Internet : la jeunesse devient une pro

Level 2. Se faire connaître

Comment s’ouvrir au monde aujourd’hui ? La question serait plutôt : comment s’ouvrait-on au monde hier sans Internet ? La jeunesse qui a grandi avec le 2.0, qui a connu MSN et Skyblog, sait que le web est un médium fabuleux pour ouvrir des passerelles. Ceci n’a pas énormément changé depuis, bien que Facebook et Overblog aient surplombé les anciens. Ces nouvelles plateformes de vie ont vu apparaître de nouvelles manières de communiquer et de se faire connaître. Ami ou inconnu, on peut ainsi toucher le plus grand nombre. Les blogs sont ainsi un excellent moyen pour certains secteurs d’activité d’accroître leur notoriété. Ceux-ci explosent dans le monde de la création et notamment de l’illustration où, comme une BD à ciel ouvert, les blogs permettent aux artistes de donner à voir tout leur travail (et parfois leur vie) à leurs lecteurs post-écran. Marie Spénale, vingt et un ans, tient un blog d’illustration qui connaît un fort succès >> :

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Pouvez-vous en quelques phrases nous décrire votre blog ? Depuis combien de temps l’enrichissez-vous ?

Mon blog me permet à la base de présenter mon travail et d’avoir des retours dessus. Par la suite, j’ai essayé de l’enrichir en racontant de plus en plus de petites histoires, parfois autobiographiques, parfois complètement fictives. Je tiens des blogs dessinés depuis la troisième, et j’ai ouvert celui-ci au début de mon dma, il y a trois ans environ.

Être illustratrice et vivre sans Internet aujourd’hui, est-ce possible ?

Je ne sais pas trop… Dans mon cas, toutes les opportunités que j’ai pu avoir c’était grâce à mon blog et, lorsque je dois démarcher, c’est avec mon site web. J’imagine que c’est possible de faire sans, mais internet apporte réellement un coup de pouce.

Avoir un blog permet de toucher un large public. Avez-vous des exemples de fans insolites ?

Mes rares fans sont généralement très gentils pour ce que j’en vois ! Après, il y en a qui sont vraiment à fond dans les blogs et qui passent énormément de temps à en visiter, à laisser des commentaires, à se faire de la pub… mais c’est assez rare, ce sont surtout des ados. Le plus cool et intéressant d’un point de vue communauté, c’est quand des gens dont on connait et apprécie le travail se mettent à suivre le nôtre ou à nous donner leur avis.

Des clients viennent-ils directement vous contacter grâce à votre blog ?

Pour l’instant, ça a même été mon principal moyen d’avoir des contrats !

Rajoutez des articles, c’est « fidélisez le client ». Avez-vous moins de visites lorsque vous postez moins d’article ? D’ailleurs, n’est-ce pas une motivation pour créer davantage ?

Oui c’est assez net, les visites doublent ou triplent lorsqu’il y a un nouveau post, notamment grâce aux réseaux sociaux où les articles sont partagés à chaque fois. C’est donc évidemment une grosse motivation pour créer des choses pour mon blog, mais malheureusement je continue à avoir assez peu de temps pour l’alimenter, et donc mes mises à jours comme les visites que je reçois sont assez irrégulières.

On compare souvent le blog au journal intime. Dans le vôtre on peut suivre votre vie. Pensez-vous que le blog est le moyen le plus simple de rester en contact avec son public ?

Je ne sais pas trop pour mon blog mais, quand je lis celui des autres, ce côté journal intime crée évidemment une petite proximité avec l’auteur, que l’on a un peu l’impression de connaître. Du coup, lorsque je passe dans une librairie, je vais jeter un oeil à ses albums, par exemple. Ca ne peut être que positif il me semble !

Avez-vous pu profiter de certains avantages (rencontre, cocktail, buffet…) grâce à votre blog ?

J’ai gagné un prix l’année dernière qui m’a permis d’être invitée au festival d’Angoulème, nourrie et logée ! Et, sur la durée du festival, j’ai eu droit à quelques fameux open bar, c’était plutôt cool. Cet automne, j’ai été invitée à un petit festival de blogs bd et, là aussi, méga soirée open bar, avec des petits fours en bonus ! Et la journée gâteaux et boissons gratuites aussi. Plutôt rentable comme truc. Et tous ces open bar permettent parfois de sympathiser avec quelques auteurs en effet.

Marie Spénale

Pour rester dans le monde du blog, la mode a vu naître grâce au net la venue des blogueuses mode, ou comment refaire le style à coup de photos et de critiques. Tavi Gevinson, quinze ans, est devenue LA blogueuse mode du moment >>. Elle a commencé son blog en 2008. Nommé Style Rookie (Débutante de la mode), elle a créé le buzz et plusieurs millions de lecteurs ont pu le voir. Un blog qui lui a permis aujourd’hui d’être au premier rang des défilés, de créer sa propre ligne de vêtement et de faire la couverture des plus grands magazines. C’est comme si l’adolescente passait du monde virtuel au monde réel, on pourrait même y voir le passage dans le monde des grands, ici des grands de la mode. Ce qui est étrange, c’est que ce sont les grands eux-mêmes qui l’extirpent d’Internet pour la placer sur un podium. Ce système renverse les codes habituels : un artiste se fait connaître par son activité, puis sa vie se retrouve dans les médias. Ici, c’est la vie de l’adolescente qui l’a projetée dans une activité. Le blog : nouveau moteur d’ascension sociale ?

