Personnalisation subie / Personnalisation active

L’objectif est de rencontrer Karan Fouladi au travers d’un entretien afin de prendre connaissance de ses études d’analyse de traces d’usage de la télévision. Les enjeux étant ici d’intégrer la notion de personnalisation, tout en problématisant sur la notion d’anonymat et d’ultra personnalisation liée à la captation des traces numérique.

 Trace numérique

 Le terme fracture numérique désigne les informations qu’un dispositif numérique enregistre sur l’activité ou l’identité de ses utilisateurs, soit automatiquement, soit par le biais d’un dépôt intentionnel. Moteurs de recherche, blogs, sites de réseautage social, sites de commerce électronique, mais aussi cartes à puce, titres de transport, téléphones mobiles : tous les systèmes qui requièrent une identification ou une interaction sont susceptibles de capter des informations sur l’utilisateur – parcours, requêtes, préférences, achats, connexions, évaluations, coordonnées.

Les traces ne sont pas des messages, mais des données (typiquement des fichiers de log) 1. Prises isolément, elles n’ont guère de sens. Mais regroupées, traitées et combinées dans d’importantes bases de données, elles peuvent révéler des informations significatives, stratégiques ou sensibles.

Les traces numériques peuvent en particulier être utilisées pour profiler les personnes, par extraction automatique d’un profil à partir de l’observation de leurs comportements. Ce profilage peut servir ensuite à faire du ciblage comportemental.

Source : Wikipédia

> Se pose la question du consentement, dans la gestion et la captation de ces données. Dans le travail de Karan Fouladi le boîtier est posé sur la télévision. Ne se pose pas la question de savoir comment les informations des téléspectateurs sont captées. Cependant on peut se demander si collecter ces informations dans un processus de conception en plaçant l’usager au centre de ce processus n’est pas trop intrusif.

> Quels sont les systèmes numériques ou non qui utilisent un mode de personnalisation basé sur la captation de traces et de données laissées par le consommateur de façon consciente ou non.

Le T9

Gmail / Google / filtre de recherches / Historique Google

Compte de fidélité

Amazon

Géolocalisation

Passe navigo

 Les intérêts / Les gènes de la personnalisation

> Le droit à l’oubli rentre en ligne de compte quand on parle de personnalisation, notamment via les réseaux sociaux, les identités numériques sont un sujet sensible à gérer, puisque les traces conscientes et inconscientes que nous laissons dans le monde numérique ne sont pas faciles à effacer dès lors quelles commencent à circuler sur la sphère numérique et à être mise à disposition à des fin peu réglementées, sans contrôle…

> L’intérêt des systèmes de personnalisation et de recommandation permet de palier à l’effet normatif et de garder ouvert l’intérêt du téléspectateur. Si le choix est effectué autrement que par lui même et sur un principe de filtration et de recommandation, cela aura pour conséquence de filtrer un certain contenu qui ne semble pas correspondre aux habitudes ni aux attentes du téléspectateur.

> Le risque est donc de tomber dans une ultra personnalisation qui finalement parle de simplification mais qui coupe la liberté de choix. On ne parlerait donc plus de guide télévisuel mais de contrôle.

 Internet actu – Personnalisation sans identification

 “Je sais qui tu es mais je ne sais pas comment tu t’appelles”
Pour mettre en œuvre une réelle personnalisation il est nécessaire de connaître la personne mais est-il pour autant nécessaire de savoir comment elle s’appelle ? Pour reprendre la formule de Fulup Ar Fol, architecte internet chez Sun Microsystems, “Je sais qui tu es mais je ne sais pas comment tu t’appelles”. Cette personnalisation sans identification n’est pas un nouveau concept propre aux seuls univers numériques, elle fonctionne naturellement dans le monde physique, comme l’expliquait Fulup Ar Fol à un atelier de la Liberty Alliance à Paris en 2005 : “Si vous prenez un double café crème et deux croissants dans le même bar, tous les matins, assez rapidement le serveur préparera votre commande avant même que vous le lui demandiez. Il sait que c’est vous mais il ne sait pas qui vous êtes.”

> La personnalisation sans identification est un moyen de garder un certain contrôle et permet de ne pas laisser de traces sur son activité numérique. Néanmoins l’identification est aujourd’hui un moyen de monétiser un service, nous pouvons aussi prendre l’exemple  de services nomades, tels que les serveurs de musique en ligne, tels que spotify ou deezer qui finalement proposent la possibilité de gérer sa Playlist en ligne en échange d’une inscription ou d’un abonnement via lequel il est possible d’avoir accès à ce contenu musical n’importe où.

