nouveau programme : ville informée – forme de ville

Pour son nouveau programme de recherche autour de la question des nouveaux récits urbains phénOrama
accueille cette année l’architecte et paysagiste Claire Bailly enseignante chercheur à l’Ecole Nationale
Supérieure d’architecture de Montpellier.

Sous la direction de Jean Magerand de la Faculté d’Urbanisme et d’Architecture de l’université de Mons – Belgique,
Claire Bailly  a entrepris l’écriture d’une thèse intitulée (titre provisoire) : Ville informée, forme de ville :
à lecture augmentée, projet augmenté ?

Pour cela dans le cadre de phénOrama un séminaire et un studio de création vont travailler sur les mêmes axes de recherches.
Ce travail fera l’objet d’une publication qui regroupera l’ensemble des travaux.

Un groupe de recherche animé par Claire Bailly et Armand Behar (artiste, responsable phénOrama) a été mis en place
afin de définir les axes de recherche et thèmes d’interventions du séminaire.
Il est constitué de :

Dominique Boullier, professeur des universités à Sciences Po, coordinateur scientifiques Médialab,
François Brument, designer – Agence In-flexions, Enseignant Ensci/les ateliers,
Antonella Tufano, architecte, chercheur Gerphau – ENS d’Architecture de Paris la Villette
Jérome Denis, sociologue – Maître de conférence de Telecom Paris Tech,
Thierry Fournier, artiste, enseignant-chercheur Ensalab,
Thierry Joliveau, géographe – Chercheur Université Jean Monnet de Saint Etienne,
Manuel Zacklad, ingénieur – Professeur Cnam, directeur laboratoire Dicen.

Le séminaire Ville informée, forme de ville se déroulera entre le mois de janvier et d’avril 2015 au studio documentation
de l’Ensci/les ateliers. Ce séminaire sera aussi l’occasion de découvrir les hypothèses de travail et créations des élèves
du studio de création.

Introduction à la recherche

La ville des données, la smart city, les Big Data, les Opendata, sont identifiés par de plus en plus d’acteurs comme des composantes importantes de la ville contemporaine et de demain.
De nombreuses disciplines qui traitent indirectement ou non de la ville s’emparent de la problématique des données. Le Big Data se caractérise non seulement par une information produite et disponible en quantités massives, incommensurables, mais aussi par une information pléthorique, de qualité variable, multiforme, et généralement géolocalisée ou géolocalisable.
Les données renseignent désormais sur tous les domaines de la ville et de la vie, des plus anecdotiques à ceux portant les enjeux les plus globaux. Elles sont générées en grande partie
en temps réel, directement par les acteurs qu’elles concernent.

La notion même d’anecdotique tend à disparaître, puisque les anecdotes s’accumulent,
se recoupent, et, une fois traitées par induction, analyse prédictive, modélisation, elles produisent de l’information utilisable. Il est dès lors intéressant d’interroger la spécificité du rapport à l’information induit par le renouveau de l’accès aux données urbaines, proposé -cristallisé ?- notamment par ce phénomène Big Data. Il s’agit, également, en retour, de tracer des pistes pour évaluer la spécificité du rapport à la ville induit par ce nouveau rapport aux données. Le travail sur la ville, qu’il s’agisse d’un travail analytique ou d’un travail de gestion ou de production, s’appuie déjà aujourd’hui sur des informations de tout type : informations statistiques de nature économique, sociale, écologique, informations juridiques sur le droit des sols, informations formelles sur la matière construite, végétale, informations techniques sur les éléments de génie urbain, etc.

La ville des données dont il est de plus en plus question est-elle alors si nouvelle ?

L’outil de travail que nous avons construit pour explorer cette problématique, est le néologisme « projet augmenté » : en cherchant à élaborer une définition de cette notion, il s’agit de cerner les apports et limites de l’émergence des nouvelles formes d’information comme objets et constituants du projet.

Le travail mené ce semestre dans le cadre de phénOrama vise à explorer chacune des étapes d’un processus qui conduirait du constat initial de la masse de données disponible, à l’utilisation de ces données comme contribuant à produire de la forme urbaine.

Dans le studio de création, le processus est interrogé à partir de 4 étapes, organisées respectivement autour des notions de : collecte numérique des données / collecte de donnée numérique, traitement numériques des données pour en tirer des informations, production d’ une connaissance, in-formation d’une ville à partir des données / de l’information / de la connaissance obtenues.

A travers la première étape, c’est la notion de donnée, en tant qu’élément brut collecté, qui est abordée : quels outils et quelles méthodes pour la collecte des informations (informations numériques) ? Un phénomène environnemental / urbain / … peut-il être réduit à des données ? Y-a-t-il une pertinence des données (= une méthode pour choisir les données à collecter), dès lors que par définition le big data est pléthorique et hétérogène ?

A travers la seconde étape, il s’agit d’explorer la question de l’information, en tant que produit du traitement des données (traitement par contextualisation, visualisation, assemblage, confrontation, analyse prédictive, modélisation…) : quels outils et quelles méthodes pour le traitement des informations numériques ? Qu’est-ce que la contextualisation des informations numériques ? Quelles sont les spécificités du traitement des big data ?

L’objectif de la troisième étape est de réfléchir à la spécificité de la production de connaissance sur la ville liée au numérique et au phénomène big data. La connaissance est abordée comme processus d’appropriation des informations, mise en évidence de relations entre informations, ayant pour but l’action.

On observe par exemple que l’utilisation de la modélisation, en tant que processus de mise en place de modèles, suppose la manipulation de concepts spécifiques. Elle induit donc l’intégration d’outils conceptuels, qui se révèlent souvent liés aux concepts utilisés en écologie et plus largement dans les sciences de la complexité. Dès lors l’intervention des données massives et géolocalisées permet-elle de tisser une relation plus proche entre la ville et l’environnement, et par là-même produit-elle des modalités d’intégration plus naturelle et plus intrinsèque des questions environnementales aux questions urbaines ?

Quels outils et quelles méthodes sont mobilisables pour l’appropriation des informations (informations numériques) ? Qu’est-ce que produire de la connaissance dans ce cadre, où les données sont produites en continu ? Comment cette connaissance de la ville s’exprime-t-elle ? Comment se manifeste cette « lecture augmentée » ?

Les données et le numérique, en tant qu’outils transversaux / transdomaines, génèrent-ils des modes de connaissance de la ville nouveaux, hybrides entre disciplines par exemple ?

La dernière étape vise à réfléchir à l’impact des méthodes de production de connaissance sur les méthodes de conception. En d’autres termes, à partir du moment où il existe une « analyse augmentée » du réel sur lequel le projet va intervenir, que devient ce projet ? Quels outils et quelles méthodes pour agir sur la forme (écologique, géographique, sociologique, historique..) d’une ville à partir de la connaissance (écologique, géographique, sociologique, historique..) disponible en temps réel sur cette ville ?Quelle est la place de la forme dans une « ville des données » ?

 

 

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