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Tout aussi curieux, le monde des avatars et des jeux en ligne. Ce n’est pas leur vie que ces joueurs en réseaux délivrent sur Internet, c’est plutôt une vie qu’ils se créent. A travers ces jeux virtuels, des stratégies sont déployées, et ce sont autant de compétences qui peuvent être associées à des activités réelles. Lancé en 2004 et réunissant aujourd’hui quelque 12 millions de joueurs abonnés, Word of Warcraft en est un exemple éloquent. Un article compare même cette plateforme de jeu à l’entreprise >>. Une ressemblance qui donne des idées : certaines compagnies américaines viennent recruter leurs employés directement sur Warcraft, attirées par les meilleurs profils de leader. Des profils qui quelque fois cachent en réalité des adolescents de douze ans… (source : intervention du sociologue Stéphane Hugon à la Gaîté Lyrique) Encore une fois, ces jeunes amateurs sont propulsés grâce à Internet au monde professionnel.

Face à ce surprenant engouement, quel est l’avenir d’Internet face à la vie professionnelle ? Plus direct, Linkedin est un site de réseaux sociaux totalement dévoué aux relations professionnelles. On peut embaucher ou être embauché directement via ce site, qui propose de compléter notre profil par notre carrière et même notre CV. Que nous réserve l’avenir ? Verrons-nous tous les profils complets de notre population disponibles sur le net ? En espérant qu’Internet ne devienne pas un jour le seul médium pour trouver un emploi… Face à la généralisation qu’impose Internet, comment se faire démarquer ? Les compétences et le talent suffisent-ils à sortir de la masse ? Le CV numérique ou autre book en ligne changent la donne : les demandeurs d’emploi ne sont plus tous au même niveau. De plus, qui peut sur le net prouver la véracité des informations données ?

Suite aux échanges virtuels, les vrais contacts humains sont alors indispensables. Comme Marie Spénale, le contact direct avec les éditeurs ou même ses fans est nécessaire. Car cette jeunesse propulsée grâce au net ne pourra jamais se couper totalement du « monde réel »… Mais arriverait-elle aujourd’hui à se passer du monde connecté ?

Quel modèle économique pour l’e-book ?

Avec le livre numérique, des milliers d’usagers peuvent désormais se connecter en même temps. La rareté de l’oeuvre n’existe plus.

Alors quel prix au livre numérique?

Pour l’instant, le livre numérisé jeunesse, provenant du papier, est environ 30% moins cher. Et pour cause, il exclut les frais d’achat de papier, les impressions, les invendus et surtout, il s’appuie sur des contenus pré existants.

Mais qu’en est-il de l’oeuvre nativement numérique ? On pourrait envisager un prix plus faible dû à la dispense de numérisations et à la forte prégnance du modèle libre ou à très bas coût du marché de l’applicatif (une application sur l’appstore vaut en moyenne 1,92 €). Pourtant son prix reste élevé dans le domaine jeunesse, évoluant chez les maisons d’édition qualitatives comme Mindshapes, Touch Press, Nosy Crow, entre 5 et 15 euros. Trop cher pour une oeuvre qui n’est même pas tangible dira-t-on. Mais désormais, la comparaison entre le coût d’un livre et celui d’une oeuvre numérique est absurde, autant que l’est celle d’un roman et d’un DVD. L’oeuvre numérique est intéractive, propose du son et de la vidéo, recquiert dix fois plus de temps à la conception qu’une oeuvre papier ainsi que de nouvelles compétences. « Une minute d’animation correspond à une semaine de travail » atteste Christian Dorffer, co-fondateur de la maison d’édition numérique britannique Mindshapes.

Inquiétude chez les éditeurs, le devenir du prix unique du livre qu’ils étaient les seuls à décider. Les exploitants de plateformes de distribution comme la Fnac, Amazon ou Apple à qui une partie des recettes éditoriales est reversée pourraient bien être les nouveaux régulateurs de prix. Aucun modèle juridique ne traite néanmoins de ce point à ce jour. Mais certains éditeurs comme Touch Press fondé par Max Whitby, posent dès à présent les marques de leur indépendance avec un fonctionnement interne particulier basé sur une grosse équipe d’ingénieurs développeurs. Ainsi, seuls 4% de leur production est reversée à des mainteneurs comme IOS contre 30% dans le cas de la mise en ligne de contenus sur l’appstore.

Autre phénomène redouté, le piratage numérique et le libre accès qui suivront le passage du livre au réseau. Alors le refuge, ce sont les DRM, Digital Right Management ou gestion des droits numériques. Ces dispositifs ont pour objectif de contrôler l’usage qui est fait d’une oeuvre numérique. Très utilisés pour les oeuvres musicales ou cinématographiques, ils s’appliquent désormais aux livres numériques. D’après les petits éditeurs comme Angry Birds, « Ce sont les plus grands éditeurs qui s’accrochent désespérément à ce radeau. Nombre de petits éditeurs prônent le sans DRM maintenant, ou du moins, ne s’inquiètent pas du piratage outre mesure. » Les bibliothèquaires aussi commencent à pointer les grands groupes du doigt. Trop soucieux de protéger leurs oeuvres, ils refusent de les partager sur les plateformes des collectivités, s’indigne un bibliothèquaire de la bibliothèque numérique de référence de la BM de Grenoble avec son papier « Comment les DRM ont eu la peau des bibliothécaires » sur le blog Bubiblog.

Toujours sur le même blog, un usager regrette amèrement l’achat d’un livre numérique avec DRM qui est illisible sur son support, ne permet aucune copie même privée, limite l’ouverture du pdf à un nombre restreint de périphériques. Pour lui, cette politique de protection est une entrave à son droit de lecteur. Et ajoutons que dans le droit de lecteur, il y a le droit au partage. Après tout, on prête bien un livre papier. Philippe Aigrin, fervent défenseur du sans DRM déclare  » La prévisibilité de cette guerre au partage m’a poussé depuis longtemps à estimer que c’est aussi et même particulièrement dans le domaine du livre numérique qu’il faut d’urgence reconnaître un droit au partage non-marchand entre individus associé à de nouvelles rémunérations et financements, faute de quoi le déploiement massif des DRM et la guerre au partage feront régresser tragiquement les droits des lecteurs – et parmi eux des auteurs – même par rapport aux possibilités du livre papier « .

Le pacte entre lecteur, auteur et éditeur doit être respecté sans quoi les échanges ne peuvent prospérer.

