L’Homme et le réseau social – Quelle version de soi ?

« Sur la planète numérique qu’incarne Internet, nous assistons à la modification du périmètre de la socialisation : entre, d’un côté, la résistance à une certaine promiscuité imposée et, de l’autre, la recherche nouvelle d’une intégration à distance dans des tribus liées par les mêmes affinités choisies, qui peuvent être plus fortes que celles du voisinage immédiat. » – Le Lien Numérique, Nouveau Marqueur de Civilisation – Denis Ettighoffer, spécialiste français dans l’étude projective de l’impact des technologies de l’information et de la communication

Selon Ettighoffer, le numérique altère le « périmètre de socialisation de chacun » à tel point qu’il peut, parfois, donner naissance à des relations plus fortes que celles que chacun lie avec son voisinage d’un point de vue spatial. En ce sens, le réseau social constitue selon lui un nouvel outil de rencontre, un moyen de nouer des liens forts, que l’on voit la personne physiquement ou non (-Le Lien Numérique, Nouveau Marqueur de Civilisation). D’autre part, en approfondissant son idée, il affirme que des communautés entières se créent à partir de ces réseaux numériques. « En élevant autant de barrières entre elles », il indique que l’on partage plus aisément nos expériences, nos valeurs et nos émotions, la relation étant moins engageante physiquement qu’une relation non-virtuelle, tangible. Il parle d’un nouveau pan de l’histoire de l’humanité avec conviction, son sentiment étant que les communautés virtuelles deviennent de nouveaux espaces sociaux de ralliement de la société selon des groupes, des cultures.

Mark Granovetter, lui, s’intéresse davantage aux liens virtuels d’un point de vue professionnel. « Source de discrimination », le numérique est selon lui un outil approprié de recherche de stage ou d’emploi, un moyen de diffuser de manière non-officielle, et de s’insérer dans le monde professionnel (-La Force des Liens Faibles). Sociologue et professeur à l’université de Stanford, c’est dans les années 70 qu’il publie un premier article sur la question de ce qu’il appelle « La Force des Liens Faibles ».

Selon Granovetter, il existe trois types de relations entre individus : les liens faibles, les liens forts, et l’absence de lien (qui l’intéressera moins). La force d’un lien entre individus est déterminée en fonction de la quantité de temps partagé, en fonction de l’intensité émotionnelle, en fonction de la confiance que chacun accorde à l’autre, de l’intimité qu’ils partagent, et des services qu’ils se rendent de manière réciproque. Il montre dans un premier temps que la probabilité pour que les deux individus partagent un cercle d’amis communs est très élevé si ces deux-là ont « des liens forts ». De la même manière, plus les liens sont forts, plus la probabilité pour que des relations qui étaient propres à chacun deviennent des relations mutuelles avec le temps. En revanche, il affirme que si une personne (A) diffuse une information à ses liens forts, alors il y a de grandes chances pour que ces liens forts le répètent à des personnes déjà au courant, puisqu’ils sont dans le même cercle. A l’inverse, lorsque les liens sont faibles, si A diffuse quelque chose, ces liens diffuseront l’information à leurs liens forts, qui ne font, à priori pas partie des liens de A du tout. Ainsi, A arrive à diffuser une information à des personnes qu’il ne pouvait pas du tout joindre en premier lieu. En conclusion, le sociologue prône le lien faible comme étant un bon intermédiaire afin d’atteindre des contacts indirects. Le numérique et les plateformes sociales numériques constituent donc un bon intermédiaire afin qu’une information se répercute sur des liens dits faibles.

Prenons l’exemple des moines bouddhistes. Ceux-cis n’ont pas le droit d’avoir de possessions, aucune. La seule chose qu’ils possèdent est leur toge, qui appartient en réalité à leur temple. Dès l’arrivée du numérique, on leur a permis de posséder un téléphone portable dans l’unique but de communiquer sur le bouddhisme, leur religion, et sur leurs pratiques, sur les réseaux sociaux. Leur téléphone ne peut leur servir à appeler leur famille, par exemple, mais il doit leur servir à atteindre des cercles qui leur sont inconnus, afin de promouvoir leur religion et de l’étendre dans ce que Granovetter appellerait l’absence de lien.

Antonio Casilli aborde dans un ouvrage intitulé « Les Liaisons Numériques, Vers une Nouvelle Sociabilité ? » la question de la véracité des relations sur les plateformes numériques. S’inspirant de Granovetter, il dit que l’avantage des liens faibles est d’unir pour un intérêt commun, d’une « activité productive avec valeur ajoutée ». Il affirme cependant que le réseau social ne crée pas véritablement de liens profonds, plutôt des liens légers, mais qui sont dépourvues de conflit car trop légères pour être remises en question de temps à autres.

