L’écrivain de Science-Fiction Cory Doctorow dit ;
Ce sont les distractions que le réseau et les outils numériques facilitent, parce qu’elles favorisent des micro-interactions constantes, des mises à jour continues…
L’ordinateur nous conduit à être multitâches, comme on l’entend souvent, désignant par là même non pas la capacité à faire tout en même temps, mais à accomplir de multiples tâches qui cognitivement demandent peu d’attention.
Appuyer sur un bouton pour relever ses mails, consulter son agrégateur d’information, sa messagerie instantanée en même temps et avoir plusieurs pages web ouvertes est devenu courant. Avec tous les outils qui nous entourent, les sollicitations sont constantes, et il faut reconnaître qu’il est facile de se perdre en surfant, alors qu’on avait commencé par vouloir lire un texte un peu long et qu’une recherche pour éclaircir un point nous a fait oublier notre objectif initial.
Hubert Guillaud élargit, dans son article « nouvelles manière de lire » ;
Faut-il imaginer des outils qui nous déconnectent selon ce qu’on lit pour favoriser notre concentration?
Sous forme électronique, la lecture linéaire n’est plus le seul mode d’accès aux contenus. Au contraire, le passage à l’électronique “augmente” le livre. On peut interroger les contenus, aller chercher ce qu’ils renferment, établir des interactions documentaires en croisant des contenus de natures différentes… L’électronique favorise des accès partiels certes, mais il ne faut peut-être pas les entendre comme une régression, mais bien comme le développement d’un autre mode de lecture. Le changement de paradigme que suppose le livre électronique ne signifie peut-être pas un accès partout, en tous lieu, à tout moment, sur un mode plutôt linéaire (comme le propose le livre papier), mais ouvre de nouveaux contrats de lectures, de nouveaux modes d’accès aux contenus, dont la recherche documentaire et donc l’accès partiel est certainement le mode appelé le plus à progresser.
Assurément, à l’heure de l’électronique, le rapport à l’information, à ce que nous lisons est différent, parce que la posture de lecture est différente. Avec le livre, je lis, je suis dans un moment à part, j’absorbe l’information. Avec les écrans, ou avec un livre électronique, bien souvent, je lis et écris, ou je lis et communique. La posture de lecture n’est pas exactement la même. Nous accédons à de nouvelles manières de lire, qui brouillent les questions de lecture, nos façon de les mesurer et de les comptabiliser.