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Certains l’ont compris et font du sans DRM un argument de vente (Les Editions Zoé, Editions XYZ, Métalié, Au Diable Vauvert, Editions Buchet Chartel…). D’ailleurs pour eux, les DRM n’ont jamais fait leurs preuves, au contraire puisqu’en rendant les contenus difficilement exploitables, ils inciteraient au vol.

Comment faire coexister un modèle viable pour les éditeurs et auteurs tout en préservant la valeur culturelle du partage entre acquisiteurs ?

Pour Philippe Aigrain, pour que les échanges entre lecteurs puissent perdurer, une proposition économique soutenable doit être instaurée. Elle comprend les échanges hors marché et l’interdiction d’utilisation de sites de prestataires visant à centraliser les contenus. Pour s’assurer que le partage soit raisonné, une technologie plus souple que les DRM Adobe existe. Il s’agit du tatouage numérique ou watermarking qui permet de détecter le nombre de copies. Toute modification du contenu ou tentative de suppression du marquage anéantit l’oeuvre. Ce nouveau dispositif amorce la chute de la non concurrence et du monopole des DRM Adobe. Aux Pays Bas, le distributeur et grossiste leader Centraal Boekhius offre aux éditeurs néerlandais la protection de leurs e-books par watermarking jusqu’au 31 Décembre. Pour Boekhius,  c’est une façon de fonder une image de marque sur la confiance et la responsabilisation du lecteur. Et en tant que premier fournisseur des librairies néerlandaises, il s’assure une force de frappe pour persuader le client et lancer l’offre numérique.

En conclusion, le livre numérisé descendant direct du papier, n’a pas encore d’identité propre et son prix est fixé en fonction de son prédécesseur. Mais l’oeuvre nativement numérique qui émerge, et devrait largement se répandre, appelle des compétences qui dépassent les professions de l’édition. Son prix doit être entièrement distingué de celui d’une oeuvre papier. Enfin, le numérique est potentiellement un moyen d’accroître les échanges entre lecteurs, en celà, il est pour certains un objet qui doit rester libre d’accès. Et pour que les fins de ces activités soient culturelles, il est nécessaire de les raisonner via des technologies respectueuses des droits des lecteurs et de renforcer par là même le pacte de confiance entre lecteur, auteur, éditeur et distributeur.

 

Références :

Rencontre du MICE au Salon du Livre Jeunesse à Montreuil en novembre 2012

http://blog.hatt.fr/comment-les-drm-ont-eu-la-peau-des-bibliothecaires

http://scinfolex.wordpress.com/2012/11/08/pour-un-droit-au-partage-des-livres-numeriques/

http://www.actualitte.com/usages/inciter-les-editeurs-a-abandonner-les-drm-pour-le-watermarking-38869.htm

http://www.journaldunet.com/ebusiness/internet-mobile/iphone-app-store-france/prix-moyen-des-application.shtml

l’e-book, une opportunité éditoriale ?

Ce mois ci, Livres Hebdo dresse le bilan des ventes et « tous les secteurs du livre papier sont dans le rouge ». En effet, en cette fin 2012, l’Ipsos annonce -2% des ventes de livres au détail tous rayons confondus avec une exception pour le livre jeunesse dont le chiffre reste stable. Pas pour tout le monde. Lors de la rencontre de Stephane Mattern, auteur illustrateur chez Bayard, le bilan est plus alarmant, avec une baisse des ventes de 30 % depuis 5 ans. Alors, d’un pas étrangement commun, les éditeurs se tournent vers le numérique pour redresser le cours des ventes. Chez Gallimard Jeunesse, Hedwige Pasquet annonce « un de nos challenge est incontestablement le numérique, même si le marché français est encore balbutiant ». En Amérique, même tendance, avec néanmoins un avancement déjà plus conséquent dans le domaine du livre numérique jeunesse. Pour Caroline Fortin, au Québec,  » En 2012, pour la première fois, le numérique est rentable, et c’est heureux car le marché du livre papier est de plus en plus difficile « . Et avec le numérique, on évite les invendus. Les impressions peuvent désormais se faire à la demande et les exemplaires sont livrés à domicile. C’est le service que propose lulu.com, nouvelle plateforme de vente en ligne de livres numériques.

De même, les offres commerciales sont renouvelées et l’éditeur profite des blogs et des réseaux sociaux pour communiquer avec son lecteur, étudier sa cible, avoir un retour direct sur le produit et avoir ainsi une offre toujours adaptée et vendeuse. Chez Bayam – la nouvelle marque qui unit Bayard et Milan – une messagerie interne a été mise en place pour communiquer avec les abonnés. Pour le lecteur, c’est le moyen d’échanger facilement avec son illustrateur préféré, de lui envoyer certaines de ses oeuvres personnelles, des réactions sur ses héros préférés. « Les enfants adorent » confie Stephane Mattern qui précise néanmoins le fort investissement nécessaire aux illustrateurs et auteurs pour mener à bien cette opération. Il en atteste, les métiers de l’édition sont profondément transformés par le numérique. Pour Glenn Tavennec, chargé de la collection R ados chez Robert Laffont, la communication directe avec les clients via des réseaux sociaux est « une démarche différente de celle du marketing, une autre façon d’être éditeur ». Cette fidélisation par le web est appréciée des adolescents qui préfèrent la communication horizontale, où leur avis critique sur les livres est entendu. Un club facebook plus fermé a même été créé – regroupant des blogueurs privilégiés à l’image des comités de lecture – à qui il est proposé de choisir les premières de couvertures. Dernier bouleversement, les nouveaux postes créés au sein de l’équipe : le community manager -chargé des pages de blogs et de réseaux sociaux- et le développeur. Ce dernier a un rôle primordial dans la grande opération de numérisations lancée chez tous les éditeurs jeunesse. Il s’associe souvent au webdesigner chargé d’assurer la cohérence visuelle lors du passage du papier au pixel.

