Dans les années 60 en France, en Angleterre, au Japon mais aussi en Italie ou aux États Unis des mouvements ou plutôt des groupes composés essentiellement d’architectes apparaissent avec les mêmes préoccupations : créer des utopies architecturales. Ces mouvements sont très différents et viennent d’Angleterre (Archigram), du Japon (Métabolism), de France (Yona Friedman) et d’une manière différente d’Italie (Archizoom, Alchimia, Memphis). Les propositions de villes imaginaires qu’ils projettent questionnent notre rapport à la ville moderne et à son futur développement démographique, technologique, urbain et écologique.
Dans son projet Air Craft Carrier City in Landscape Hans Hollein imagine une ville porte-avion plantée au milieu de la campagne, Yona Friedmann invente les villes spatiales en forme de grille, No-Stop-City d’Archizoom, ville sans qualité et sans architecture s’étend à l’infini. En se penchant sur ses travaux il est difficile de ne pas penser aux travaux de l’artiste russe Tatline et son architecture en rotation.
Durant tout le XXème siècle on a vu des artistes poser la question de notre rapport à la ville : Yves Klein et ses architectures de l’air ou ses villes climatisées, Dan Graham, Absalon, Pierre Huyghe,…
Mais le devenir de la ville est aussi un des thèmes de prédilection du cinéma d’anticipation. Dans le Blade Runner, adaptation du roman de l’écrivain
P.K Dick , Los Angeles est transformée en une mégalopole marquée par la pollution atmosphérique et sonore, l’agressivité d’une publicité omniprésente,
une ville à l’ambiance technologique et décadente. Metropolis de Fritz Lang présente une mégalopole divisée en deux : la ville haute, où vivent les familles dirigeantes, dans l’oisiveté, le luxe et le divertissement, et la ville basse, où les travailleurs font fonctionner la ville.
La frontière entre architecture et fiction est infra mince comme nous le montre Rem Koolhaas dans son livre New York délire où l’on comprend que la construction de Manhattan a été fortement influencée par le développement sur Coney Island des Luna Park. Dans ces lieux de divertissement, découvertes technologiques et architectures se rencontrent pour impressionner le visiteur. L’impact des technologies contemporaines sur notre ville d’aujourd’hui génère de nouveaux enjeux, de nouveaux fantasmes. A l’instar des groupes comme Archigram, Archizoom, Métabolism les étudiants du studio de création on produit des récits de villes imaginaires en s’appuyant sur les projections proposés par la prospective urbaine : projections démographiques, technologiques, écologiques. Ils se sont appuyés sur ces récits pour créer des proposition plastiques inspirées de ces mondes rêvées.
Pour produire ce travail une méthodologie de recherche leur a été proposé :
1. Geo-fiction urbaine : une cartographie du futur.
Créer la carte d’une ville imaginaire à hautes performances techniques
et écologiques. Ces représentations de territoires urbains devront intégrer
les données actuelles de la prospective.
2. Expérience de l’espace urbain, les villes bionumériques.
Création de scénarii de vie pour des habitants fictifs : les croyances,
les activités, les modes de relations, les comportements, les usages,…
3. Projection urbaine, entre prospective et science-fiction.
Création d’une bible, un design document qui va présenter la ville et les habitants.
Ils comportera tous les renseignements sur la ville, son architecture , ses paysages
mais aussi sur les personnages, leur biographie, tant physiquement
que moralement et psychologiquement.
4. Les matérialisations locale de la fiction.
Création d’installations, de sculptures, de vidéo, de performances,
d’objets, de photographies, de musiques, inspirés ou découlant de la «bible».
The Future is history
Exposition des recherches et travaux du mardi 17 au vendredi 20 juin 2014
Tokyo : Ville éco-fasciste de Aymard Jérémy/Brule Damien
Le mouvement éco-fasciste du Midori naît à Tokyo, dans un contexte de désastres en tout genres :
nucléaire, montée des eaux et pollution de l’aire. Il prône un retour à la nature et met en place des mesures
écologiques contraignantes pour la population, comme un couvre feu quotidien qui interdit la consommation
électrique passée une certaine heure. D’où l’essor d’éclairages alternatifs bioluminescents. L’affiche dépeint
un poing brandissant une pelle et une inscription en jalonnais qui interpelle le passant : « cultivez ! » ou « propagez! »
selon l’interprétation. Le triptyque montre une vue aérienne de Tokyo la nuit, et son évolution : Tokyo en 20014,
Tokyo reconstruite avec sa presqu’île et ses lumières phosphorescentes.
Démographie surfacique de Barker Samuel
Ce travail aborde la dynamique des densités de population dans leur contexte exponentiel que seront les villes de demain où la démographie devient l’architecture. Loin d’une finalité architecturale, cette production visuelle est le résultat d’expérimentations coordonnées selon des données prospectives de la future démographie de Paris en 2050.
Ceratia de Brugiere Lucile/Portilla Mélissa
Dans un futur, le monde subit une crise démographique importante. la démographie se voit exponentiellement multiplié. Un groupe de scientifique décide alors d’explorer la possibilité d’une vie aquatique. C’est la naissance de Cératia, une île singulière où trois mondes cohabitent.
Une Mère démontée de Diaz Strum Alba
Dans les années 80 à 2000, l’Espagne a vu s’ériger sur ces côtes des villes de béton afin d’accueillir
le tourisme de masse. En 2007, une crise sans précédent heurte le monde et l’espagne en particulier.
