D’algues ou de pommes de terre, les bio-plastiques sont prometteurs

HAWTHORNE (Etats-Unis) – Frederic Scheer, le patron d’un des leaders du marché naissant des bio-plastiques issus de résine de pomme de terre ou de tapioca, est sûr de l’avenir de ces plastiques biodégradables: avec la hausse des prix du pétrole ce marché va exploser, selon lui.

« Notre point d’équilibre, c’est un baril à 95 dollars. A partir de là nos produits deviennent moins chers que les plastiques traditionnels », dit ce fabricant qui transforme des résines d’amidon de pomme de terre, de tapioca, de maïs et bientôt d’algues en objets en plastique.

Selon cet entrepreneur de 55 ans d’origine française, les experts prévoient dès 2013 des prix du pétrole prohibitifs « qui conduiront les grands groupes chimiques à se tourner vers autre chose que les hydrocarbures ».

Dès 2020, avec son entreprise Cereplast, il mise sur un marché américain des bio-plastiques de 10 milliards de dollars contre un milliard environ aujourd’hui, alors que le marché mondial des plastiques traditionnels atteint 2.500 milliards de dollars.

Depuis 2001, son entreprise basée en Californie (ouest des Etats-Unis), qui emploie maintenant 25 personnes, a accumulé les brevets liés aux formules de résine d’amidons.

Avec un chiffre d’affaires de 5 millions de dollars, Cereplast produit des résines pour plastiques jetables, biodégradables en trois mois dans la nature, comme des verres, des couverts ou des emballages.

L’entreprise fabrique aussi des résines « hybrides » du type polypropylène, plus solides et non-biodégradables, qui entrent dans la composition d’objets durables, du type composants automobiles ou accessoires pour bébés (sièges auto, baignoires etc.).

« En utilisant notre résine dans le bio-propylène, nous injectons 50% de matière première issue d’une ressource renouvelable. L’impact carbone est donc moindre pour ce produit », assure Frederic Scheer.

Des chiffres qui pèsent lorsqu’on sait que seulement 3,5% des plastiques polypropylènes sont recyclés aux Etats-Unis. Quant aux autres types de plastiques, « 70% d’entre eux terminent dans des décharges où ils restent pendant des années », affirme M. Scheer.

Les consommateurs américains utilisent 110 milliards de tasses à café en plastique ou en papier enduit, selon le Food Packaging Institute. « Si on empilait toutes ces tasses à café, on aurait de quoi faire l’aller-retour de la terre à la lune 300 fois. Ce sont des chiffres astronomiques », affirme-t-il.

« Quand on pense qu’il faut 70 millions d’années pour faire des hydrocarbures et qu’on utilise sa tasse de café chez Starbucks 45 minutes au maximum, cela fait réfléchir », poursuit-il.

Mais produire à l’avenir des milliers de tonnes de bio-plastiques à partir de pommes de terre ou de maïs peut conduire à des tensions sur les prix alimentaires. C’est pour cela que M. Scheer croit aux algues.

« Les algues, qui présentent le même genre de caractéristiques physiques et thermiques que les amidons, sont une matière première alternative très intéressante », assure-t-il. « On peut les cultiver très vite, en grande quantité et à un coût très bas », ajoute l’entrepreneur qui travaille sur un plastique fabriqué à partir d’algues et qui devrait être commercialisé fin 2010.

« Qui m’aurait dit, étant né à Paris, que je deviendrais un des grand-pères de l’industrie du plastique bio-dégradable ? », s’étonne-t-il. « Les Etats-Unis sont plus ouverts aux entrepreneurs. C’est vrai, je regrette que la France ne m’ait pas donné ce genre d’opportunités », conclut cet industriel, qui parle désormais le français avec un soupçon d’accent anglo-saxon.

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