Une étude réalisée par le CREDOC(1) à la demande de l’ART(2) et du CGTI(3) montre qu’aujourd’hui près d’un adulte sur deux dispose désormais d’un ordinateur à son domicile. Face à la progression constante de l’équipement informatique dans les logements, on peut se questionner sur sa forme actuelle.
Au-delà, dans cette société contemporaine où la présence de l’ordinateur à la maison semble être devenue une fatalité, il semble intéressant de s’interroger également sur l’avenir de l’ordinateur personnel tel que nous le connaissons.
Pourrons-nous nous passer un jour du P.C. ? L’avenir ne va t’il pas dans le sens de sa disparition plus que dans celui de sa propagation au cœur de toutes les maisons ?
Cette étude n’a pas la prétention de vouloir définir l’ordinateur de demain, ni de prédire son évolution, mais plus simplement de proposer une hypothèse et une réflexion autour de l’équipement informatique domestique tel qu’il pourrait être envisagé.
En effet d’autres solutions que le PC permettent d’avoir accès aux nouvelles technologies et nous verrons lesquelles.
Enfin nous chercherons quelles possibilités nous offrent les nouvelles technologies pour l’avenir ?
1) Le PC correspond-il à nos besoins ?
1-1 les utilisations de l’ordinateur domestique
Nous pouvons constater que certaines utilisations ont tendance à se développer et à bouleverser nos habitudes.
Avec 580 millions de personnes possédant une connexion Internet dans le monde chez soi (4)on peut considérer que celle-ci est l’activité première de l’ordinateur domestique.
Selon une enquête du CSA-ministère de la recherche(5), nous pouvons définir les utilisations les plus courantes d’un ordinateur domestique par les français :
1) se former et développer ses connaissances
2) communiquer
3) se renseigner sur des produits ou services
4) travailler à la maison
5) faire ses comptes bancaires et ses placements
6) stocker, échanger et traiter des souvenirs (photos vidéo)
7) écouter, stocker, échanger de la musique
8) organiser ses loisirs (sortie, voyage)
9) regarder, stocker, échanger des films
10) jouer
11) suivre l’actualité
12) faire des achats
1-2 La » configuration standard » : une notion élastique
Comme nous avons pu le constater précédemment, les besoins (et le budget) d’une famille à une autre, peuvent être parfois très différents. C’est pourquoi il parait assez difficile de définir une machine « domestique ». Dans les magasins, on éprouve la même difficulté à répondre à la question, d’autant que l’évolution de l’informatique est telle que la réponse sera totalement différente dans six mois.
C’est pourquoi il devient de plus en plus difficile de faire son choix au milieu de cette surabondance d’offres en matière d’équipement informatique. Les ordinateurs que l’on nous vend permettent une infinité d’utilisations
mais les constructeurs en font payer le prix. (autour de 1.000 euros pour un équipement première gamme). Seulement, pour une grande majorité de personnes, cette multitude d’usages est un frein à la compréhension de l’ordinateur et la simple idée d’en posséder un rime souvent avec complication et investissement en temps. Même si aujourd’hui le PC semble globalement intégré par tous, la question de sa configuration par rapport à son usage reste posée.
1-3 Indispensable, l’ordinateur à la maison ?
Miser sur un processus de conception centré sur les utilisateurs, c’est considérer que la technologie doit être véritablement construite pour répondre aux habitudes de ceux-ci. Etudier les usages courants en début de projet est un gain substantiel pour développer un outil véritablement adapté au marché qu’il vise.
La mise en place de solutions technologiques dans des environnements humains, professionnels ou grand public, génère des risques de rejet de la part des usagers.
Or, à la question « indispensable, l’ordinateur a la maison ? », 44 % des Français non équipés répondent « non », selon un sondage pour le compte du ministère de l’Industrie. Outre le manque d’utilité, le prix est aussi un obstacle majeur à l’équipement.
Si la France a connu une belle progression en matière d’équipement informatique avec plus de 10 millions de foyers équipés d’un ordinateur, elle risque pourtant d’atteindre bientôt un seuil de saturation. C’est ce qu’on pourrait croire au vu des résultats d’un sondage CSA-Opinion réalisé pour le compte de Nicole Fontaine, ministre déléguée à l’Industrie afin de « mieux comprendre les raisons du retard français en matière d’équipement en micro-ordinateurs »(6). Selon ce sondage réalisé en début de l’année dernière (du 21 au 28 février 2003) auprès d’un échantillon représentatif de 1 088 personnes âgées de 15 ans et plus, 44 % des personnes non-équipées ne voient pas l’intérêt d’utiliser un ordinateur.
