LA PÉRIODE VERTE : L’ÉCOLOGIE OU L’IMAGE DE L’ÉCOLOGIE ?

I     LA TENDANCE

 

Tendance – n.f. « Impulsion, force qui anime un corps et le dirige vers un sens déterminé. Disposition particulière ou impulsion qui porte quelqu’un à agir, à se comporter, ou à se développer d’une certaine façon. »

Voilà une notion importante de notre siècle consumériste : la tendance.

C’est ce mouvement aujourd’hui moteur de notre schéma économique, qui attise son fonctionnement, en faisant naître, puis mourir, les biens et les services de notre quotidien.

La tendance passe, sent, donne le ton, indique l’air du temps ; puis s’en va.

Elle nous dit in ou has been ; change constamment.

Dans son sillage, elle amène toujours la nouveauté, le progrès, le jamais vu ; et écarte de son passage, les précédentes.

Renouvellement.

Actuellement, elle nous dit : « vert ». Bio c’ Bon ou Naturalia sont des places to be ; rouler en Prius ou se déplacer en vélo est trendy ; porter des tote bags en toile est fashionable ;  sortir jeter ses épluchures dans son composteur est hype ; les smoothies et jus détox bios sont des must have ; et boire du champagne sans sulfite est the fanciest thing on Earth.

La tendance est écolo.

#green 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

II     LE GREENWASHING

 

Le vert est à la mode, effectivement. Dans la jungle des chaînes de grande distribution, toute la faune des produits l’a compris, et l’utilise comme outil utile à sa survie. Tous les objets se parent de camaïeux de verts pour rendre plus chatoyant le plumage de leurs packagings, qu’ils agrémentent de logos ou autres labels, afin de séduire les consommateurs, chasseurs de produits respectueux de l’environnement.

Un nombre incommensurables de marques se vantent de leurs qualités responsables, environnementales, biologiques, etc. et affirment des valeurs non mesurables, non quantifiables, non vérifiables. Du marketing, de la pub’, du mensonge : du vent.

Certaines notions, comme le recyclage, ont été perverties et décontextualisées ; son sens premier ayant opéré un glissement sémantique, partant du recyclage et de toutes les valeurs qu’il convoque, vers un adjectif mélioratif et vendeur.

« Recyclage »,

« Recyclable »,

« Recyclé » ;

Les notions sont floues, diluées. L’essence du terme a été gommée pour en conserver seulement l’aspect cool, cristallisé en un logo.

Mais à quoi bon consommer « Recyclage » si nos habitudes ne changent pas, et que l’issu de ces objets, sur le long terme, reste la même ?

La mode verte, si l’on observe les comportements, semble n’apporter que très peu de changements positifs chez les consommateurs, et n’avoir que très peu d’effets positifs sur l’environnement.

Simplement, elle a ouvert le jargon publicitaire à un nouveau champs d’adjectifs vendeurs, et a permis de créer tout un pan nouveau de produits supplémentaires.

Toutefois, une communauté grandissante de consommateurs, assoiffés de transparence et de vérité après les scandales alimentaires des années 2000, ont poussé ces marques à prouver et répondre de ce qu’elles assénait fièrement sur les packagings et les publicités de leurs objets, ces dernières se retrouvant prises dans leur propre piège, par force des lois et pression médiatique.

Trio de flèches vertes, ou le serpent se mordant la queue.

#greenwashing

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

III     GREEN IS THE NEW COOL

 

Parlons des hashtags, maintenant. Les #lifestyles #healthy n’ont jamais été autant #likeable. La plateforme d’Instragram aura permis, au travers des incontournables hashtags #instafood, #healthy, #vegan ou #paleo de développer et partager une esthétique désirable et fédératrice des modes de vies bons pour la santé.

À table, devant l’assiette, le rituel photographique a supplanté le bénédicité, pour partager avec ses followers son #buddhabowl ou sa pause #matcha. L’image avant le goût, on balance sur Insta’, avant de consommer.

Mais ces photographies, claires, fraîches, et colorées, ont su plaire, assez, pour faire basculer ces clichés des #foodies vers un intérêt poussé pour la nutrition et l’aspect sanitaire de l’alimentation. Nombreux sont les YouTubers décrivant l’intérêt d’une alimentation saine, expliquant et décortiquant les qualités nutritionnelles de comportements ou régimes alimentaires alternatifs, et décriant les préjugés et les idées reçues diffusés par nos traditions culinaires.