La sociologue Catherine Lejealle s’est intéressée à l’image qu’il nous était possible de renvoyer à travers les réseaux sociaux et en particulier Facebook. A travers un article publié sur le Nouvel Observateur en 2013, elle commence par constater qu’il y avait une nouvelle possibilité de se construire une image publique grâce aux réseaux sociaux, cette image publique ayant été auparavant réservée aux stars et aux politiques. Ce nouveau terrain de jeu, dit-elle, apparait être un bouleversement du rapport au temps et à l’espace. On a la possibilité d’être omniprésent, entrelaçant sphère privée, publique et professionnelle. L’idée de la participation permanente créant une euphorie d’être présent, une impression d’exister. « Notre valeur devient l’image que les autres peuvent trouver de nous en tapant notre nom dans un moteur de recherche » et « s’ils ne trouvent rien, c’est que l’on n’existe pas ». Ces paroles, bien que quelque peu extrémistes, témoignent d’une existence un peu amoindrie dès lors que notre présence sur la Toile se fait rare. L’idée de tapisser cette Toile de traces numériques revient donc à vivre plus intensément, selon elle.

Facebook a été jusqu’à présent réservé aux plus jeunes, ou bien d’une manière plus générale à ceux qui ont le plus de temps à consacrer aux réseaux sociaux. Les plus âgés s’inscrivent en général plutôt à des réseaux professionnels, comme LinkedIn. Dans les deux cas, le réseau joue le rôle d’une sorte de miroir de soi : « on se regarde faire, et on le fait savoir ». Catherine se pose alors la question de savoir si cette existence quelque peu mise en scène se fait au détriment de l’existence réelle, certains passant plus de temps à construire leur vitrine digitale qu’à vivre vraiment. Erving Goffman, sociologue et auteur de « La Mise en Scène de la Vie Quotidienne » explique qu’en parallèle de la mise en scène de soi il existait des coulisses, ou espaces de partage privé. Il explique ensuite que, contrairement à certains réseaux sociaux, Facebook constituait un réseau qui n’avait que très peu de coulisses, et que ces coulisses étaient donc très peu exploités. Le sociologue James Gibson a alors inventé la notion d’affordance, terme désignant la capacité d’un système à suggérer sa propre utilisation. Au sein de Facebook et de Twitter, cette notion est très présente puisque coexistent le tweet, le statut, le like, la géolocalisation, le commentaire, etc… Les possibilités d’exister des utilisateurs sont multipliées, et deviennent impulsives.

Les frontières entre le réel et le virtuel sont alors dissoutes et ce qui pourrait paraitre intrusif ne l’est plus du tout aux yeux des fervents utilisateurs. Tout apparait comme un moyen de créer du lien, et toutes les interfaces existantes (smartphones, tablettes, notebooks, ordinateurs portables,…) se présentent comme des excroissances de notre pensée. Les juristes souhaitent proposer, d’ailleurs, un règlement européen, se préoccupant du « droit à l’oubli » : l’idée de pouvoir contrôler les traces numériques que l’on laisse de son passé semble primordiale. Cependant, les jeunes souhaitent le contraire lorsqu’ils sont interrogés sur la question et « n’ont pas du tout envie que la vitrine qu’ils ont mis tout ce temps à construire soit effacée ».

Catherine Lejealle relate deux « effets pervers » de cette mise-en-scène de soi. Le premier est le sentiment de dépression (observé également par de nombreux psychologues) engendré par le temps que l’on passe sur nos réseaux sociaux, dépourvus de sensations ou d’émotions. De la même manière, la vérité est souvent si enjolivée sur ces « vitrines » que le sentiment s’infériorité se fait beaucoup ressentir. La sociologue reprend l’exemple de l’émission de téléréalité « Loft Story », une émission dans laquelle les joueurs sont enfermés à ne rien faire, et où les spectateurs ont fini par se dire que leur vie était, en comparaison, extraordinaire. Ce concept d’émission a par ailleurs été repris de nombreuses fois, dans le cadre de Secret Story, par exemple. Le second effet pervers relaté par l’auteur est le « bashing », ou moquerie. Le sentiment d’appartenance des utilisateurs de réseaux sociaux est si puissant et profond qu’il engendre, pour une personne qui serait marginale ou qui serait jugée comme n’étant pas dans les normes, un gros sentiment de discrimination, de stigmatisation. Dans ce sens, l’idée d’anonymat renvoyé par un écran renforce d’autant plus les acharnements collectifs. Tragiquement, le suicide de plusieurs adolescents après avoir été lynchés sur internet en témoigne.

Au sein des pratiques que l’on observe au quotidien se distinguent plusieurs types de publications sur les réseaux sociaux, souvent suivant le réseau sur lequel l’individu se prononce. Prenons l’exemple d’un jeune adulte, Ambroise. Sur Facebook, la plupart de ses publications et de celles dans lesquelles il est identifié ressemblent à ca :

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ou encore à ca :

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Des publications ou identifications qui, au final, ressemblent à celles de ses amis, de ses contacts sur ce réseau social en particulier. En opposition, il est très actif sur Twitter et prend le parti de ne poster pratiquement que des avis politiques, de retweeter des leaders d’opinion :

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Ces tweets n’ont pas véritablement d’ampleur et de portée, vu le nombre de personnes qui le suivent, mais il persiste en tweetant une dizaine de fois par jour. Pour l’avoir côtoyé régulièrement depuis plus d’un an, je sais qu’il est impliqué politiquement mais je ne l’ai jamais entendu parler de politique à quelqu’un qu’il avait en face de lui. Il existe sur Twitter trois grandes classes de personnes : les politiques (comme Ambroise), les personnalités (comme Beyoncé), et ceux qui s’ennuient et qui décrivent leurs mouvements tout au long de la journée.