Le manque d’utilité n’est pas le seul critère de non-adhésion au monde informatique. Le prix, jugé trop élevé, constitue un obstacle majeur pour 37 % des sondés, essentiellement les jeunes et les foyers à bas revenus. Enfin, pour 12 % des non-équipés, l’utilisation d’un micro-ordinateur est considérée comme trop complexe, notamment à installer, à entretenir et même à acheter. Pour l’institut de sondage, des efforts de formation et d’éducation, notamment par le biais de l’école, paraissent donc indispensables pour favoriser l’adoption des nouvelles technologies au sein du foyer. Certes, ces efforts sont importants, mais ils ne règlent pas le problème du tarif et de l’absence d’utilité.
Ainsi malgré leur grande diversité, aucun usage ne semble à même de rendre indispensable le P.C. à certaines personnes réfractaires.
Il parait donc légitime d’envisager pour demain une nouvelle façon de rendre l’informatique réellement accessible à tous en revalorisant ses usages, en les rendants moins complexes et moins coûteux.
2) Quelles possibilités pour l’avenir ?
On parle souvent de l’avenir de l’ordinateur au centre de la maison, sorte de salle des machines qui relierait tous les appareils entre eux afin qu’ils partagent des informations, se complètent, évoluent mutuellement. Ceci est d’ailleurs tout à fait possible aujourd’hui et même très pratiqué dans des applications de tous les jours : par exemple écouter de la musique MP3 sur sa chaîne hi-fi ou regarder un DVD ou un DIVX sur sa télé par l’intermédiaire de l’ordinateur.
Mais il est évident qu’il y a un certain nombre de désavantages à ce type d’installation. Nous pouvons citer notamment la dépendance des éléments à un seul processeur mais également et surtout la complexité d’usage pour le plus grand nombre d’entre nous.
Et si l’avenir était une sorte de retour en arrière sur la façon de consommer avec des produits qui, eux, auraient intégré les bienfaits et les fonctionnalités des nouvelles technologies ?
2-1 De plus en plus d’objets indépendants fonctionnent sans l’ordinateur
Faire reposer toute la technologie de la maison sur un seul appareil, l’ordinateur, peut s’avérer dangereux et provoquer des situations surréalistes en cas de problème. C’est le cas de tout objet multifonctions.
Réfléchir à des objets communiquant mais indépendants peut être une solution appropriée.
Le schéma de l’achat d’objets technologiques (multimédia en particulier), il y a quelques années, était très simple. Je veux écouter un CD, j’achète un lecteur CD, je veux regarder la télé, j’achète une télé, je veux écouter la radio, j achète une radio, je veux regarder un DVD, j achète un lecteur DVD, je veux jouer à des jeux vidéo, j’achète une console de jeux etc…
Aujourd’hui j’achète un ordinateur pour l’ensemble de ces fonctions… et s’il ne marche pas je suis privé de tout. Beaucoup d’objets avaient déjà commencé à présager d’un avenir « tout en un ». Je pense aux micro-chaînes hifi ou au combiné tv-magnétoscope entre autres.
Mais selon Gilles Privat, directeur du laboratoire Objets communiquants de France Télécom R&D à Grenoble
«(…) l’informatique éclatée est le premier pas vers le dépassement du monopole du PC comme interface unique avec le monde de l’information (…) »
Or un grand nombre de projets ou d’objets actuels tendent dans cette direction.
Des chaînes hifi permettent de télécharger, sans ordinateur, de la musique mp3 sur internet. Il est possible également de recevoir ses mails et des photos sur sa télévision sans ordinateur et sans ligne téléphonique grâce au module SatMessenger developpé par Worldsat. Certains lecteurs mp3 portables comme le jukebox recorder20 permettant de contenir environs 20GB de musiques sont dotés d’encodeurs mp3 leur offrant la possibilité d’acquérir indépendamment de l’ordinateur de la musique et j espère bientôt pouvoir ce l échanger entre lecteur.
Nous assistons également au développement de mini pc se consacrant de plus en plus au salon et qui finissant même parfois par devenir de simple console de jeu.
Un des produits qui revendique aujourd’hui cette volonté d’offrir une alternative au pc traditionnel semble être
le nouveau né de sony au japon, le airboard. (7) Cet écran tactile LCD de 10 pouces pesant environ 1,5kg et disposant d’une prise antenne et d’un connexion pour modem sans fil va permettre de regarder la télévision tout en surfant sur le web de n importe où dans la maison et le jardin. L’accent est mis sur sa facilité de prise en main. De plus il permet de se connecter en réseau avec tout appareil audio-vidéo compatible avec l’Airboard.
Il s’agit donc d’un objet offrant un minimum d’usages bien definis ( tv, internet et quelques logiciels de Bureautique ) tout en restant totalement évolutif sur de nouvelles utilisations non imposées ( lecteur dvd, magnétoscope, hi-fi etc….).