Et les #crews de #followers de ces influenceurs 2.0 ne cessent de croître.

Les réseaux sociaux s’imposent comme lieux de partage, de test, et de réflexion, où les gens découvrent, suivent, écoutent, puis décident à leur tour de tester puis changer.

Ainsi, cette tendance de l’ultra-sain aura #boosté la consommation des produits bios, qualitatifs pour l’environnement et la santé, et également permis une démocratisation et une meilleure connaissance des régimes alimentaires végétarien et vegan, en recouvrant les #walls et #timelines de l’aspect #cool de ces comportements.

#greenisthenewcool

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

IV     VERS LES FONDEMENTS D’UNE NOUVELLE CULTURE ?

 

Mais, puisque cette mode, internationale, continue de croître depuis plus de cinq ans, nous pouvons nous demander si cette pérennisation qui s’installe doucement, n’indiquerait pas l’ancrage, peut-être profond, d’une nouvelle vague culturelle concernée par la santé et le bien-être corporel et mental ?

Car si les rayons et échoppes bios fleurissent et s’agrandissent toujours, que le nombre d’usagers des Vélib croît chaque mois, ou que les mouvements contre-culturels décriant la surconsommation des objets et valorisant le recyclage et les #DIY sont devenus monnaie courante, c’est parce que les consommateurs le veulent.

Ils sont la force, massive, qui a donné l’élan puis l’ampleur à ces changements de consommation.

La mode et la tendance ont joué leurs rôles de dénicheurs de nouveauté puis d’influenceurs, et ont permis de dégager, et faire émerger, cette nouvelle société concernée par les problématiques environnementales ; et les industriels n’ont fait que s’adapter, pour suivre la demande – et leur quête d’argent -.

Cercle vertueux.

On peut avoir l’espoir, que tous ces changements ne sont pas de vains comportements éphémères, portés par une tendance creuse, centrée uniquement sur l’image du faussement sain, mais bien l’avènement d’une nouvelle ère culturelle.

Les mentalités et les comportements changent. La preuve en est, que, pour la première fois sous la Vème République, un cinquième des votants ont souhaité voir Jean-Luc Mélenchon, candidat aux convictions et programme écologiques forts, devenir président de la France.

Les réflexions et pensées pro-environnementales cheminent lentement d’un statut marginal, vers une démocratisation tendant à s’établir comme norme. C’est en cela qu’on décèle les prémices de changements profonds et véritables : par une amorce réflexive et intellectuelle.

#greenculture

 

 

V     GREEN DESIGN

Au regard d’une pratique de créateur industriel, cet état des lieux culturel des changements et avancées écologistes posent la question de l’implication éthique du designer dans la conception des objets. Doit-il purement répondre à des besoins de la société qu’il a cernés et sentis, puisque c’est là le cœur de son métier ? Ou bien doit-il s’impliquer éthiquement dans ses projets, afin de répandre ses idées, et inciter de nouveaux comportements, lui qui fait partie intégrante du milieu artistique et culturel souvent précurseur ?

La première de ces deux voies, se positionne davantage du côté industriel et marketing. En créant selon ce paradigme, les objets seront dans l’air du temps, collant les problématiques actuelles et répondant aux envies du moment, trouvant nécessairement acquéreurs, puisque le point de départ de leurs créations est issu de l’écoute de la société.

La seconde, implique un travail davantage personnel, et engagé, puisque les objets créés correspondront à l’éthique du designer, et seront sensés avoir un effet novateur sur la société. Les nouveaux objets ne sont plus alors que des nouveautés sur le marché, mais apportent également de nouvelles questions, et de nouvelles réflexions.

À quel point le designer travaille-t-il pour les autres ? Et jusqu’à quel point, doit-il laisser infuser sa subjectivité dans son travail ?