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Pour avoir posté 8 tweets depuis qu’elle est abonnée à Twitter (c’est à dire depuis 5 ans), Beyoncé a réussi à atteindre presque 14 millions d’abonnés. Comme si ces nombreuses personnes ne voulaient rien rater de ce qu’elle poste, alors qu’elle ne poste en réalité rien.

 

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Joanne est inscrite sur Twitter depuis 2009. En 5 ans, elle a posté plus de 18600 tweets qui tournent autour du « je m’ennuie », « énervement quand tu nous tiens », ou encore « les fraises c’est vraiment trop bon ». Elle a 253 abonnés et en moyenne 0 personne qui retweete ses actes ou sa passion pour la nourriture. Pourtant elle continue, comme si ca allait lui permettre de se sentir vivre, de garder une trace de ses faits et gestes, des lieux qu’elle fréquente. Ce journal intime ouvert qu’elle nous livre renvoie d’elle une image quelque peu péjorative puisque l’on a vite l’impression qu’elle parle davantage à son téléphone qu’aux personnes qui sont autour d’elle.

 

Une culture de la contribution

“Une économie du savoir partagé, de la création de commun est née avec le monde du numérique et cette culture se diffuse aussi à l’économie matérielle”.

“Grâce aux Peer-to-Peer, les contributeurs ont appris à collaborer”.

Michel Bauwens, entretien avec Jade Lindgaard (journaliste)

“L’économie de la contribution – dont on voit se développer depuis près de vingt ans des formes qui restent encore le plus souvent inchoatives, voire embryonnaires, mais qui sont aussi parfois très avancées : ainsi de l’économie de l’open source, qui devient le modèle dominant de l’industrie informatique, celle-ci dominant elle-même l’ensemble de l’industrie –, résulte d’une transformation comportementale induite en très grande partie par le déploiement des réseaux numériques.”

Manifeste d’Ars Industrialis, rédigé par Georges Collins, Marc Crépon, Catherine Perret, Bernard Stiegler, Caroline Stiegler.

Michel Bauwens et Bernard Stiegler (à travers son association Ars Industrialis), deux penseurs et théoriciens du numérique, prônent une transition vers un nouveau modèle émergent, le système contributif, c’est à dire le passage d’un monde concentré à un monde de distribution où le savoir n’est plus « privatisé » mais partagé. Selon eux, ceci est rendu possible notamment par les technologies numériques et par la nouvelle culture qui s’en est dégagé.
Le modèle contributif repose sur une nouvelle organisation du travail qui émane de l’organisation en réseau d’internet ou plus exactement du Web 2.0 et du Peer to Peer.
Pour Michel Bauwens (spécialiste du P2P depuis les années 90), ce système de réseau a permis et appris aux contributeurs à partager et à collaborer et ainsi développer une nouvelle culture.
L’organisation en réseau permet de sortir du cadre spatio temporel habituel. Nous pouvons avoir accès à un grand nombre d’informations et en échanger en retour s’en avoir à se déplacer ni à travailler de manière synchrone. Cela fait de nous autant un émetteur qu’un récepteur. Le système de hiérarchie verticale laisse sa place à un système plus horizontal autour de communauté, où chacun peut collaborer sur des projets communs, l’utiliser, l’enrichir mais jamais se l’approprier de façon définitive. Ces communautés s’enrichissent des contributions faites par chacun selon son vouloir et ses compétences et elles permettent la création de productions évolutives et adaptables dont la qualité dépasse parfois les équivalents construits dans les systèmes classiques (comme c’est le cas par exemple avec le logiciel libre).
Bernard Stiegler estime que cette nouvelle organisation de la société autour de communauté d’amateurs (dans le sens de passionnés) entraîne une dé-prolétarisation des individus, c’est à dire une récupération des savoir faire, des savoir vivre et des savoir théorique à travers la contribution. Contribuer, c’est s’investir dans une communauté, faire des choix, agir en connaissance de cause, et non plus comme un simple exécutant dans un système vertical. Nous devenons donc en quelques sortes plus responsable.

Nous allons essayé de voir quel sont les domaines ou émergent des communautés de contributeur, comment elles s’organisent, qui sont les gens qui les font vivres et les influences qu’elles peuvent avoir dans d’autres champs (espace publique ou la vie juridique par exemple).

