La question de la protection des MNA est un sujet de lutte, de controverses politiques et sociales depuis une vingtaine d’années, réunissant de très nombreuses problématiques aux niveaux de leur accueil, leur prise en charge, l’évaluation de leur minorité, la sortie de l’ASE, etc. 

Pour mieux comprendre le sujet après une phase de recherche documentaire,  nous avons contacté un ensemble de personnes concernés par la protection sociale des MNA :  les premièr•es concerné•es : Binta Ba, Souleymane D., Hervé A. et Souleymane B.,  quatre mineurs non accompagnés de Rouen.

Au niveau associatif,  Jean Francois Martini, Juriste du GISTI et de l’ADJIE, qui lutte pour les droits des MNA,  Jacqueline Madeleine, ancienne fondatrice et présidente de Welcome Rouen, dans l’hébergement Solidaire et l’accompagnement et Violaine Husson, la responsable Genre et protection de la Cimade. Au niveau institutionnel, nous avons pu contacter  Marie-Automne Thépot de la DASES, responsable de la cellule d’innovation de l’ASE DE PARIS, la DASES, et Ethel Jaloustre, éducatrice spécialisée au SEMNA de Paris.

«il faut dire à l’ASE, c’est à vous de faire, de vous adapter à ce nouveau public, de vous battre pour eux, de ne pas refourguer ce problème à l’appareil d’état»

À travers nos recherches documentaires et diverses interviews d’acteurs, nous avons fait ressortir de nombreux problèmes dans la prise en charge des MNA. 

Ces entretiens nous ont confirmé nombre de problématiques que nous avions identifiées lors de notre recherche documentaire et ont soulevé de nouvelles tensions non-identifiées. Nous avons notamment pu entendre les désaccords entre  les parties prenantes autour du sujet ainsi qu’une disparition du dialogue entre l’institution et les associatifs.

Pour effectuer une médiation, le sujet étant vaste de problématiques tant sur l’évaluation de minorité des jeunes, leur accès à l’ASE, leur accompagnement une fois à l’ASE et une fois sorti du dispositif, etc. Nous sommes partagés entre une médiation sur un point très précis avec une possibilité d’arriver à des décisions, et une médiation qui permette de penser de façon globale ce système qui rencontre une multiplicité de problèmes. Dans ce cas-ci, notre démarche de design viserait à mettre en relation et ouvrir des possibles, plutôt que de viser des prises décisions. 

Notre constat est que l’ASE est un maillon de la protection sociale qui , de part l’intérêt supérieur de l’enfant, possède une véritable force pour accueillir et accompagner tous les jeunes en situation de vulnérabilité et d’isolement. Seulement, dans le contexte de politique migratoire actuelle, les MNA ne sont pas de simples enfants aux yeux de l’État et des départements. Ils sont aussi un flux migratoire. Ainsi, les considérations pour la régulation de la population des MNA ont progressivement pris le pas sur l’effectivité de sa protection.

Nous nous demandons ainsi : comment orienter l’ASE vers une politique d’accueil et d’accompagnement inconditionnel et égal en droit des MNA dans un contexte de dévoiement del’intérêt supérieur de l’enfant à des fins de régulation et de contrôle migratoire ? Comment penser une prise en charge des MNA par l’ASE comme un nouveau public à accueillir et non-pas un flux migratoire à réguler et à limiter ?

AInsi, nous imaginons créer un atelier « MNA d’aujourd’hui et de demain », un atelier de prospective-réaliste autour de la prise en charge par l’ASE des MNA réunissant les acteurs institutionnels (innovation sociale DASES, éduc spé SEMNA + conseil départemental? + ville de Paris ?, associatifs (GISTI, CIMADE) conventionnés +CROIX ROUGE DEMIE ? et jeunes concernés (MNA DE PARIS (SEMNA + DÉBOUTÉS).

L’atelier s’attachera à la question du futur des parcours des MNA, mettant en perspective le potentiel d’accroissement de leur venue, pour mieux penser leur accueil et leur parcours présent. La prospective permettra de décaler le regard, d’éviter les contraintes techniques du présent, de réduire les passions de chaque partie prenante pour tendre à une co-construction des futurs possibles. La finalité de ce moment est de recréer du dialogue entre de parties prenantes qui ne se parlent plus, d’ouvrir le champ des possibles et peut-être, laisser une trace de ce moment, à l’usage des associations.

Cet atelier aura plusieurs objectifs :

• Recréer un dialogue entre les différentes instances concernées, refaire lien.
• Sensibiliser les acteurs sur la réalité de chaque partie prenante. 
• Créer du consensus sur les enjeux des points de tensions identifiés, en débattre pour ensuite co-construire à partir de ces bases. 
• Ouvrir les possibles d’un “mieux accueillir” commun par la prospective sur la  nécessité d’améliorer le modèle.

Pour cela, nous imaginerons un dispositif physique de visualisation des parcours des MNA, qui sera support de discussion, de débat et de co-construction tout au long de l’atelier.

Cet atelier présentera des modalités de débats et de consensus mais surtout de co-construction. L’idée étant de mettre en lumière les meilleurs possibles du point de vue de chaque partie prenante. Nous tâcherons de créer un moment pour avoir le temps d’aborder différentes questions en faisant attention au temps de débat pouvant être chronophage.

Il se tiendra à l’ENSCI ou bien dehors.  Si un atelier physique s’avère impossible, nous penserons un outil dans la même idée mais asynchrone. 

Se pose la question de la finalité de cette médiation, ses ambitions et sa trace : faut-il co-écrire une tribune ? signer des accords d’engagement ? effectuer un partage de ce moment ? Communiquer dessus?

Les ambitions sont pour  l’instant, avec notre peu de pouvoir, de créer un dialogue entre des parties prenantes qui ne se parlent plus et d’ouvrir des possibles. Une communication pourrait être effectué sur les scénari et le futurs possibles imaginés. Cette démarche pourrait se répéter avec différentes parties prenantes in fine et être un début de ressource pour l’amélioration de la prise en charge des MNA.