Questions de choix, pour déterminer son positionnement dans le paysage – écologique ou non – du design et de la création.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

ARTICLES :
Grazia – « Basique instinct : la tendance des ‘dumbphones’« 
  • Nokia 33-10 vs. iPhone 7
  • un style de vie minimaliste ou une tendance passagère ?
  • se recentrer sur « les choses essentielles »
  • une cure de désintox’ passagère pour geek accro du numérique
  • rebellion et contre-culture hipster
  • message à la société, ou tests personnels ?
  • déjà des industriels sur le coup pour produire de nouveaux téléphones pour ce secteur de niche
  • relatif à la décroissance
Konbini – « La France va devenir le premier pays à bannir la vaisselle jetable en plastique« 
  • projet de loi à l’horizon 2020 bannissant tout élément de vaisselle jetable en plastique (assiettes, couverts, gobelets, tasses)
  • une transition pour passer au compostable
  • qui dit compostable, ne signifie pas nécessairement composté
  • les futurs substituants en cartons, bois et papier seront-ils vraiment verts ? après leurs utilisation sûrement, mais pour ce qui est de la production, rien n’est sûr.
  • la place de « premier pays » à changer est intéressant aussi quant à la question de l’image / cela concerne-t’il une véritable volonté de changement et l’envie de devenir une nation modèle, ou bien simplement une tactique de communication pour faire bonne figure ?
Le Monde – « À chacun son assiette« 
  • traite des comportements de consommations alimentaires des français
  • augmentation générale des achats et demandes des produits bios, végétariens, vegans, et « sans » de la part des consommateurs
  • augmentation de l’offre des produits bios, végétariens, vegans, et « sans »
  • le monde du marketing a saisi l’enjeu de ces changements, et surf sur cet engouement grandissant pour le développer, le faire croître et perdurer
  • peut-être la meilleure connaissances des consommateurs des enjeux du « consommer plus sains » est l’élément déclencheur de ces changements de mentalités et comportements ; et couplée aux stratégies marketings variées, viennent à former ensemble un cercle capitaliste et (vert)ueux.
Le Monde – « Julien Phedyaeff : « Le recyclage est une vision à court terme permettant aux pays développés de se donner bonne conscience« 
  • une pensée profondément verte et durable, qui pointe du doigt le recyclage et le désigne comme une solution à court terme seulement, et répondant superficiellement aux problèmatiques environnementales
  • concevoir mieux pour consommer moins
Le Monde – « Sous cloche : le chou kale« 
  • phénomène culinaire débarqué des États-Unis (surtout New York et la Californie)
  • variété de chou oubliée remise au goût du jour pour ses propriétés nutritives exceptionnelles
  • qualifié de « super-aliment »
  • vogue sur la tendance des lifestyles « healthy« 
  • atteste de l’évidence de modes et tendances dans les comportements relatifs à la consommation (cf. l’importation en France de ce légume par l’américaine Kristen Beddard)
  • explosion de la consommation de ce légume redécouvert jusqu’à son paroxysme (l’inquiétude des américains quand à de potentielles pénuries de kale durant lété 2016)
Le Nouvel Obs – « Trier, manger bio, prendre son vélo… ce n’est pas comme ça qu’on sauvera la planète« 
  • le basculement imperceptible des situations « alarmistes » dans la normalité
  • l’exploitation économique des situations catastrophiques
  • l’illusion d’être actif
  • combattre une situation inenrayable avec des comportements utopiques et vains pour se donner bonne conscience
  • consommer bio comme témoignage de nos convictions, et son appartenance à un projet collectif
Pause CaféIn – « 15 signes pour reconnaître un bobo parisien à coup sûr« 
  • un portrait sociologique clichés sur les comportement bobos – plus spécifiquement parisiens –
  • extrêmement cliché et humoristique
  • dépeint tout de même – grossièrement – les codes d’une catégorie sociale, selon ses idéaux idéologiques, éthiques, et politiques
  • laisse avec une impression de superficialité de cette catégorie de la population
Planet – « Une nouvelle poubelle à couvercle orange bientôt dans les rues » 
Reporterre – « On accorde trop d’attention au climat par rapport aux autres questions : attention au climat par rapport aux autres questions environnementales » 
  • interview de Guillaume SAINTENY
  • pointe la multiplicité des problèmes écologiques
  • montre un déséquilibre de communication sur ces divers problèmes – la problématique du changement climatique, ou la biodiversité prévalent sur la pollution de l’air, de l’eau, des perturbateurs endocriniens…
  • la comptabilisation des effets positifs et négatifs du plan Boiteux (#joke) : une méthode de calcule incomplète (ne traite que des émissions à effet de serre, pour le plan écologique)
R.T.L. – « Notre volume de déchet baisse, c’est une véritable révolution culturelle » 
Guillaume SAINTENY – « Les médias français et l’environnementalisme » 
  • écologie et politique
  • analyse historique des corrélations entre l’importance du pouvoir effectif et du rayonnement culturel et des partis politiques écologistes, et les propos des médias tenus à leurs égards dans les anéées 1970 à 1990.
  • montre certains relais d’opinions non représentatives des intérêts des françaiS
  • montre aussi l’influence des force médiatiques de masse sur une société
The London Economic – « Forget Meat & Fish, Insects are 2017’s highest trending source of protein » 
  • cuisine d’insectes
  • l’aspect sain
  • l’aspect engagé
  • l’aspect trendy
  • David George GORDON, le « Bug Chef », le chef cuisinier de la gastronomie entophage

