européens au 16ème siècle et notre moment contemporain. Il y a une sensation générale de perte de sens. Comme aujourd’hui, quel sens cela a tout cela. Et ils ont conçut des outils pour faire face à cette perte de sens , et notamment l’imprimerie.
C’est la même chose aujourd’hui avec internet.

Avant, on est dans un domaine de conception réglée. ex. les bureaux d’études qui sont les outils de modélisation. Et il y a des règles pour concevoir, il y a une façon de faire, avec un certain nombre d’étapes.
Aujourd’hui, comment injecter de l’innovation dans le fait de concevoir. Et donc il va falloir passer de la conception réglée à la conception innovante. (Hatchuel et Well)

Concevoir c’est penser à quelque chose, quelque chose qui marche et qui répond à un besoin , à un besoin, qui peut être matériel, esthétique, …
Quand on injecte tout cela dans l’entreprise on injecte des bulles d’air dans l’articulation.

machine à concevoir est antinomique.
c’est concevoir l’objet innovant mais qui ne doit pas trop l’être …
On conçoit par définition quelque chose de neuf. Et tout le savoir faire est de garder le peps de la conception malgré la non digestion par l’entreprise.

On va chercher les idées chez les anciens. Bien innover, bien concevoir du nouveau suppose de bien connaître les anciens. L’humanité pense tout tout le temps , car souvent les choses ont été pensé avant par quelqu’un et donc il faut reparcourir l’histoire .
l’homme envisage le futur par rapport au passé.
Donc les anciens, pour les concepteurs du 16-17 siècle, un des anciens est Cicéron (à cette époque on lit les penseurs dans leurs langues originelles), et donc bien concevoir c’est bien énoncé.
Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement …

Et ils ont trouvé trois outils :
. les topiques,
. la réduction en art
. la technologie

Topique
c’est pas mal topique !
Cela fait appel à une façon de penser que nous n’avons plus (sauf peut être les asiatiques…)
Les topiques , on se met mentalement dans un lieu conceptuel, on s’immerge dans ce lieu conceptuel. (topos le lieu).
Pour eux (les gens du 16ème), les lieux virtuels, les lieux réels pour former un lieu commun
quand on voyage Rome, on va dans des lieux précis, et on conçoit Rome à partir de ces lieux sur lesquels tout le monde a réfléchi.
Pour inventer le lieu commun est nécessaire.
il peut être virtuel car tout le monde ne va pas à Rome. Mais on regarde alors des livres qui vont cultiver les lieux communs.

Et dans les lieux réels, on crée des choses réelles dans des cabinet de curiosités. On est dans l’inconnu pour comprendre le monde. On crée les cabinets de curiosités pour voir comment cela se dispose, comment on peut concevoir et c’est comme cela que le savoir scientifique s’est construit.
Autre exemple, le jardin de l’histoire naturelle, on recrée un petit monde, on se met dans la chose pour bien la comprendre soit physiquement , soit mentalement.

L’image est conceptualisante. Pour eux (les gens du 16ème), l’image en soit est concept. Très proche du designer.
L’esthétique joue un rôle d’aide à la conceptualisation.


La réduction en art

ce sont nos manuels, on dispose tout par écrit de manière à toujours s’en rappeler.
Ce ne sont pas les fine art, c’est le savoir faire. On met les choses de façon à ce qu’elle devienne des savoir faire pour tout le monde.
On va tout réduire en art : l’escrime, la prière…
C’est presque mettre de la méthode partout.

la technologie
le fils naturel de la technologie se sont les encyclopédies. C’est une sorte de grammaire des connaissances gigantesques. C’est la norme d’abord par l’explication.
Une encyclopédie c’est une succession de lieux mais là on essaie que leurs agencement soient scientifique
les outils qui se sont développés de 1530 à 1630.
A partir de 1630, on est rentré dans le règne de l’ingénier et dans la science contemporaine.

On est en train de sortir de l’époque Galiléenne (il faut lire les dialogues du Système du Monde).

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Lire la nature ne se réduit pas à une lecture mathématique.
On a des outils conceptuels qui sont intéressants à connaître, pour faire un autre saut.
Le progrès consiste à réutiliser intelligemment.

on conçoit l’inconnu.

les engrenages sont toujours là et la métaphore elle est puissante.
Il est nécessaire de comprendre la métaphore de l’engrenage…
la métaphore qui domine actuellement est a métaphore neuronale. certainement plus puissante que l’engrenage mais de façon à laisser plus de place à l’inconnu.

la question est de comment s’en sortir ?
Comment accepter la plongée dans l’inconnu.

l’engrenage est remplacé par le flux.
comment s’est posé la question du mouvement, de la causalité,
on s’est longtemps demander comment garder l’ électricité

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