La fidélisation s’effectue aussi via des librairies en ligne qui proposent des parutions hebdomadaires. Le J’aime lire store Bayard référencé sur l’appstore propose un abonnement de 3 €/mois pour les abonnés de l’offre papier et de 5 € pour les non abonnés. A travers cette démarche, on comprend que Bayard entend le numérique comme un complément et un moyen de redressement des ventes papier.

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Autre bouleversement, la fragmentation du contenu du livre qui désormais se vend chapitre par chapitre, s’envisage comme une série télévisée divisée en épisodes. C’est déjà le parti pris commercial de la plateforme storylab et de l’éditeur de guides de voyages Ulyssse. Pour Fredéric Kaplan, le passage du livre au réseau connaîtra la même histoire que l’album musical.  » Rappelons nous que dans le domaine de la musique, le concept album, pensé comme un parcours fermé et structuré gravé dans la structure stable des sillons d’un disque vinyle, n’a pas bien résisté au passage en réseau. Il s’est métamorphosé en un ensemble de morceaux individuels, isolables, liés les uns aux autres de manière fluide, facilement réorganisable ».

Un nouveau point fort, la mise en ligne instantanée qui efface les très longs délais d’impression et de mise en vente relatifs au papier. En témoigne la belle production numérique « The Snowman’s Journey » de l’éditeur indépendant britannique Nosy Crow. Le 9 Novembre parait la publicité de John Lewis Christmas Advert 2012. C’est un grand succès, Nosy Crow décide d’un partenariat avec l’équipe artistique de l’enseigne. Vingt jours plus tard le livre numérique « The Snowman’s Journey » est en ligne sur le site de l’éditeur. Plus tard sortira le livre augmenté d’un QR code pour une lecture orale et un fond musical. Ainsi, l’éditeur peut être très réactif et son offre numérique gagne en compétitivité.

http://www.youtube.com/watch?v=0N8axp9nHNU&feature=player_embedded

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Nous l’avons vu, le rôle de l’éditeur a évolué, son équipe s’associe aux développeurs, sa proximité avec le client s’accroît et remodèle les équipes de travail. Pour Nicolas George, directeur du livre et de la lecture au Ministère de la Culture et de la Communication, le rôle de l’éditeur est de plus en plus tourné vers l’exploitation économique de la marque et de sa construction. Bayam, nouvelle marque fondée pour unir Bayard et Milan et en numériser les contenus en est un exemple. Au sein de cette mutation, l’auteur est soumis au choix de l’éditeur. Stephane Mattern, illustrateur jeunesse chez Bayard explique : le contrat avec Bayard implique à chaque auteur et illustrateur l’acceptation de la diffusion de sa production sur papier comme sur numérique. Mais il accepte cette règle. « Si Bayard coule, on coule. De plus, l’oeuvre au format numérique pourrait ouvrir des perspectives pour se faire connaître et intéresser une nouvelle clientèle.  » Côté britannique, l’éditeur de livres papier et numérique Nosy Crow exploite le potentiel du numérique (logo dynamique, son associé..) pour renforcer l’image de marque de la maison et lui donner plus d’impact en magasin.

Un nouvel éditeur apparaît mais il pourrait parfois se faire remplacer. En effet, avec le numérique s’installe la désintermédiation de la production. Des sites d’autopublication comme lulu.com, proposent des livres numériques créés par des amateurs.

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Ce sont les auteurs qui fixent désormais le prix de leur oeuvre, lulu.com se charge des impressions, prélève le cout de fabrication sur les ventes et reverse 80% du montant restant à l’auteur.  » Pour un livre de 200 pages vendu 20 euros, l’auteur percevra donc environ 12 euros par exemplaire acheté, contre moins de 2 euros chez un éditeur traditionnel  » explique Cyril Fievet, journaliste et auteur spécialisé dans les technologies numériques et les évolutions qu’elles entraînent. Par ailleurs, si ce type de production semble rivaliser avec les maisons d’édition, le créateur du site, Bob Young, concède néanmoins qu’il est peu probable de voir de véritables best-sellers émerger via ce modèle. « Ce n’est pas le but. Notre cible ce sont les gens qui ont des choses à dire mais dont l’audience est trop petite pour les éditeurs traditionnels ».

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En effet, côté livre jeunesse, Pablo Limaceau, même à 11,94 € n’est pas très aguicheur.

Après l’auteur, c’est le lecteur qui acquiert un des pouvoirs de l’éditeur avec la possibilité de modifier les fontes et la pagination des oeuvres grâce au format e-pub, standard choisi pour son adaptabilité à de nombreuses surfaces de lecture. Frederic Kaplan regrette cette personnalisation, préférant que les choix restent éditoriaux pour des résultats plus qualitatifs. Il confie : « Tout ce qui fait l’apparence d’une page d’un livre papier, la composition précise, la typographie, la mise en page, est perdu dans ce processus. Le livre au format ePub cesse d’être un édifice, il devient de l’information organisée, une maison réduite à un plan figurant un ensemble d’éléments reliés les uns aux autres.« 

En conclusion, l’enthousiasme des éditeurs pour le numérique promet la refonte de nouvelles équipes de travail, le croisement des professions de l’informatique et de l’édition pour un nombre de publications numériques croissant. Parallèlement, de nouveaux concurrents apparaissent aussi, à commencer par les sites d’auto publication.