C’est à partir de ce fait historique que se construit ce projet. Une fiction future dans laquelle les villes
telles que Benidorn sont désertées et laissées à l’abandon. En 2020 se produit le phénomène
des Intouchables, où des milliers de familles décimées par le poids de la crise vinrent s’entasser
dans ces villes qui se transforment peu à peu dans des zoos humains de la déchéance humaine.
Ce projet montre la décadence de ce pays, de l’homme, le fragilité et la précarité à travers
des constructions de sable qui se désintégrent lentement sous nos yeux.
Paraville de Fréchin Antoine/Mobes Valentin
En 2010, la planète comptera 15 milliards d’êtres humains ( Le Monde). L’explosion démographique impliquera l’explosions des villes, mais en même temps beaucoup plus de besoins ruraux pour l’oxygène et l’alimentation. A la manière de Chicago après l’incendie de 1871, l’extension ne pourra que se faire vers le haut. Du flat Iron à l’Empire State, en passant par le Burj Dubaï ou le Xseed Project, la verticalité semble être le salut de l’homme. Quelles architectures permettront aux 15 milliards de terriens de cohabiter en paix ? Entre tour de Babel et arche de Noé, notre projet est lapsus grande batisse humaine de tous le temps.
Une Mimésis réflective de Kim Ungdon
Ces constructions sont recouvertes par une forme de transparence qui s’apparente à un reflet.
La transparence est un nouveau médium pour la ville-communicante. Il ne suffit plus que d’un support transparent pour projeter toutes sortes d’images sur les façades. Quand l’image est absente alors le support devient miroir et la ville se réfléchit sur tout la surface.
Rimaël de Majid Samia
Petite ville située au plein milieu du désert, Rimaël a appris depuis la nuit des temps à s’adapter aux contraintes climatiques de son environnement. les tempêtes de sable, articulèrent violents et imprévisibles, ont façonné l’identité de la ville, divisée en trois dômes distincts. Dans le premier, ultra moderne et apte au progrès des technologies virtuelles, vit une population citadine considérée comme l’élite de la nation. dans les second dômes se localise les générateurs d’énergie solaire, la ville ayant été bâtie sur des principes écologiques , ainsi que des serres fournissant fruits et légumes variés. Et enfin, dans le troisième dîme se trouve les ex-nomades , ceux qui ont été chassé par la communauté
nomade vivant derrière les murs de verre pour avoir transgressé leurs coutumes ou leur règles religieuses (les nomades se démarquent des habitants des dômes par leur culture leur rapport au désert, mais surtout pour leur religion polythéiste, qui possède par essence le culte de la déesse du vent, Rieh et Ardah, déesse de la terre). Rimaël est une représentation photographique de cette ville imaginaire, une sorte de capture fugitive des formes, vaporeuses et incertaines. Cette accumulation
a pour finalité la création d’une contradiction : rendre Rimaël réelle en jouant sur l’effet éthéré de la qualité de l’appareil photo.
Le Sel comme constat de Marcombe Marie
Sainte marine, ville sujette à de très fortes marées ayant su s’adapter ou plutôt accompagné ces mouvements.
Constitué de pylônes sur lesquels sont accrochés les bâtiments qui se détachent et viennent flotter à la surface
avec la montés des eaux. La vile passe de verticale à horizontale et le rythme des habitants en est modifié.
L’eau de mer au contact du bâti laisse ses traces et retracent la vie du matériel urbain. Constat :
volumes, sel cristalisé, ligne d’horizon, bâti.
T-h-ermes de Perigot Angela/Diaz Strum Alba
La vile balnéaire dans cent ans. Spéculation immobilière exponentielle, gentrification accélérée, repeuplement
achevée au profit d’un paradis désormais inaccessible, doré et éclatant. Du récif jadis bercé par le rythme
des flots et de la végétation, l’espace se mue en métropole assiégée, spectacle du tourisme de masse,
capitale de loisirs et démesure. A la fragilité du paysage s’opposent alors l’opulence, l’empilement,
le dérisoire. Mais bien que captive, la nature demeure inspirant, insolente, au sein de ce bouillonnement
presque maitrisé.
Urboreto de Pfeiffer Thibault
Réseau de transport en commun, réseau routier, réseau énergétique, réseau téléphonique, réseau de fibre optique,…
Nos villes sont parcourues de fils, de câbles, de route en tous sens. Mais imaginez futur où la supraconductivité
nous permette de transporter énergie, données numériques et personnes sur le même chemin. ces 3 réseaux
n’en formeraient plus qu’un. Ce « supra-réseau deviendrait le système sanguin du monde. La ville Urboreto,
qui signifie simplement 3ville réseau » en espéranto, fonctionne grâce à cette infrastructure.
De cette idée est née une installation qui s’inspire de la supraconductivité.
Anachor de Philippon Roxane
En 3056, la température de la Terre atteindra des extrêmes et certaines régions seront précipitées dans un froid
polaire quasi invivable. Anachor est une ville qui s’est installée et protégée dans ce climat hostiles grâce
à de hautes technologies, produite par l’énergie d’un barrage. Plusieurs quartiers se sont construit
sous une verrière de glace ou au bord d’une chute d’eau assourdissante. la société a évolué vers des modèles
nouveaux , où la barbe est devenue un signe distinctif et où les croyances se déchirent toujours entre sciences
et traditions. le contraste entre l’architecture de béton, l’eau et la glace environnante crée une atmosphère froide,
pesante et brutale.L’installation rappelle l’ambiance de cette ville à travers les matériaux qui la composent,
l’organisation symptomatique d’un régime fermé et l’isolement d’un ermite de montagne.
Le Spiral de Prévost François
Les rues de Paris seront envahies par la nature. Des forêts se propageront sur les routes.
Il nous faudra alors inventer des nouveaux moyens de transport.