L’économie collaborative ou contributive touche aujourd’hui de nombreux secteurs d’activités et pas seulement dans le monde de l’immatériel, Jérémy Rifkin, économiste explique notamment dans son dernier livre (la société du coût marginal zéro) que les différentes formes de contribution ont passé le “firewall” entre le monde virtuel et le monde physique.
Selon lui, à travers l’histoire chaque modèle sociétal est basé sur la convergence de 3 technologies, une technologie de communication, une technologie d’énergie et une technologie de transport. Il prend l’exemple de la première révolution industrielle qui apparaît grâce à l’arrivé simultanée du télégramme, de la locomotive à vapeur, et du charbon à bas prix (grâce à de nouveaux moyens d’extraction). C’est trois technologies ont alors permis la naissance d’un nouveau système d’organisation, l’état nation en charge de surveiller les différents marchés qui eux même avaient évolué en marché ou capital par actions car le prix et l’envergure des infrastructures (réseaux de chemin de fer, poteaux télégraphique…) dépassaient l’échelle humaine. Il confirme que le numérique qui est aujourd’hui surtout présent dans la communication a aussi investit le monde physique, il parle alors d’internet des objets qui est le résultat de la convergence des 3 technologies.
Cette approche nous permet donc d’envisager de trouver les traces d’une culture de contribution aux travers de communautés passionnées dans de nombreux domaines différents, et ne pas seulement rester dans le monde de l’immatériel qui pourrait être pourtant le premier réflexe à avoir.

L’économie de contribution est présente autour du partage de bien de consommation matériel, comme c’est le cas pour le covoiturage par exemple. On partage sa voiture avec d’autre personne le temps d’un trajet. Le covoiturage existe depuis déjà un certain temps grâce à des organisations comme Allostop créée en France en 1958 qui avait pour but d’organiser l’auto-stop. Et c’est grâce à internet que ces organisations ont réellement pu se développer et en voir d’autres émerger, le système de réseau permettant de mettre en contact plus facilement les contributeurs.
Blablacar est l’une de ces plateformes communautaires de covoiturage qui s’est développer grâce à internet en 2004. En 2014, Blablacar réunit 10 millions d’utilisateurs à travers l’Europe.
Au niveau de l’architecture même de la plateforme, il y a un site qui permet à n’importe qui de s’inscrire pour regarder les covoiturages disponibles où en proposer un. Grâce à un système de grade attribué aux inscrits sur le site, en fonction de leur ancienneté, du nombre de covoiturage effectué, des notes attribués, etc…, les personnes les plus actifs sur la plateforme acquière une certaine renommé et aussi une confiance de la part des novices qui vont plus facilement les choisir lors des premiers voyages.
Le site organise aussi pour les personnes les plus « haut gradé » de participer à des rencontres, conférences, avec l’équipe du site et d’autres covoitureurs avertit, et participent au développement (ou une partie) de la plateforme.
D’après des études, la majorité des personnes utilisant les plateformes de convoiturage en France sont des jeunes entre 18 et 35 ans et viennent de toutes les catégories sociales. La plupart du temps pour des aspects pratique ou économique mais aussi parfois pour des questions de convictions personnelles.
Le covoiturage et sa renommée acquise grâce à internet a aussi eu une influence sur l’espace publique avec notamment la création d’air de covoiturage, des endroits prévu pour accueillir ou déposé des covoitureurs et délimités par des panneaux de signalisation. En Amérique du Nord, on trouve aussi près de 4000 km de voies pour les véhicules a occupation multiple comprenant les bus, les taxis et les voitures transportant au minimum 2 personnes.
Le Canada a aussi mis en place le réseau de covoiturage qui permet de centraliser toutes les offres.

Dans un autre domaine, on trouve la communauté de greeters. Ce sont des bénévoles qui accueillent gratuitement des touristes par une rencontre authentique avec un habitant lors d’une balade. Ils montreront et parleront de façon insolite, originale et personnelle de ‘leur’ coin, ‘leur’ quartier, ‘leur’ ville, dont ils sont fiers et passionnées. C’est une forme de tourisme participatif. Les touristes vont voir et participer à la vie locale du lieu visité. Le Greeter va non seulement souligner les lieux intéressant ou inconnus, mais il va aussi parler de la vie de tous les jours et de ses coups de coeur.
La première association de greeters, Big Apple Greeter, est fondée à New York en 1992, appuyé par des politiques New Yorkais qui voulaient améliorer la réputation de la ville qui est alors vu comme « dangereuse, chère et oppressante » en laissant les touristes la voir au travers des yeux de ses résidents. Le phénomène touche aujourd’hui 19 pays.
Toutes ces organisations de Greeters sont fédérées dans le réseau international des greeters (le Gobal Greeters Network). Cette entité va centraliser les différentes communauté autour un site commun (une sorte de moteur de recherche) mais chaque association garde un site sur une adresse indépendante. Et ils vont aussi aider les nouvelles villes ou régions à établir leur propre programme.
Chaque année, les différents adhérents se rassemblent pour débattre des problèmes communs. Leur but est de maintenir une liste de valeurs communes à l’ensemble des organisations de Greeters.
Voici leur Charte
1. Les Greeters sont bénévoles, ils sont un visage ami pour le(s) visiteur(s)
2. Les Greeters accueillent des individuels et des groupes jusqu’à 6 personnes
3. La rencontre avec un Greeter est entièrement gratuite
4. Les Greeters accueillent toute personne, visiteur et bénévole, sans aucune discrimination.
5. Les réseaux de Greeters s’inscrivent dans une démarche de tourisme durable en respectant l’environnement et l’homme. Ils participent à l’enrichissement culturel et économique des communautés locales et contribuent à l’image positive de la destination.
6. Les réseaux de Greeters favorisent l’enrichissement mutuel et les échanges culturels entre individus pour un monde meilleur.

