Partie II. 1.Les pages perso et le phénomène des weblogs

Comme nous avons pu le noter en première partie, la nature même d’Internet permet à chaque connecté de consulter les infos du réseau mais également de contribuer au contenu.
Le mouvement de création de pages personnelles n’est pas nouveau et existe depuis les débuts d’Internet. En effet, des chercheurs (par exemple ), puis par la suite des personnes plus variées (par exemple cette page perso sur le jardin ) se sont saisis du web comme d’un mode d’expression. Le nombre toujours croissant de créations de pages perso a mené les fournisseurs d’accès et les hébergeurs à proposer des outils pour faciliter la création, la publication et la gestion des sites perso. Mais ces types d’outils se sont avérés très limités et souvent difficiles d’utilisation. Il fallait apprendre un minimum des connaissances du webmaster pour publier sur le web: logiciel de mise en page, outil de publication, langage HTML, gestion du « online » et « offline ») Sans compter l’ inconvénient supplémentaire d’organisation des archives (contenus à publier ou publiés) et il s’agit d’une tâche assez colossale.

A présent, il existe des outils qui évitent à l’ internaute toute cette démarche d’apprentissage. Il n’a désormais besoin que d’un navigateur et de ses codes d’accès, grâce aux WEBLOGS (ou Blogues) – nous verrons ensuite, dans un article suivant les usages de la co-publication et des outils tels que Wiki ou Spip.

Qu’est-ce qu’un weblog? C’est avant tout une page web personnelle et évolutive (et non pas uniquement un outil de publication) qui se présente comme une sorte de journal mis à jour régulièrement. On peut y trouver des infos de toutes sortes, sous forme de courts messages, ou articles, anté-chronodatés, et dont le contenu et la forme très libres restent à l’entière discrétion des auteurs. Etymologiquement, le weblog vient de « to log » en anglais, qui veut dire « se connecter », mais aussi « enregistrer une suite d’évènements, garder une trace au fur et à mesure ». Une traduction en français de « weblog » est « joueb » , une contraction de « journal » et « web » (elle ne fait toutefois pas l’unanimité – on peut dire aussi que ça sonne moins bien…) On parle de tout sur les weblogs: de sa vie, des sites que l’on découvre, de musique, de cuisine, de l’actualité, de ses héros de dessins animés… Chaque article peut être rubriqué, modifié, supprimé par son auteur après publication. Un système de commentaires permet d’apporter des compléments d’informations ou des réactions sur chaques articles. Il s’agit vraiment d’un usage simple. Il n’ y a plus à connaitre le HTML, l’ utilisation est aussi facile que d’envoyer des mails via Yahoo, Caramail ou autres. Pour créer son weblog, à peine 10 minutes sont nécessaires. Il existe pour cela deux grandes solutions gratuites d’édition et d’hébergement web pour son blog. On peut utiliser une application web qui permet alors d’écrire son blog depuis n’importe quel ordinateur directement dans le navigateur (càd. un travail en connexion directement), un peu à la manière d’écriture de mails depuis Yahoo ou Caramail. L’autre solution consiste, cette fois-ci, à télécharger un programme ( un « client ») sur son ordinateur (au niveau des mails, cela s’apparente plutôt à Outlook par exemple)

Voici quelques exemples de weblogs:Gloubi-Boulga, une méchante recette, une vie de tatou ou la vie Johan à Paris, mon carnet par quelqu’un de 58 ans, et plein d’autres encore surl’annuaire des blogs

Pourquoi avoir un weblog? « Parce que vous avez des choses à dire, parce que vous voulez avoir un petit coin à vous sur le web, parce que c’est convivial (on rencontre plein de gens), pour plein d’autres bonnes raisons » (http://weblogfrance.manilasites.com) Les motivations sont très diverses, mais la motivation commune à tous les bloggeurs est le plaisir de communiquer simplement et efficacement sur des réseaux de personnes plus ou moins grands, dont ils sont l’origine. Ils existent pour le plaisir d’écrire et de partager, pour raconter des histoires aux autres, apprendre et restituer, enclencher des conversations qui n’auraient pu être tenues ailleurs, partager un point de vue, s’amuser aussi avec un média d’expression très libre et très humain, se faire connaitre (par réputation) au fil du temps et des discussions. Les gens lisent les weblogs, peut-être parce qu’ils y croisent des opinions « vraies » et un ton différent que celui donné par la presse, par voyeurisme aussi peut-être (?) , pour l’accessibilité et la disponibilité des auteurs de blogs. Les usages les plus fréquents sont les blogs d’actualité et d’opinion, les journaux intimes, les carnets d’étudiants et de chercheurs. Mais certains les utilisent pour produire un journal de famille ou organiser un mariage, d’autres pour tout autre chose. Par exemple, BryanBell.com est le weblog d’un graphiste qui nous informe au jour le jour de ses dernières créations (ce graphiste est très connu dans la Blogosphère pour avoir réalisé de nombreux habillages de weblogs); Dive Into Mark est le weblog de Mark Pilgrim, développeur web et technophile passionné, sur lequel il nous informe de l’évolution de web, des langages, etc. Son weblog est incontournable pour tous ceux qui se soucient d’ergonomie sur le web. (source: )