 

Références

Papier de Cyril Fievet : http://www.zdnet.fr/actualites/lulucom-le-premier-editeur-en-ligne-ouvert-a-tous-les-manuscrits-39360859.htm

La fonction architecturante du livre

The Snowman’s Journey is on sale now!

http://www.lulu.com/

Livres Hebdo 931, 23 Novembre 2012

Le livre numérique, une opportunité pour les fabricants de supports

L’e-book n’existe pas sans support. Pourtant son texte est bien plus nomade qu’il l’était pour le livre papier. Jean Sarzana parle de rupture d’unité entre texte et support. En effet, alors que papier et texte étaient indissociables, le contenu numérique s’adapte à une multitude de supports, on parle d’interopérabilité. Si la tablette et la liseuse sont les préférées des lecteurs, le contenu numérique peut être lu sur des appareils numériques plus répandus comme l’ordinateur, le smartphone… Mais le confort de lecture est déploré pour l’ordinateur qui est fixe, le téléphone dont l’écran est trop petit, ce qui fait la part belle aux nouvelles tablettes et liseuses. Et les maisons d’éditions attendent avec impatience les résultats des ventes de Noël pour lancer plus de numérisations.

Dans l’offre jeunesse, la tablette est en top 1 des ventes. Les liseuses mono taches au contenu uniquement disponible en noir et blanc attirent peu les enfants et s’adaptent mal aux applications jeunesse qui mêlent souvent l’image au son et à la vidéo.

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L’offre de la tablette d’abord familiale tend à s’individualiser, à l’instar de l’ordinateur devenu personnel. Ainsi, l’ipad de papa et maman assez fragile et plutôt cher pourrait bien disparaître des mains des enfants  au profit d’une multitude d’offres spécifiques dont l’initiative de production ne tient pas toujours aux fabricants de matériels électroniques. La tablette Gulli des chaînes Lagardère Active en est l’illustration. Le diffuseur s’adresse au plus de 5 ans et espère un an après sa mise sur le marché en décembre 2012 atteindre 600 000 ventes. Pour 200 euros, soit la moitié du prix d’un ipad, Gulli promet un environnement « fun pour les enfants, sûr pour les parents » cerné d’une coque verte en silicone anti choc.

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La multiplication de supports de diffusion donne à Gulli un impact plus fort sur le marché, une fidélisation accrue du client et une offre renouvelée pour toucher une nouvelle cible.  « L’enfant retrouve alors ses héros préférés de la télé » déclare Gwennaëlle Le Cocguen, directrice internet et nouveau usages chez les chaînes Lagardère Active.

Notons qu’une certaine confusion est entretenue entre support et contenu puisqu’aucune application étrangère à l’environnement Gulli ne peut être téléchargée. Avec cette tablette, on fait la promotion d’une marque pendant que l’on lit son histoire du jour. L’image de marque du diffuseur est mise en avant, là où le papier communiquait assez peu l’identité de la maison d’édition.

En conclusion, par rapport à une tablette pour adultes, la tablette Gulli est :                      La propriété de l’enfant. Mais les applications aussi lui appartenaient sur la tablette familiale.                                                                                                                           Moins chère. Mais uniquement dédiée aux enfants                                                           Plus sûre. Mais peu diversifiée car limitée à l’offre Gulli                                                     Plus solide. A moins qu’il ne suffise aux fabricants de tablettes de proposer des coques.

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Références :

http://bernardthomasson.com/2012/03/16/peur-du-livre-numerique/

Impressions numériques, Jean Sarzana aux éditions Publie.net

Témoignage de Gwennaëlle Le Cocguen, directrice internet et nouveau usages chez les chaînes Lagardère Active recueilli lors des conférence du MÏCE au salon jeunesse Montreuil

Innovation stratégique : lancement du programme industriel textile Smart Sensing

Le programme ISI d’OSEO va financer à hauteur de 7,2 millions d’euros le projet Smart Sensing. Objectif : proposer une nouvelle génération de textiles intelligents et communicants, destinés dans un premier temps au monde sportif professionnel et grand public. Le projet est piloté par la société lyonnaise Cityzen Sciences.

Des vêtements connectés

La force du projet est d’intégrer des technologies de pointe (micro-capteurs miniaturisés) dans le textile de manière à fabriquer une fibre « connectée ». Elle permettra, entre autres, de suivre des paramètres physiologiques individuels ou collectifs dans le domaine sportif mais aussi dans le secteur de la santé, de la sécurité et des loisirs.

Les enjeux technologiques du projet sont majeurs (miniaturisation, intégration textile, gestion des réseaux de composants, gestion et traitement des données). Il a pour ambition de construire une chaîne industrielle complète allant de la R&D à la distribution en passant par la production, en France.

 

Le soutien OSEO

Ce projet de R&D est financé par le programme Innovation stratégique industrielle (ISI) d’OSEO à hauteur de 7,2 millions d’euros. Le coût total du projet s’élève à 17,7 millions d’euros sur 5 ans.

 

L’équipe du programme

Le programme est développé par un consortium d’entreprises piloté par Cityzen Sciences et rassemblant de grands experts français :

  • des industriels : Payen et Eolane
  • des académiques : Institut Mines et Télécom Bretagne
  • des distributeurs spécialisés : Lafuma et Cyclelab.

Le consortium est accompagné par l’ENSCI, première école de design française, et par le CEA-LETI.

 

http://www.oseo.fr/a_la_une/actualites/innovation_strategique_lancement_du_programme_isi_smart_sensing

Le textile service

Les tshirts qui détectent la pollution.

http://www.huffingtonpost.com/2011/01/25/tshirt-measure-pollution-_n_813356.html

Baptisés « Warning Signals » (Signaux d’alarme), ils permettent de montrer à votre entourage physique proche que vous êtes aussi un récepteur à polluants, souvent malgré vous. « La pollution de l’air est une des choses qui est partout autour de nous » raconte Nien Lam. « Vous ne la voyez pas mais elle existe, elle est invisible et nous voulions mettre ça en lumière«.

Un gant qui traduire la langue des signes

www.smartplanet.fr/smart-technology

Conçue par des chercheurs ukrainiens, une paire de gants détecte les mouvements des mains et des doigts et traduit les signes en langage parlé.

La voiture sans carrosserie

http://www.youtube.com/watch?gl=FR&hl=fr&v=kTYiEkQYhWY

La BMW Gina est un concept car de 2001 du constructeur automobile allemand BMW. Sa particularité est d’opter pour une carrosserie en textile, tendue sur un châssis en aluminium.