Dans le même esprit, le site CouchSurfing qui est connu pour proposer d’herberger un voyageur dans son « canapé » durant quelques jours, propose aussi de chosir le statut « autour d’un café » qui indique que l’on est disponible quelques heures pour discuter avec des voyageurs, leur montré une partie de la ville, où un lieu en particulier.

La ruche qui dit oui, est une organisationn qui vise à réduire le circuit entre le producteur et le consommateur. Pour cela n’importe qui peut décider d’ouvrir une ruche, une sorte de marché qu’il herbégera chez lui quelques heures par semaine. La communauté gravitant autour d’une ruche va choisir ensemble des produits proposés avec un système de vote. Chaque « abeille » comme ils sont appelés contribue alors à la mise en place de la ruche.
L’organisation offre entre autre une plateforme web interactive qui va aider la communauté à trouver les producteurs.

Open source society

Les « open-softwares » sont à la base d’une nouvelle façon de penser, à la base du concept de l’ « Openness ». Dans cette notion d’Open Source de nombreuses choses autres que des logiciels pourraient s’inscrire. Certain se sont déjà lancer sur des projets d’open-hardware, mais d’autre visent encore plus loin en se penchant sur le concept d’une « Open-society ». Un des premier à en parler fut Karl Popper dans son œuvre : « The Open society and its enemies » (1945), depuis des partis politique se sont créer tel que l’Open Source International Party ou le Parti Pirate (européen) se basant sur le principe de l’open source, avec des devises telles que « Liberté, Démocratie, Partage ».

Citation importante :  « One approach to understanding the democracy of the multitude, then, is as an open-source society, that is, a society whose source code is revealed so that we all can work collaboratively to solve its bugs and create new, better social programs. »                                                                                                                                           -Michael Hardt and Antonio Negri : Multitude: War and democracy in the age of empire, 2004

Le pouvoir de la parole

“The Internet has enormously increased the potential for developing alternatives and making the border between inward and outward-oriented communication much more permeable.”

“L’internet a énormément augmente le potentiel pour développer des alternatifs and rendre la frontière entre la communication orientée vers l’intérieur et celle qui se tourne vers l’extérieur beaucoup plus perméable.”

 

Dans leur article intitulé Global-net for Global Movements? A Network of Networks for a Movement of Movements, Porta and Mosca observent l’usage des outils numériques par les activistes dans leurs fonctions mobilisantes et cognitives. Leur observation part du positionnement de la media traditionnelle par rapport à des évènements et se porte vers les modes de communication offerts par le numérique pour en créer un dessin ou l’action et la conversation se mêlent. Les caractéristiques de ce “network des networks” sont “la polycentricité et l’absence d’hiérarchie”. Les sites alternatifs d’information, pétitions et enquêtes sur ligne, les sites d’organisations ne sont que quelques-uns à compter a cote des réseaux sociaux et les blogs qui en sont les outils principaux. L’influence de Bennett est visible dans l’article à travers les références; qui, à son tour, souligne plusieurs fois l’étendue et la flexibilité de ces réseaux qui se constituent sur “des liens faibles entre les individus”.

L’effet de cette prise de parole par les citoyens est interdépendante avec les medias grand public en créant une “opinion public” (Porta and Mosca) et en “altérant le flux d’information aux media grand public” et “change(ant) la manière dont les informations sont faites” (Bennett), elle pose ainsi “des défis redoutables aux producteurs d’information” comme l’exprime Dominique Cardon dans son livre La Démocratie Internet.

Le numérique devient ainsi l’outil “d’altermondialisation” pour “le militantisme informationnel” qui se tache la démocratisation et des-hiérarchisation des medias, comme exprime par Cardon et Granjon dans leur article Les mobilisations informationnelles dans le mouvement altermondialiste.

