J’ai choisis comme cas d’étude la vallée de la Roya, touchée en octobre 2020 par la tempête Alex. Deux entretiens téléphoniques d’une heure avec des sinistrées, ainsi que des discussions sur les réseaux sociaux m’ont permis d’affiner ma compréhension de l’aide (que j’ai pu organiser dans le tableau ci-dessous) et de tirer quatre constats.
- Le morcellement de l’aide, source d’incertitude.
« On avance vraiment au jour au jour. Je ne sais pas si je vais rester la, en fait j’en sais rien, puis on verra quand les routes seront faites »
Le tableau ci-dessus montre le grand nombre d’acteurs chargés de délivrer l’aide nécessaire aux sinistrés. Ces aides ne sont pas pour la plupart prévues à l’avance, elles sont bien souvent imaginées et misent en place pendant et après la tempête. Les sinistrés sont dans l’incertitude constante face aux aides dont ils pourront bénéficier, et donc face à leur avenir dans le même temps. Les cas presque toujours particulier des situations peuvent cependant sembler incompatibles avec une homogénéisation de l’aide.
- À chacun son coupable
« Vu que le gouvernement gère plus ou moins la nature, ça devrait être à lui de s’en occuper, mais comment voulez vous qu’il arrive a gérer un truc comme ça »
Les aides ne sont pas suffisantes pour réparer ce qui a été endommagé ou perdu. Selon les habitants, les réparations devraient venir des assurances, même si elles ne sont pas responsables de la catastrophe. La municipalité est parfois pointée du doigt pour un mauvais entretient des infrastructures. La responsabilité des phénomènes climatiques pourrait incomber à l’état, « garant de la nature” selon une habitante. Cependant, la responsabilité collective face au changement climatique a beaucoup été évoqué durant ces entretiens, et la nécessité de collectivement changer de modes de vie.
- L’occasion de réfléchir sur son mode de vie
« C’est le problème du tout électrique : une fois qu’il n’y a plus d’électricité, on ne sait plus vivre »
J’observe que la tempête favorise l’apparition d’un questionnement sur les modes de vie. Les habitantes m’on racontées leur prise de conscience de leur dépendance à des systèmes instables, de la « force de la nature », de la nécessité de sortir de l’ultraconsommation, de la réalité du changement climatique, du besoin de résilience, de l’importance de la ligne de train, etc. Mais selon elles, les gens ne sont globalement pas prêts à les changements nécessaires.
- Une hostilité affirmée face aux assurances
« Les assurances se sont souvent des voleurs, il y aura bien une petite astérisque quelque part qui dira que je n’ai pas le droit à plus «
Les habitants ont une perception très négative des assurances. Elles feraient tout pour éviter d’indemniser au maximum les sinistrés. Le coût des dommages est amené à fortement augmenter dans les prochaines décennies, à cause du changement climatique, ce qui questionne ce système un peu instable.