Le textile protège

La veste lumineuse

http://www.stridelite.com/index.htm
Cette veste a pour but la sécurité de l’utilisateur. Elle est utilisé dans un contexte sportif. Un chemin de diode est inclus dans la structure du vêtement.

Le gant du cycliste.

http://www.objetsmalins.fr/86/gants-led-pour-cycliste/

Cette idée est expérimentée par de nombreux designers mais pas encore commercialisée.
L’idée est simple: à vélo, lors d’un changement de direction on ferme le point ce qui met en contact deux zones qui déclenche l’allumage de diodes clignotantes sur la dessus du gant.

Veste chauffante

http://www.milwaukeetool.fr

La marque Milwaukee (outils de chantier) n’est pas la seule a commencer à commercialiser des vestes chauffantes avec batterie.

Le casque invisible

http://shop.hovding.com/

Anna Haupt et Terese Alstinat, étudiantes en design industriel à l’Univeristé Lund de Suède, ont mis cinq ans avant d’en arriver à ce qui est commercialisé sous le nom de Hövding, soit le casque invisible. Le projet de thèse des deux chercheuses combine la technologie des capteurs avec l’idée d’une petite bonbonne de gaz d’hélium pour que se gonfle un ballon de nylon qui viendra protéger la tête du cycliste en cas d’impact.

Utilisable qu’une seule fois, le casque vendu 600$ US est une alternative particulièrement coûteuse au casque de vélo conventionnel.

vidéo des essais crash-tests

(En attente de certification CE.)

Les vestes qui surveillent vos fonctions vitales

Elles surveillent les fonctions vitales pour les entrainements ou missions militaires, pour les malades ou pour les nourrissons, etc.
ex: La « motherboard » de chez Goergia Tech Institute (université) ou le Mamagoose Baby Pyjamas

Internet : liberté pour la jeunesse

Internet est le plus grand médium aujourd’hui pour communiquer, diffuser et s’ouvrir au monde. Comment et jusqu’où peut-il rompre les barrières et permettre à la population de créer autrement dans le quotidien ? Je vais ainsi m’intéresser tout particulièrement à la jeunesse, un exemple qui me paraît des plus foisonnant dans l’actualité. Nous tenterons de comprendre comment Internet lui permet de s’affranchir.

Level 1. Créer son entreprise

Aujourd’hui, plus besoin d’être un entrepreneur chevronné pour créer sa boîte. Grâce aux nouveaux médiums que nous offre Internet, libre à quiconque ou presque de se lancer et de faire naître son petit bébé commercial. La jeunesse s’est ainsi emparée, en quelques clics, de cette vitrine sans limite. Jeunes entrepreneurs et jeunes créateurs peuvent facilement créer leurs propre sites de vente en ligne et assurer leur publicité grâce aux réseaux sociaux, blogs… Selon l’INSEE, les auto-entrepreneurs sont globalement plus jeunes que la population active, et 43 % des créateurs ont entre 20 et 34 ans.

De plus, depuis 2003 une loi pour l’initiative économique, dite loi Dutreil, comprend un certain nombre de mesures visant à favoriser la création, le développement et la transmission des entreprises. Le capitale minimum dans ce type de société est de 1 euro, contre 7500 euros jusqu’alors. Une loi qui a engendrée un grand nombres de site dédiés à la création gratuite et rapide d’entreprise. Mais plus que ce nouvel accès, qu’est ce qui motive les jeunes a créer leurs entreprises ?

A l’aise avec les nouveaux médias, Internet est comme une extension pour la jeunesse, qui a grandit et vit avec. Elle ne veut plus seulement consommer, la tendance post-moderne tend au partage : communication, passions, créations, échanges. Elle refait le monde à coup de tweets, like, vidéos et do it yourself. C’est donc naturellement qu’elle s’impose et veut créer par elle-même.

Thomas et Maxence Gallice se sont lancés il y a quelques années dans une ligne de t shirt « I love Cap ferret », vendus aux touristes du coin. Ils ont déposés la marque, et depuis ils se font un petit bénéfice chaque été grâce à la vente de leurs t-shirts et produits dérivés sur le marché. Des blogs promeuvent leur marque >> (ici un blog de la fameuse plateforme Skyrock, maintenant dépassée par l’engouement Facebook).

Depuis, d’autres collaborateurs ont étendu le concept en bouteille de vin. Ils font leur publicité grâce aux réseaux sociaux : >> et des sites internet parlent d’eux >>. Bien sûr Internet ne fait pas tout : le contact humain est indispensable, surtout lorsque la cible est restreinte à un lieu. Mais la toile leur a permis une grande envolée et maintenant de rester connecté avec leurs clients même hors saison.

Créer son entreprise : serait-ce là une forme de quête d’indépendance ? Sceptique, on pourrait y voir une procrastination de l’avenir, trouver un emploi, entrer dans une case. Mais on ne peut pourtant nier qu’il s’agit d’une initiative personnelle, donc un risque à prendre. Il faut avoir du cran pour se lancer. D’autant que l’entreprenariat se fait le plus souvent seul : les trois quarts des nouveaux entrepreneurs dirigent seuls leur affaire et un quart avec un ou plusieurs autres associés (INSEE). Ces jeunes auto entrepreneurs ne cherchent pas un travail, ils créent leur travail. Ils deviennent leur propre patron, souvent dans la branche qui les passionne, à temps plein ou en plus de leurs études, de leur boulot. Ils contournent le système traditionnel et peuvent jouir de voir naître leur propre activité et bien sûr d’en gagner les bénéfices. Être jeune, c’est aussi être au plus proche des attentes des autres jeunes consommateurs. Mais est-ce si facile à vingt ans de jouer collé-serré avec de vrais entrepreneurs ? L’amateur peut-il réellement s’imposer sur le marché ?