Bibliothèques ? 2

Wikipédia :

Louise Merzeau : http://fr.wikipedia.org/wiki/Louise_Merzeau

Savoirscom1 : http://fr.wikipedia.org/wiki/Savoirscom1

Documentaliste-Sciences de l’information : revue

ADBS : L’association des professionnels de l’information et de la documentation http://www.adbs.fr/

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merzeau.net : Embeded memories. Patrimonialisation des traces numériques

NetPublic.fr : accompagner l’accès de tous à internet

Olivier Ertzscheid : http://blogs.iutlaroche.univ-nantes.fr/olivier-ertzscheid/page/2/

Le Monde : http://www.lemonde.fr/sujet/8f25/olivier-ertzscheid.html

article : « Les « copy party » autorisées mais dans le cadre d’un usage privé » :

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ENSSIB : Ecole Nationale Supérieure des Sciences de l’Information et des Bibliothèques http://www.enssib.fr/ :

« La copy party en bilbiothèque, c’est permis ! » par Amandine Jacquet, 29 octobre 2013

« Le kopimisme : religion du libre-copier » par Christelle Di Pietro, 12 mars 2012Capture d’écran 2014-12-01 à 13.20.58 1

Church of Kopimism http://kopimistsamfundet.ca/

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579px-Kopimi_k.svgCapture d’écran 2014-12-01 à 13.30.46

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Pratiques de l’amateur sur les réseaux numériques

-Sur le site d’informations Rue89, suite à un article publié en décembre 2010,  la journaliste, Nolwenn Le Blevennec, confrontée à la surveillance de son public, entre en discussion avec lui.  http://rue89.nouvelobs.com/2010/12/04/accusee-despionnage-a-laef-la-mata-hari-dockrent-repond-179064

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-Sur le site d’informations Rue89, les témoignages qu’apportent les internautes en commentaires, sont vérifiés par les journalistes et peuvent servir à la production d’articles. Article de Pierre Haski, cofondateur de Rue89, publié en février 2010. http://rue89.nouvelobs.com/making-of/2010/02/19/quand-les-riverains-font-linfo-avec-les-journalistes-de-rue89-139509

-Photographies de caméras de surveillances indiscrètes, prises  par des usagers de Flickr et taguées, pour participer à leur localisation dans le monde :                                                –Vidéo surveillance sur la passerelle de Giacommeti, du côté du silo Seegmuller, qui deviendra une résidence étudiante, localisée par mathias_poujol_rost https://www.flickr.com/photos/mathias_poujol_rost/8124720723/in/photolist-4ay2t-cFRk4S-cFRjfC-6v71oR-6wRqgn-dnXjpM-9xKKsZ-3TFb3-7SmBnc-7pLhZi-7pLhhp-7pQchu-7pLhDn-9qL9Mp-bUwWwf-gtxuPn-4LEGfc-gxw7Sh-gA5C1Z-4EQ7iz/

–Vidéo surveillance à Norbiton, Londres, en Angletterre, localisée par Darren Wilkin https://www.flickr.com/photos/dwilkin/15475341220

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-Darren Wilkin fait également parti d’un groupe de photographies, sur Flickr, autour de la thématique du noir et blanc, intitulé Black & White Done Right !. 

Ce groupe fonctionne selon ses propres règles.                                                                                                                               Cette photographie,  de Michael Jarnassen, publiée le 2 janvier 2015,et présente sur la galerie du groupe, reçoit par exemple 8 commentaires (avis, encouragements) et est mise en favoris par 66 membres. Elle est publique. https://www.flickr.com/photos/jarnasen/15555298233/in/pool-black_white_done_right

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-Le site internet Sourceforge anime sa communauté, en lui laissant la possibilité de choisir chaque semaine, les meilleurs projets. http://sourceforge.net/blog/projects-of-the-week-december-29-2014/

Le site internet permet également à la communauté d’élire LE membre de la communité du mois (http://sourceforge.net/blog/?cat=356 ) et le meilleur projet du mois (http://sourceforge.net/blog/january-2015-community-choice-project-of-the-month-scummvm/ ).

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-Sur Ebay.fr, des pages guides et un forum de discussion permettent aux amateurs d’utiliser au mieux les outils de vente, mis en place par le site. Par exemple, odile-l se demande, le 2 janvier 2015, comment annuler sa vente. http://pages.ebay.fr/education/optimiser-ses-ventes.html http://communaute.ebay.fr/t5/Vendre-sur-eBay/annuler-une-vente/qaq-p/2404798

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-Commentaire de Jean-Paul Guidoni, scénariste de formation, sur l’article ‘‘Chute du mur de Berlin : Sarkozy s’est trompé d’une semaine’’, publié sur le Blog du Monde.fr, Les Décodeurs, en novembre 2009, par Nabil Wakim. http://decodeurs.blog.lemonde.fr/2009/11/09/sarkozy-etait-il-a-berlin-le-9-novembre-1989/

12 Novembre 2009, J-P Guidoni lance une initiative satirique sur Facebook (Groupe fondé pour ériger une statut de Nicolas Sarkozy, à la place du Mur de Berlin https://www.facebook.com/groups/174961283769/).

Il  écrit également des articles sur le sujet qu’il publie sur Médiapart(http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-paul-guidoni/121109/eriger-une-statue-de-nicolas-sarkozy-la-place-du-mur-de-berlin) et sur Agoravox (http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/eriger-une-statue-de-nicolas-64863).

