Debrief de l’intervention au Master Pro « Innovation by design » de l’ENSCI

  Le 8 novembre dernier j’ai donné un cours d’une journée aux grands étudiants du Master Pro Innovation By Design. Le sujet – la sémiotique du design – étant assez vaste, nous avons parfois été un peu rapides sur certains points, afin d’alterner théorie, exercices collectifs et moments de discussion. 

Je vous propose donc de tenir ma promesse : proposer une définition de la sémiologie et la sémiotique (basée sur mon observation des usages actuels de ces deux mots).

La sémiologie est le plus souvent utilisée pour décrire un type de raisonnement déductif, se basant sur une grille figée de relations entre signifiants et signifiés pour analyser la signification d’un objet. Ainsi, la sémiologie médicale consiste à faire le meilleur diagnostic possible à partir de tous les signes observables.

La sémiotique a l’objectif plus ambitieux de synthétiser les approches sémiologiques particulières pour dégager les lois générales de fonctionnement des processus signifiants. Ses hypothèses doivent pouvoir être testées sur tout ce qui fait sens.

Parmi les sujets abordés, nous n’avons notamment pas eu le temps de développer la dimension haptique. Dommage, car il pourrait s’agir d’un enjeu majeur de l’innovation  par le design dans les années qui viennent. Pour rattraper cela, je vous recommande la lecture de Francis Bacon, Logique de la sensation, par G. Deleuze, qui développe une théorie originale de l’haptique que je trouve encore en avance sur les conceptions américaines en la matière. Vous pouvez également retrouver d’autres éléments bibliographiques dans un des premiers posts de ce blog.

J’ai beaucoup apprécié vos directions de recherche lors de notre atelier de l’après-midi. À partir de la contrainte créative vous demandant d’identifier des systèmes signifiants amplifiant ou réduisant nos libertés, égalités et fraternités, vous avez dégagé des scénarios de développement de certains systèmes de signes. J’en résume ici les trois orientations :

* L’émergence des sociétés numériques, qui vont concurrencer les nations et dont les systèmes de valeurs sont un enjeu global ;

* L’émergence de systèmes de valeurs d’usage, qui vont concurrencer le système quasi-mondialisé improprement nommé en français “l’argent”… Une donnée pourrait faire profondément sens : pour limiter les problématiques d’inégalité liées à l’accumulation, ces valeurs (ou “points”) pourraient avoir des durées de vie limitées et différentielles. Ces systèmes pourraient s’inspirer de nombreux exemples passés (les systèmes de fidélisation, les SEL, les tickets de rationnement, marqués négativement, mais cohérents dès lors que l’on considère les ressources comme limitées…). Cela pourrait viabiliser une forme de revenu d’existence.

* La possibilité de redynamiser le tissu social par des plates-formes d’échange intergénérationnel, chaque génération ayant actuellement des savoirs-faire très distincts, ce qui provoque, d’une part, une grande perte des savoirs-faire de la génération “papy boom”, et d’autre part, un risque d’isolement croissant tant pour les “jeunes” que pour les “vieux”.

En fin de compte, deux freins à l’innovation par le design sont apparus : d’une part, le refus par les individus comme par les groupes, d’admettre certaines vérités, qui remettraient trop en cause leurs habitudes ; d’autre part, l’utopisme, quand il oppose les systèmes au lieu de chercher à les faire évoluer.

N’hésitez pas à reprendre contact avec moi par mail, si par exemple vous souhaitez des précisions sur un concept évoqué en cours, ou si vous avez testé l’expérience synesthésique proposée par Geberit ! 

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