Article de France télécom au sujet du wifi à la maison (8):
« A nouveaux usages, nouveaux terminaux. France Télécom R&D expérimente actuellement l’utilisation de webtablettes pour accéder sans fil à l’Internet haut débit. Une webtablette se présente sous la forme d’une ardoise électronique constituée essentiellement d’un écran tactile haute définition, de mini haut-parleurs, d’une webcam, d’un stylet faisant office de crayon et de souris et, bien sûr, d’un récepteur radio WiFi. D’un emploi très simple, la webtablette permettra à la maîtresse de maison de consulter une recette de cuisine, avec explications vidéo, sans aucune connaissance nécessaire de l’informatique. Elle pourra poser la webtablette n’importe où dans la maison, par exemple sur le plan de travail, et écouter les explications dispensées tout en recherchant les ingrédients dans son armoire à provisions. Plus tard, son fils, collégien, pourra se détendre ou réviser en surfant dans sa chambre sur « après l’école », la webtablette confortablement posée sur ses genoux. En fin de soirée, toute la famille se réunira autour de la webtablette pour appeler la grand-mère en Bretagne par visioconférence. Ces solutions seront commercialisées courant 2003 et devraient révolutionner l’usage d’Internet à la maison, en l’ouvrant notamment à tous ceux qui sont réticents vis-à-vis ce l’informatique. »
2-2 Comment vivrons-nous avec l’ordinateur de demain ?
Le PC ne va pas disparaître. Au contraire, il y en aura de plus en plus. Simplement, on les remarquera moins parce que chacun aura un ou plusieurs petits appareils portables, qui rendront les mêmes services.
En ce qui concerne l’ordinateur domestique, l’avenir laisse augurer une meilleure intégration de ce dernier dans l’espace de l’habitat grâce à la miniaturisation de l’électronique. Toutes sortes d’appareils domestiques sont ainsi dispersés selon les besoins dans toute la maison grâce notamment à l’amélioration des réseaux sans fils (wifi CPL ou même Bluetooth) et à la démocratisation des écrans plats.
Ensuite, il faudra patienter une petite dizaine d’années pour laisser les techniques arriver à maturité. Nous parlerons alors naturellement à des ordinateurs que nous ne verrons plus. Ils seront intégrés dans les murs. Ils nous répondront, ils nous comprendront. A l’intérieur, les maisons reprendront leur aspect actuel, la quincaillerie informatique aura suffisamment progressé pour disparaître de notre vue. Elle sera devenue aussi simple, discrète et essentielle à l’existence que l’électricité ou le téléphone. Elle se sera pliée à nos habitudes et n’importe qui pourra l’utiliser. Seuls quelques écrans plats ou rétroprojecteurs, dans les chambres et salons, témoigneront du nouveau monde.
Conclusion :
Il se pourrait donc que nos besoins futurs soient comblés par une multitude d’appareils dédiés plutôt que par une grosse machine. La technologie nous ferait retrouver, de façon assez paradoxale, un équipement pouvant ressembler un peu à ce que l’on connaissait avant l’apparition des ordinateurs dans les foyers.
Le fait nouveau, par contre, est que ces appareils, qui seraient miniaturisés (exemple de toshiba avec un disque dur de 0,85 pouce, soit à peine 2 cm pour 4GB et peut-être même un jour l’apparition d’un processeur moléculaire), d’une part communiqueraient entre eux et d’autre part auraient des fonctions qui s’adapteraient automatiquement à nos usages grâce à leurs processeurs intégrés et une intelligence artificielle.
Nous avons vu que des objets de ce type existent déjà et tout semble nous laisser croire qu’ils vont rapidement se développer.
De cette manière, l’informatique deviendrait en quelque sorte « transparente » pour le non-initié et le consommateur pourrait alors se consacrer uniquement à l’activité qui a motivé son achat.
En quelque sorte ce serait la disparition de l’ordinateur tel qu’on le connait aujourd’hui qui permettrait rapidement, grâce à des objets moins coûteux, mieux définis et moins complexes une appropriation par tous des progrès des technologies numériques.
Liens :
(1)CREDOC Etudes socioéconomiques de la consommation par questionnaires et entretiens
http://www.credoc.asso.fr/
(2)l’ART Autorité de Régulation des Télécommunications
http://www.art-telecom.fr/
(3)CGTI Conseil Général des Technologies de l’Information
(4)sondage infomètre :
http://www.infometre.cefrio.qc.ca/fiches/fiche578.asp
(5)enquête du CSA-ministère de la recherche :
http://www.sourir.org/article.php3?id_article=15
(6)sondage CSA-Opinion :
http://www.unaf.fr/article.php3?id_article=421
(7)article transfer.net :
http://www.transfert.net/a1929
(8)rd.francetelecom :
http://www.rd.francetelecom.fr/fr/technologies/ddm200302/techfiche3.php
D’une manière générale :