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-Article publié sur le journal de presse alternative Article11, par Jean-Baptiste Bernard, en novembre 2009, suite aux déclarations de Nicolas Sarkozy, quant à sa dite présence, la nuit de l’effondrement du mur de Berlin, en 1969. http://www.article11.info/?Cheveux-au-vent-Saint-Michel

La presse alter est d’abord politique et militante, sans être liée à un parti. «C’est une presse issue des mouvements sociaux, détaille Benjamin Ferron. Leur création coïncide avec les grands cycles de mobilisation : Mai 68, décembre 1995, les mouvements étudiants des années 2000…»

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-Diagnostic du docteur, remis en cause par une internaute Vampire-im​mortelle, sur Doctissimo, le 11 février 2014 : ‘‘Bref, j’ai confiance en mon docteur mais j’ai vu que c’est pas bien du tout de prendre des antibiotiques en cas de virus, et que ça peut même aggraver les choses. Qu’en pensez-vous ?’’  http://forum.doctissimo.fr/sante/grippe-A/grippe-antibiotiques-sujet_59655_1.htm.

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-La quadrature du net, association de défense des droits et libertés des citoyens sur internet, fondée en 2008, propose un ensemble de codes esthétiques reprenant les principes du black-out, à mettre en place sur ses profils et blogs pour protester contre la loi Hadopi. http://www.laquadrature.net/fr/HADOPI-blackout-images-bandeaux-boutons-bannieres

Exemple de black-out, janvier 2012, sur le blog de Manuel Dorne, figurant 3e sur le classement des 100 personnes les plus influentes sur les réseaux sociaux, en France, par Minutebuzz http://korben.info/blackout.html

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-Article à propos de la grippe, sur l’encyclopédie en ligne, Wikipédia. Dans l’onglet discussion, interventions de plusieurs membres pour apporter des corrections, poser des questions, donner des avis sur les choses énoncées dans l’article.

Intervention, notamment, d’un membre sous le pseudonyme d’Apokrif. Ce dernier présente, sur son profil, quelques uns de ses centres d’intérêts, son profil twitter, son blog Humanisme-Citoyen. Il est intervenu dans 149 articles de Wikipédia. http://fr.wikipedia.org/wiki/Grippe                          http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:Grippe           http://fr.wikipedia.org/wiki/Utilisateur:Apokrif     http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion_utilisateur:Apokrif

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-Chaine Youtube du joueur/commentateur Obey SkyRRoZ. Ses vidéos sont des gameplay, c’est-à-dire des vidéos, dans lesquels il enregistre, en même temps qu’il joue, ses ressentis, ses joies et difficultés. Présent également sur Facebook. Avec ses 435 102 abonnés, il gagne une certaine notoriété, auprès de ses pairs gameplayers. Il entretient sa communauté.

Il faut être soi-même un minimum joueur pour comprendre le titre et les commentaires vidéos de ce youtuber.

Commentaire d’un internaute : ‘‘Ce qui me plaît dans ce call c’est qu’il ressemble a B02 graphiquement et B02 j’ai grave kiffe ce jeu et ça ne me dépayse absolue pas et puis moi qui aime jouer au sniper le Mors et vraiment super même si il fait quelque hit marker cela rajoute un peu de difficultés tout comme le Balista.’’

https://www.youtube.com/channel/UCP4wIoy9W9WdAfVIN2sVmEw

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Figure du Pro-Am 2.0

Grâce à l’informatique et au web participatif, des amateurs, passionnés et touche-à-tout, apparaissent, dans nos sociétés contemporaines.

Ils ne sont ni novices, ni professionnels. Mais, par la démocratisation des compétences qu’ils ont enclenché, ils contre-balancent l’élitisme à l’oeuvre dans le monde des politiques et des experts professionnels : ils produisent des connaissances, diffusent de l’information, créent des oeuvres et militent, à travers des organisations au périmètre ouvert, dans lesquelles les autorités décidantes sont décentralisées. Ils définissent une culture numérique.

Cette démocratisation politique et scolaire est traitée par Dominique Cardon dans La démocratie internet : promesses et limites et par Patrice Flichy dans Le sacre de l’amateur : sociologie des passions ordinaires à l’ère numérique, publiés en 2010. Elle trouve son origine dans la création du Free Software Foundation (FSF) en 1985 par Richard Stallman, ainsi qu’un affaiblissement symbolique de la coupure entre concepteur et usager.

Cette révolution, qui permet de transformer les autodidactes et les ignorants de jadis en experts patentés,  soulève des craintes : celles que l’amateur médiocre se substitue au professionnel talentueux. Mais, pas plus que la nouvelle économie numérique n’a tué la vieille économie, les amateurs ne vont remplacer les experts.

La nouvelle démocratisation repose sur des individus qui, grâce à leur niveau d’éducation et aux nouveaux outils informatiques, peuvent acquérir des compétences fondamentales dans le cadre de leurs loisirs. Ainsi, ces compétences permettent de dialoguer avec les experts, voire de les contredire, en développant des contre-expertises.

