Quelques intentions…

Étudiant zélé (sinon fayot), je me permets de donner ici les quelques traits que je retiendrais pour ce projet cartographique.

Au commencement des choses, il me semble que la carte est avant tout un artefact qu’on a créé afin de se donner une représentation d’un territoire que la vue seule ne permettait plus d’appréhender. Il est d’ailleurs curieux de constater combien l’histoire de la cartographie se conjugue avec une certaine histoire de l’emprise de l’homme sur son territoire. Au premier stade, la carte permet de circuler sur ses terres. Premier niveau de maîtrise, qui est rapidement complété par l’utilisation de la carte comme arme : pour le militaire, il va s’agir d’identifier le potentiel ou les difficultés que recèle le territoire pour son armée, afin de l’utiliser contre son adversaire. Deuxième niveau d’asservissement du territoire, rapidement complété lui aussi par l’utilisation de la carte comme outil d’aménagement du territoire. A ce stade, la carte vient utilement enrichir l’arsenal des outils qui nous rapproche de l’idéal cartésien d’un homme « maître et possesseur de la nature. »

A l’heure où la surexploitation des ressources entraîne un questionnement radical sur notre rapport à la nature, il s’agirait donc de détourner la carte de sa mission première, outiller l’homme dans sa lutte contre la nature, pour tenter de représenter un territoire qui vit (cours d’eau, vents et saisons, etc), qui existe par lui-même, et qui finalement donne à voir un autre rapport entre l’homme et son territoire, un rapport qui sorte de la traditionnelle dichotomie maître-esclave.