Il existe à présent plus de 50000 weblogs référencés, ce qui prouve bien le succés qu’ils rencontrent, dû notamment à leur simplicité de lecture, comme d’utilisation, d’installation et leur gratuité. Les blogs sont un type de publication personnelle qui se révèle fortement « communautaire » et voit se développer des communautés d’intérêts et/ou de pratiques dans un souci de partage d’infos et de sources d’infos. C’est là une des caractéristiques des blogs. Parce que ces outils sont suffisamment souples pour gérer facilement la mise en ligne de photos, d’infos personnelles, les expatriés vivant au Japon sont les premiers utilisateurs de blogs au monde; ils s’en servent comme de nouvelles pages perso faciles à administrer qui leur permettent de rester en contact avec leurs proches à l’autre bout du monde (http://www.japanmediareview.com/japan/internet/1048789636.php et ) Il est d’ailleurs étonnant que les Japonais, réputés pour être très friands des dernières technologies en termes de communication, se convertissent à la pratique du weblog seulement depuis peu.

Les usages sont, comme nous l’avons vu, très variés. Il existe en ce moment différentes expérimentations des blogs notamment dans les Espaces Publics Numériques. C’est le cas par exemple au Plessis-Trévise (94) où a été créé un blog d’expression des usagers de l’EPN Jacques Duhamel, durant la Fête de l’Internet 2003. Un autre exemple est l’Espace Culture Multimédia Ars Longa (Paris 11è) qui propose des rencontres autour des blogs d’expression depuis 2002, . Il y a aussi des blogs qui n’intéressent que leurs administrateurs (et qui par conséquent ne répondent pas à tous les critères de convivialité et de partage ou rencontres évoqués ci-avant – mais peut importe ils sont utiles quand même), c’est le cas pour le Normandie Weblog, le journal de la reconstruction du site NormandieWeb.org; ce blog est tenu par 3 ou 4 personnes qui sont les seules à s’y connecter parce qu’elles sont les seules apparemment intéressées par le projet. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une très bonne illustration du fait qu’un weblog peut être un très bon outil de travail et de gestion de projet. ()

En effet, un autre usage dérivé est l’usage des weblogs en entreprises. Dans le domaine professionnel, il s’agit d’ un outil simple, bon marché et réactif, de communication interne comme externe. (cf. Partie I , les chats professionnels, l’avantage que possède le blog par rapport à ça est l’archivage) Dans chaque entreprise ou service d’entreprise affectée d’un weblog, celui-ci permet d’informer au jour le jour de l’évolution des projets en cours, des changements de personnels, des dates de réunions, avec archivage des comptes-rendus, etc. Dans l’entreprise Userland Software, spécialisée dans le développement de logiciels, chaque employé possède son blog. Rédigés au jour le jour, ces weblogs constituent également une façon naturelle de créer une mémoire de l’entreprise.

Avant de conclure cet article, il est important de s’intéresser à l’impact des weblogs sur le plan économique et financier. En effet, le phénomène des blogs, par son ampleur et parce qu’il s’agit de vastes contenus disparates, pourrait à lui seul constituer une nouvelle forme d’économie. La popularité des weblogs en a alerté plus d’un et entraine ainsi le développement d’activités commerciales parallèles. Ce « business » d’un nouveau genre implique souvent de faibles montants et semble n’opérer qu’à petite échelle (à l’échelle individuelle). Par exemple, des sociétés proposent aux auteurs de mettre des fichiers audio sur leur blog pour 3$ /mois ou sinon de la publicité textuelle pour 10$/mois. Il existe également des hébergements non gratuits (5$/mois). D’autres encore ont basé leurs profits sur le design de blogs (20 à 50$). On assiste alors à une « nanoéconomie » qui se caractérise souvent par des relations individuelles et directes, entre internautes et bloggeurs ou entre bloggeurs, et qui par nature échappe à tout contrôle ou taxation. Bien qu’il s’agisse de montants faibles, dans sa globalité le « chiffre d’affaire » de ce business pourrait ne pas être négligeable dans les années à venir. Si ce type de commerce se généralise et prend plus d’ampleur, un modèle économique global et viable pourrait bien voir le jour dans la blogosphère. ()

La création personnelle sur Internet est un usage, on l’a vu, très très fréquent et ce depuis pratiquement les débuts d’Internet. La naissance du weblog est une véritable évolution dans cette catégorie de production et le phénomène est en expansion et s’avére un des usages les plus répandus avec le courrier électronique, ce qui entraine de nouvelles sortes de business, de nouveaux marchés. La dynamique d’appropriation du réseau passe par ce type d’iniatives, mais il en existe d’autres, souvent à caractère plus associatif et à échelle collective, grâce également à l’adaptation des outils de publications pour la production et l’ initiative personnelle (voir )

Ce contenu a été publié dans Enjeux et usages des TIC (février-juin 2003), Individus et réseaux. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

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