Nombre de petits entrepreneurs se font manger par les plus gros, faute de pouvoir défendre leur idée. Créer sa boîte demande énormément d’investissement, de temps comme d’argent. Déposer un brevet est délicat et coûteux et être entrepreneur sans le sous implique être la victime d’une concurrence déloyale.

Voici un bref interview d’un entrepreneur en herbe de vingt-quatre ans qui a du abandonné son projet :

– Pouvez-vous en quelques phrases nous décrire votre projet d’entreprise ?

Le projet était de développer un service mobile & social qui permettait de trouver des lieux de sortie et de soirée dans les grosses villes européennes accompagné de service mobile (réservation de taxi…). Des soirées/des lieux auraient été mis en avant chaque soir, les utilisateurs se déplaçant vers ces endroits gagneraient une réduction sur l’entrée ou sur les consommations. Ces lieux auraient gagnés en clientèle et en visibilité auprès de la communauté. On peut comparer ce service à un « Bar Crawl ». Le service était destiné à une communauté de fêtard et de touriste.

– Est-il facile aujourd’hui de se lancer et de créer sa boîte ? 

Je vais te répondre non. On ne se rend pas vraiment compte de la complexité !

– Être jeune peut-il être un obstacle ?

Sur internet, non. Trouver une idée et la développer est très simple. L’âge a peut d’important. Mais lorsque cela devient sérieux, cela devient plus compliqué. Par exemple, une levée de fond est plus compliquée quand on est jeune : les capitaux à risque sont beaucoup plus ‘frileux’ à investir dans un projet d’une personne ayant peu d’expérience.

 – Quels sont les atouts d’internet pour mener à bien son entreprise ?

Internet est un outil de communication fantastique. Créer sa communauté, acquérir des utilisateurs, fidéliser ses utilisateurs sont des choses très simple à réaliser et demande quasiment aucun investissement.

 – Quels sites Internet utilisez-vous ?

Facebook, Twitter, les réseaux sociaux en général.

 – Les réseaux sociaux sont-ils gages de bonne publicité ?

A l’heure actuel, des études montrent qu’un utilisateur Facebook a un ROI (Retour sur investissement) négatif. En fonction du produit, je n’aurai pas la même approche. Si on veut mettre juste en avant des articles d’un blog, je ferai rien du tout avec Facebook : des nouvelles études prouvent que les gens partageront plus le contenu du blog qu’un blog complètement interconnecté à Facebook. Si on veut mettre en avant une marque, une page fan suffira mais surtout ne pas faire des campagnes d’acquisitions sur Facebook, et surtout utiliser des leviers d’acquisitions internes (cad: newsletters). Moi, je dirai qu’aujourd’hui, il ne suffit plus d’avoir une stratégie sociale, mais il faut avoir une stratégie sociale & mobile (qu’on appelle SoLoMo : social local mobile).

 – Qu’est-ce qui vous a motivé à créer vous-même votre entreprise ?

La liberté et la passion d’entreprendre des projets !

 

Finalement, Vincent C. et ses coéquipiers ont du abandonner leur projet faute de temps et d’expérience. En temps qu’ingénieurs, ils avaient davantage une vision du produit lui-même sans la vision « business » qui va de paire. Est-ce si facile de s’affranchir et de créer soi-même sa boîte ? Les experts savent bien que la jeunesse peut se lancer à condition de connaître le marché, d’avoir un minimum d’expérience et de se faire conseiller. Il faut aussi du temps, des relations et surtout aimer son projet. Nous avons vu les atouts mais aussi les limites de la créations d’entreprise pour la jeunesse. Mais qu’en est-il des autres médiums via internet ? Nous verrons qu’il y a bien d’autre moyens, libérateurs et créateurs, d’obtenir du pouvoir.

Design et numérique : comment la CAO est elle en passe de changer la démarche du designer. 1/2

Objet issu d’un procédé de design génératif réalisé sur ordinateur.

 

I) La CAO, un outil peu approprié à la démarche créative
II) A la recherche d’outils adéquats pour le designer
III) Les attentes et (r)évolutions à venir.

 

Au cours des 10 dernières années, l’évolution de la puissance des ordinateurs a permit l’émergence de bon nombre de logiciels aidant l’industrie dans le processus de création. Ces aides à la conception permettent aux ingénieurs des départements de R&D d’éviter le recourt à de nombreux calculs et tests, facilitant ainsi le processus de production, sans parler de l’économie financière qui en découle. Ce sont en général des logiciels compliqués d’usage, regroupant bon nombre de fonctions et qui sont extrêmement calqués sur le modèle industriel. On peut citer entre autres CATIA V5, AUTOCAD, SOLIDWORKS…

Générateur thermoélectrique réalisée sous CATIA V5 pour BMW

Avec de tel logiciels vous pouvez aisément mettre en volume une forme au préalable pensée, concrétisée sur papier puis mise en plans. C’est l’ingénieur qui est content ! Mais qu’en est-il pour le designer ?

Que ce soit en architecture ou en design, la démarche créative à elle aussi recourt à bon nombre d’habitudes ancrées depuis longtemps. On peut citer en exemple le carnet de croquis et le crayon ou encore les maquettes papier/carton/lab. Cependant une
tendance nouvelle tend à émerger. Sur la trace de ses prédécesseurs de l’industrie mécanique, de nombreux designers s’emparent de l’outil informatique et l’incluent dans leur démarche de conception. Celui ci peut alors servir au designer de deux façons.

Dans un premier cas, la démarche s’apparente à celle de l’ingénieur : mettre en volume un idée déjà réfléchie pour – par exemple – la tester mécaniquement ou en faire un rendu photo-réaliste  Dans ce cas la démarche employée est celle pour laquelle le logiciel à été conçu.

Chaise Panton reproduite en image de synthèse.

Mais imaginons un seconde que nous puissions abandonner papier et crayons pour nous servir du dit logiciel comme un outil de conception à part entière. Nous penserions alors différemment le processus de création : par une approche globale de l’objet.