> Dans l’exemple du compte de fidélité, le principe consiste à fidéliser le client, en              enregistrant sa fréquence d’achat ou d’utilisation d’un service dans un temps donné, afin de prendre en note des habitudes de consommation, de permettre un recensement et un inventaire des habitudes d’usages. La fidélité imagée comme un avantage pour les consommateurs est aussi et surtout un moyen de garder le contrôle.

> Ces informations captées sont utiles dans la conception de nouveaux services. Pour faire face à cette logique de cobaye, il est envisagé au royaume uni de mettre à disposition du consommateur leurs données numériques.

 My data Source : Internet actu

A terme, la règle doit être simple : si vous savez quelque chose sur moi, je dois posséder la même information et pouvoir l’exploiter.”

Ces données seront fournies de manière réutilisable et portable, comme c’est le cas aujourd’hui des “open data” publiques (auxquelles le programme fait explicitement référence). Le programme prévoit alors d’encourager l’émergence d’applications destinées à permettre aux individus de tirer bénéfice de leurs propres données. Ce bénéfice passe par d’abord par une meilleure connaissance de soi et de ses pratiques : analyser la composition de son budget ou son régime alimentaire, mesurer son bilan carbone… Puis, de la connaissance, on passe à l’action, notamment (dans le cas de MyData, mais les perspectives sont plus larges) dans la relation commerciale : acheter plus sain ou plus “vert”, faire le bilan d’un an de factures mobiles pour comparer les forfaits, rapprocher de manière anonyme son profil à ceux d’autres individus pour comparer ses choix, réunir des consommateurs aux besoins similaires pour obtenir des propositions adaptées de la part d’une entreprise…

> La personnalisation à l’insu des consommateurs permet d’équilibrer l’écart entre le déclaratif et le constaté > Partir de la pratique réel > Regarde-t-on toujours les mêmes programmes ou, quelles sont mes thématiques préférées, en fonction de l’état émotionnel, physique, en fonction d’un moment de la journée. Puisque finalement, et on en revient à la notion de personnalisation sans identification, si le consommateur définit lui même ses activités, son statut… les informations ne sont pas précises et ne permettent pas une personnalisation ciblée, cohérente et réellement personnalisée, mais seulement configurée pour chacun. Le temps de cerveau disponible, qui est de plus en plus limité face à l’affluence des informations numérique, développe l’utilisation de marqueurs personnalisés et permet de maintenir une activité et une rentabilité liées à ses services numérique. L’intention est donc tournée de plus en plus vers une optimisation de ces services. Finalement l’intérêt de ces pratiques sans consentement est de limiter l’effet normatif .

> Notion de contrôle > Besoin de cultiver une curiosité face au foisonnement de chaines proposées. Un juste milieu est prescrit dans le cas des programmes télévisuels, sans prendre en compte la possible connexion de la télé à internet.

 Le travail que nous avons effectué me conduit à nuancer ces jugements. Admettons qu’il y ait régression, on pourrait néanmoins se poser deux questions qui nous permettraient de modifier sensiblement notre regard. La première est de savoir si au lieu de régression il ne conviendrait pas plutôt de parler de comportements d’auto-régression d’une part, à peu près maîtrisés et pilotés par les gens, d’autre part. Je ne suis pas tellement convaincue que les gens régressent, je crois plutôt qu’ils acceptent de laisser surgir une autre part d’eux-mêmes, une part peut-être perçue comme moins noble et pour cela déconsidérée.

Source : «  le corps des téléspectateurs » Véronique le graziou

> L’auto régression pilotée est le moment où l’on s’autorise à regarder des programmes qui selon nous ne font pas partie d’un contenu valorisant, mais simplement régressif. La télévision, dans ces moments là, est considérée comme un moyen de décompression. La personnalisation passive entre ici comme un moyen de se laisser guider, le choix est réalisé à votre place. Néanmoins la faiblesse face à l’écran dans ces moments pose le problème de la manipulation des téléspectateurs, ceux-ci sont dans ces postures plus empreints à se laisser manipuler et contrôler.

> La notion de personnalisation active est assez présente, notamment dans les modèles de réseaux sociaux comme Facebook, qui donne la possibilité aux utilisateurs de s’auto-historiser sans toutefois avoir la possibilité de les effacer (pratique fermée). Une pratique controversée puisqu’elle utilise de plus en plus les données numériques à des fins commerciales, publicités personnalisées, tel que le fait Google avec la relecture des mail et des contenus écrits.

> Au niveau des données télévisuelles, la manipulation des donnés personnelles est possible dés lors que les informations passent par le biais d’une boxe numérique. Néanmoins une charte de sécurité est mise en place en Europe pour limiter les abus.

Mots clés : Consentement, intérêt, gène, effet normatif, logique de cobaye, position de faiblesse des téléspectateurs, services agrégateurs, foisonnement, filtre de simplification, recommandation, simplification et liberté, logique d’optimisation.

Entretient audio avec Karan Fouladi

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