Ainsi, le pro-am (contraction de professionnel-amateur) est le citoyen, profane, ordinaire et ignorant à la base d’un domaine. Il développe une ‘’expertise ordinaire’’, c’est-à-dire une expertise acquise par l’expérience, qui lui permet de réaliser pendant son temps libre, des activités qu’il aime et qu’il a choisies. Son activité est souvent non marchande (proche du bénévolat). Elle se développe dans trois domaines : les arts, la chose publique, la connaissance. Grâce à l’Internet, le pro-am s’inscrit dans des communautés virtuelles qui permettent de partager les mêmes goûts. Ainsi, il  peut non seulement acquérir des compétences, mais aussi les mettre en oeuvre sous différentes formes. Il entremêle les positions du producteur et du discoureur.

Ainsi, comme l’indique Dominique Cardon dans son ouvrage, en décloisonnant le débat et en l’ouvrant à de nouveaux participants, Internet renouvelle les possibilités de critique et d’action. Surtout, le web constitue à l’échelle planétaire un laboratoire d’expériences démocratiques : auto-organisation des citoyens, délibération élargie à de nouveaux publics, mise en place de collectifs transnationaux, socialisation du savoir, etc.

Internet ne permet pas seulement de communiquer davantage ; Parce qu’il intègre moins d’exigences sociales et culturelles, et permet même dans certains cas, une participation presse-bouton (like, partage sur les réseaux sociaux), il élargit formidablement l’espace public et transforme la nature même de la démocratie.

Mashup Culture

 » Culture numérique : toute forme de production originale d’une oeuvre culturelle, à l’aide des technologies numériques, en particulier des technologies de l’information et de la communication. « 

On observe, dans l’élaboration de cette culture, l’importance de la relation entre producteur et utilisateurs d’éléments culturels. Les évolutions technologiques ont permis une grande amélioration des dispositifs permettant la production, diffusion et utilisation de ces éléments. En particulier avec la forte numérisation de ceux-ci tels qu’images, sons, textes, vidéo, etc., permettant la création d’une banque de données support de nouvelles productions. Cette numérisation massive a renversé les frontières entre différents cultures du monde et différents domaines culturels entrainant l’émergence de nombreux producteurs s’influençant les uns les autres.

Marc Le Glatin dans son intervention au Mashup Film Festival exprime l’idée d’une « culture des cultures » dont un des usages principaux est la pratique du mix (de type mashup ou bootleg). Il parle d’une vraie transversalité et transdisciplinarité de la culture numérique avec le développement de formes collaboratives, la multiplication des producteurs d’oeuvres et l’explosion de formes esthétiques imprévisibles, comme le dit Patrice Maniglier, « l’art numérique n’a pas eu lieu« .

Cette évolution remet en cause le mythe de l’immanence de la création, de la norme du droit d’auteur, de la notion juridique de bien commun et de la notion économique de la rareté, disparue par la reproduction et diffusion gratuite massive.

Bibliothèques ?

Dans l’introduction de son ouvrage Culturenum-jeunesse, culture et éducation dans la vague numérique, Hervé Le Crosnier parle de ce numérique qui « possède une magie propre que les humains ont toujours cherché : la construction d’une machine symbolique, capable de traiter les données, les informations, et demain les connaissances, capable d’analyser pour nous les signaux du monde, de la nature et des activités humaines, capable de rationaliser les choix, d’évaluer les trajectoires, d’économiser la planète et d’optimiser le temps que nous devons donner à l’industrie et à l’organisation sociale ».

D’une autre manière, Yves Citton, définit une culture numérique caractérisée par « l’accélération inouïe de la circulation des « informations » à la surface de notre planète ; la capacité de faire circuler ces informations à un coût marginal virtuellement nul ; l’accélération des rythmes de l’innovation à travers tous les niveaux de l’appareil productif ; l’importance croissante des savoirs relationnels dans des économies de plus en plus orientées vers les services aux personnes ; le renversement faisant que les actifs immatériels (savoirs, renommé, image de marque, réseaux) représentent une part plus importante dans la capitalisation boursière des grandes entreprises que leurs actifs matériels (usines, machines) ». p.15, Yves Citton, L’Avenir des humanités- économie de la connaissance ou cultures de l’interprétation ?

Alors, si la culture numérique dans laquelle nous baignons a transformé notre rapport et notre accès à la connaissance ; que deviennent les sources d’informations matérielles ?

Je propose d’observer les relations entretenues entre deux modèles aux ambitions comparables : celui de la bibliothèque et celui du web afin de comprendre comment ces deux entités communiquent, interagissent et s’hybrident grâce à l’avènement d’une culture numérique.

Pour commencer cette recherche, la figure du bibliothécaire servira de point d’entrée.

L’Homme & le Réseau Social – Quelle Version de Soi ?

« Sur la planète numérique qu’incarne Internet, nous assistons à la modification du périmètre de la socialisation : entre, d’un côté, la résistance à une certaine promiscuité imposée et, de l’autre, la recherche nouvelle d’une intégration à distance dans des tribus liées par les mêmes affinités choisies, qui peuvent être plus fortes que celles du voisinage immédiat. » – Le Lien Numérique, Nouveau Marqueur de Civilisation – Denis Ettighoffer, spécialiste français dans l’étude projective de l’impact des technologies de l’information et de la communication