Paradoxalement à mi chemin entre « idée première de l’objet » et maquettage de celui ci, cette méthode de conception nous permettrait de faire évoluer à notre guise et sans contrainte les formes et volumes. Avoir une appréhension volumique des courbes et non plus seulement sous certains angles prédéfinis comme c’est le cas sur un carnet de croquis. Nous court-circuiterions ainsi le processus de matérialisation de la pensée par le dessin pour une matérialisation de la pensée par le volume.  Après tout, nous pensons en volume semble t-il, alors pourquoi dessiner en 2 dimensions si ce n’est parce que cela nous est plus familier et spontané ?

Outre cet aspect de retranscription des idées, un tel processus serait idéal pour le designer; lui permettant de gagner du temps dans son travail. Il permettrait la modification en temps réel des formes, le modelage de l’objet tel de l’argile voir la création d’un rendu photo-réaliste avec différents matériaux, lui permettrait entre autre mieux communiquer sur son travail. Il permettrait également d’explorer de nouveaux territoires avec la création de formes dont l’appréhension et plus difficile sans un outil pour nous aider (cf. photo ci dessous & generative design).

Designer utilisant l’image de synthèse pour effectuer une recherche sur l’état de surface.

Enfin, il permettrait surtout de faire le lien avec la démarche conventionnelle et réaliser ainsi une continuité avec le processus de test et fabrication.
Mais qu’en est il de cet hypothétique outil ne répondant pas à la démarche habituelle de l’ingénieur ?

Il n’existe pas encore… Ou plutôt si, en partie, mais ce dont se sert le designer à l’heure actuelle en substitution n’a pas été trouvé du coté de l’industrie que l’on imagine, le designer l’a déniché dans l’industrie du cinéma d’animation. Et vous le verrez, de ce fait son usage reste problématique.

Rendu en image de synthèse d’un véhicule du dessin animé « Cars »

Procédé de modelage sur ordinateur destiné à l’industrie cinématographique (cliquez pour voir l’animation)

Technoscepticisme ou Comment la pensée de Jacques Ellul continue-t-elle d’être pertinente aujourd’hui ?

1ère Partie

Jacques Ellul

Jacques Ellul (1912-1994) est un professeur d’histoire du droit, sociologue français et théologien protestant. Il est né et mort dans l’agglomération bordelaise où il a vécu la quasi totalité de son existence. Surtout connu comme penseur de la technique et de l’aliénation au XXe siècle, il est l’auteur d’une soixantaine de livres et de plusieurs centaines d’articles. La trilogie qui nous intéressera est composée de : La Technique ou l’enjeu du siècle (1954), Le Système technicien (1977) et  notamment Le Bluff technologique (1988) ; les deux derniers étant publiés à la naissance du système informatique. Jacques Ellul a en effet consacré l’essentiel de sa réflexion à l’impact des techniques sur les sociétés contemporaines, des années 50 à 1998.

Selon lui, la technique est la recherche et l’utilisation du moyen absolument le plus efficace. Elle constitue la clé de notre modernité. En voulant domestiquer la nature les hommes ont créé un environnement artificiel beaucoup plus contraignant. L’homme moderne croit se servir de la technique et c’est lui qui la sert. Il est devenu l’instrument de ses instruments. Le moyen s’est transformé en fin, la nécessité s’est érigée en vertu, la culture technicienne ne tolère aucune extériorité.

Ellul na jamais dit que la technique ne faisait rien de bien. Il faut placer son discours dans un contexte où tout le monde est fasciné par la technique et ne voit en elle que des aspects positifs. C’est donc en réaction à cela qu’il s’applique à montrer ce qu’il y a de moins bien et quels sont les aspects négatifs à ne pas négliger.

« D’être  opposé à la technique est aussi absurde que de dire qu’on est opposé à une avalanche de neige ou à un cancer. C’est enfantin de dire que l’on est <opposé à la technique!> » page 9 Le Bluff technologique

« Le développement de la technique n’est ni bon, ni mauvais, ni neutre (…) il est impossible de dissocier les facteurs [qui composent la technique] de façon à obtenir une technique purement bonne » page 55 Le Bluff technologique

Technique et Technologie

Voici d’abord un petit rappel philo pour mieux comprendre toutes les mises en cause de la technique chez Ellul :

La technique se trouve dans un très grand nombre de comportements et d’activités qui ne nécessitent pas toujours l’existence d’instruments. Sa caractéristique principale est d’être une activité finalisée, tendant vers un but.  Cette finalité doit être visée à l’aide de moyens extérieurs à l’acte lui-même. C’est l’homme qui manifeste le plus la capacité de technique puisqu’il peut penser les moyens à employer. On a alors proposé cette définition : « la technique est la mise en œuvre de moyens orientés intentionnellement et méthodiquement en fonction d’expériences, de réflexions et parfois même de considérations scientifiques ».  Cette définition met en relief le rapport entre les moyens et les fins. La technique ne procède pas par le hasard, elle obéit à des règles et des méthodes qui la rendent facilement transmissible.

« La technique s’est développée avec l’humanité et fait partie d’elle. Elle constitue d’abord pour l’homme un instrument de maîtrise car elle le libère d’un certain nombre de contraintes naturelles : l’outil a pour vocation première d’être utile. Mais avec le temps, la technique est également vécue comme un instrument de puissance. D’autant qu’elle procure au corps différents instruments qui en sont comme les prolongements. Destinées à augmenter ses capacités »

 Cf : http://fr.wikipedia.org/wiki/Technique

Le mot technologie, entré dans la langue française en 1657 signifie étude des techniques et des outils ou discours sur la technique. La confusion entre technique et technologie est courante. Dans un sens dérivé, et par extension, on nomme technologies les techniques dont l’ensemble crée un domaine industriel nouveau.

 

Pour continuer à comprendre l’influence que peut avoir Ellul aujourd’hui, la 2ème partie introduira son livre Le bluff technologique (1988)