 

 

OUVRAGES :

  • André GORZ – L’écologie est-elle réactionnaire ?
  • Naomi KLEIN – La Stratégie du choc

 

 

LES OUTILS DE MESURE :
  • système de notation de campagnes publicitaires
  • indique lesquelles sont relative à du greenwashing et lesquels sont suceptiblement vraissemblables
  • outils pour les consommateurs, par les consommateurs
  • outils dérivé pour les industriels afin de savoir comment construire une publicitée plus finement mensongère ?

 

 

VIDÉOS :
Ford – Publicité pour le modèle Escape, « Kermit says it is easy being green« 
  • voiture hybride, mais reste tout de même un SUV
  • utilisation d’une personnalité et d’une référence populaire (Kermit chantant « It is not easy being green« 
  • dose d’humour / aspect jovial
  • ne traite d’aucun problème de fond / aucune preuve de la véritable valeur environnemental de ce produit
Vidéo de Gwyneth Paltrow cuisinant des chips de kale et une paëlla vegan pendant le late show d’Ellen : III
GirlMeetBug
  • chaîne Youtube non active à présent
  • proposant des recettes à base d’insectes
Skyfood
  • chaîne Youtube active traitant de divers phénomènes autour des insectes comestibles et de leur élevage

 

 

LES MUST FOLLOW SUR YOUTUBE :

  • chaîne YouTube d’Alys BOUCHER, jeune étudiante en cinéma, proposant un contenu relatif à la cosmétique biologique à faire soi-même, à la réduction de ses déchets, à l’adoption d’une nourriture saine, bio, végétarienne, et plus largement d’une manière de vivre raisonnée, sanitaire, simple, éthique et conjugable avec petit budget
  • https://www.youtube.com/channel/UCaPMHBjx93W7MAHUwiF1HMA

 

 

LES MUST FOLLOW SUR INSTAGRAM :

  • the whole food diary
  • 50,3K followers
  • Kezia et Jared sont un couple partageant visuellement leurs plats végétariens et équilibrés par le biais d’une imagerie devenue archétypale 
  • https://www.instagram.com/thewholefooddiary/
  • Fit Men Cook
  • 1,1M followers
  • Un compte de bonhomme où Kevin partage sa manière de cuisiner et de consommer sain, pour être bien dans son corps musclé
  • https://www.instagram.com/fitmencook/

 

 

LES MEILLEURES ADRESSES DE PARIS POUR MANGER HEALTHY :

  • Season
  • 31,2K followers
  • restaurant et bar à jus healthy, changeant sa carte et les produits cuisinés au gré des rythmes naturels des saisons
  • Rue Charles François Dupuis, 75003
  • https://www.instagram.com/seasonparis/?hl=fr
  • La guinguette d’Angèle
  • 33,4K followers
  • salon de thé et restaurant à la cuisine végétarienne bio et sans-gluten, à l’image très hippie, avec ses plats parsemés de fleurs
  • Rue Coquillère, 75001
  • Rue du Général Renault, 75011
  • https://www.instagram.com/laguinguettedangele/?hl=fr